Le ministre de la Défense et commandant des forces armées égyptiennes, Abdel Fattah Al-Sissi, a annoncé mardi 11 décembre avoir convié le président Mohamed Morsi et l’opposition à une rencontre mercredi pour tenter de sortir de la crise actuelle.
Dans l’après-midi, plusieurs milliers de manifestants hostiles à la tenue samedi d’un référendum constitutionnel ont réussi à franchir sans heurts un barrage de blocs de béton et de barres de métal, installé pour protéger le complexe présidentiel à Héliopolis, dans la banlieue du Caire. Ils ont ainsi pénétré dans le périmètre de sécurité du palais du président, autour du bâtiment lui-même protégé par des murs de plus de quatre mètres de haut, des soldats et des chars. « Les gens qui se sont sacrifiés pour se débarrasser d’une dictature laïque vont se retrouver avec une dictature islamiste, et c’est pire« , lançait Miral Brinjy, une manifestante d’une vingtaine d’années.
L’armée, dont le rôle est central en Egypte, n’a pas pris position entre les deux camps dans la crise née d’un décret présidentiel conférant à M. Morsi des pouvoirs étendus, auxquels il a finalement renoncé, et d’un projet de Constitution controversé qui doit être soumis samedi à un référendum. Pour autant, l’institution n’a pas manqué de signifier sa présence ces derniers jours, se posant en garante de la stabilité.
Samedi, elle avait exigé un « dialogue » pour sortir de la crise actuelle et mis en garde contre un « désastre » qu’elle ne « laisserait pas faire« . Lundi, M. Morsi lui a rendu le pouvoir d’assurer l’ordre et d’arrêter des civils, jusqu’aux résultats du référendum. Ce droit très décrié rappelle la période où les militaires ont dirigé le pays, entre la chute de Hosni Moubarak en février 2011 et l’élection du nouveau président en juin.
Et la mise en application de ce pouvoir est quasiment immédiate, puisque de nombreuses manifestations ont été organisées mardi. Après des heures d’acharnement, plusieurs centaines de manifestants opposés au président Mohamed Morsi sont notamment parvenus dans le calme à franchir un barrage de blocs de béton et de barrières de métal érigé à proximité du palais présidentiel. Ils ont ainsi pénétré dans le périmètre de sécurité du palais présidentiel, à l’extérieur du bâtiment, lui-même protégé par des murs de plus de quatre mètres de haut, des soldats et des chars. La manifestation se poursuit toujours dans le calme.
Emmenée par le Front du salut national (FSN), l’opposition manifeste également sur la place Tahrir, haut lieu de la contestation dans le centre de la capitale. Le FSN, qui rassemble des partis et groupes de tendance majoritairement libérale et de gauche, a rejeté le référendum de samedi et le projet de Constitution qui doit être soumis au vote, estimant que le texte ouvrait la voie à une islamisation accrue de la législation et manquait de garanties pour les libertés.