Sur toutes les chaînes, sur les réseaux sociaux, des images de foule déjà en liesse avant même que l’armée ne concrétise ce qui ressemble à un coup d’Etat. A 21 heures passées, la suspension de la constitution a été annoncée, et Mohamed Morsi, issu des rangs des Frères musulmans, n’est plus le président du pays. C’est le représentant de l’opposition égyptienne Mohamed El Baradei qui doit assurer l’intérim.
Ce mercredi soir, alors qu’expirait l’ultimatum de 48H lancé au président Morsi par l’armée, l’agence de presse officielle d’Égypte, citée par Reuters a annoncé qu’après une courte période de transition, des élections présidentielles et législatives auront lieu, selon le plan validé par l’armée. L’armée a signifié à Mohamed Morsi à 19h qu’il n’était plus président.
Très habilement, l’armée égyptienne a mis en avant des « civils » et des religieux pour présenter cette « feuille de route » :
- Le représentant de l’opposition égyptienne Mohamed El Baradei ;
- le patriarche copte orthodoxe Tawadros II ;
- et le grand imam Ahmed Al-Tayeb d’Al-Azhar, principale autorité sunnite d’Egypte.
La liesse populaire, Le Caire
A 18h, heure française, le président Morsi tentait encore de sauver son poste après avoir rejeté l’ultimatum de l’armée. Selon un de ses conseillers cité par Reuters, le message de Morsi à tous les Égyptiens était de « résister au coup d’État militaire de manière pacifique, de ne surtout pas utiliser la violence. » Il serait sous le coup d’une interdiction de sortie du territoire.
« L’armée n’a pas l’intention de revenir au pouvoir »
Tewfik Aclimandos, chercheur associé à la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France et spécialiste de l’histoire de l’Egypte explique au Monde que :
« L’armée n’a pas l’intention de revenir au pouvoir car si elle le faisait, elle perdrait l’appui des Américains, un appui vital pour elle. Cela entamerait le prestige de l’institution. Elle aurait à gérer l’économie et à prendre des décisions extrêmement impopulaires, au risque de susciter à terme une jonction entre islamistes et révolutionnaires contre elle. Il n’est en revanche pas exclu qu’un candidat du sérail militaire se présente aux prochaines élections. »
Au moins 39 personnes sont mortes depuis dimanche, et selon plusieurs ONG, une centaine d’agressions sexuelles ont été commises sur, et aux abords de la place Tahrir.
Dans la soirée de mercredi, les partisans des Frères musulmans et du président Morsi étaient « contrôlés » par les militaires.