Egypte, le pourrissement !

Egypte, le pourrissement !

Les évènements s’accélèrent en Egypte au lendemain du deuxième discours du président Hosni Moubarak, où il affirmait son intention de rester aux commandes du pays jusqu’à la fin de son mandat, en septembre prochain.

Le chaos ayant régné hier au centre du Caire n’est que le présage de dangereux dérapages de la situation si les choses ne sont pas reprises rapidement en main.



Les manifestants, qui ont rejeté le discours présidentiel et continué à réclamer le départ du chef de l’Etat, ont été surpris, hier, par l’entrée en action des pro-Moubarak. Policiers en tenue civile ou fonctionnaires dans les administrations égyptiennes, ou tout bonnement militants du parti au pouvoir, nul n’était en mesure de définir leur appartenance.

Ce qui était, par contre, clair c’est leur objectif. Après avoir amorcé des manifestations sporadiques dans les différents quartiers du Caire, ils ont convergé vers la place Tahrir, épicentre de la révolte où étaient rassemblés les manifestants pacifiques depuis la veille. Les heurts n’ont pas tardé à suivre. Ils se sont poursuivis très tard dans la journée entre pro et anti-Moubarak. La bataille s’est déplacée près du Musée égyptien que gardaient les forces armées. Selon les médias sur place, un mort et des centaines de personnes ont été blessées lorsque partisans et opposants au chef de l’Etat se sont affrontés à coups de jets de pierres et de bâton.

Les pro-Moubarak ont chargé les manifestants réclamant son départ à la place Tahrir à cheval et à dos de chameau, avant d’être encerclés et désarçonnés. Six personnes, rapporte l’agence de presse française (AFP), ont été jetées à bas de leur monture, frappées à coups de bâton et traînées au sol le visage ensanglanté. L’heure est grave.

Des Egyptiens s’entretuent pour ou contre la survie d’un régime. La bataille s’est déroulée sous l’œil presque indifférent de l’armée égyptienne qui affirmait une fois de plus sa neutralité. L’armée ne s’est pas interposée entre les manifestants des deux bords, suscitant la suspicion sur sa réelle impartialité dans ce conflit. L’armée avait appelé, dans un communiqué lu à la télévision plus tôt, les manifestants à rentrer chez eux. Cet appel n’a pas trouvé écho chez ceux qui contestent le président Moubarak qui ont même appelé à de nouveaux rassemblements massifs pour demain, journée baptisée, désormais, le «vendredi du départ».

Sur le plan international, les réactions ne se sont pas fait attendre. Juste après le discours, le président américain Barack Obama a indiqué avoir dit à M. Moubarak qu’une transition politique pacifique et calme devait débuter «maintenant» en Egypte, s’abstenant toutefois de lui demander d’écouter les appels exigeant son départ immédiat.

Hier, c’était au tour de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton d’appeler le président égyptien à agir «le plus vite possible» pour réaliser la «transition» politique demandée par les manifestants. Londres et Madrid n’ont pas hésité à parler de «mise en place d’un gouvernement de transition», alors que Berlin et Paris exhortent Moubarak à «opérer rapidement une transition pacifique». Le secrétaire général de l’institution onusienne a, quant à lui, qualifié d’«inacceptables» les attaques contre les manifestants.

Les Etats-Unis ont exprimé, en fin de journée, leur inquiétude quant aux attaques contre les médias couvrant la crise égyptienne et ont appelé «toutes les parties à faire preuve de retenue et à éviter la violence». La réaction égyptienne à ce «lâchage» occidental du Raïs a été exprimée par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hossam Zaki.

«Ce que disent des parties étrangères sur ‘‘une période de transition commençant immédiatement’’ en Egypte est refusé», a-t-il déclaré dans un communiqué, estimant que cela «vise à enflammer la situation intérieure en Egypte». Sur le plan interne, l’opposition rejette globalement et dans le détail le contenu du discours du Président contesté. Les Frères musulmans, principale force d’opposition en Egypte, ont annoncé qu’ils refusaient que le président Hosni Moubarak reste à la tête de l’Etat jusqu’à la fin de son mandat en septembre. Le Raïs semble avoir joué toutes ses cartes. Son sort en est-il pour autant scellé ? C’est l’armée égyptienne qui en disposera

Medelci : l’Algérie «respecte» les peuples tunisiens et égyptiens

«Notre position est fondée sur le respect des peuples, mais cela ne veut pas dire que nous ne traitons pas avec les gouvernements. Au contraire, nous devons traiter avec eux car ils sont désignés par ces peuples», a indiqué hier à Alger le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, en réaction aux évènements de Tunisie et d’Egypte.

«L’Algérie tendra toujours sa main pour aider les peuples de ces deux pays», a affirmé le ministre en marge de la cérémonie de clôture de la session d’automne du Conseil de la nation. Concernant la communauté algérienne établie en Egypte, il a assuré que son département est en contact permanent avec l’ambassade d’Algérie au Caire, ajoutant que «toutes les dispositions ont été prises pour le rapatriement des Algériens désireux de rentrer au pays».