Egypte / Le chef de l’armée est candidat, Maréchal et Président ?

Egypte / Le chef de l’armée est candidat, Maréchal et Président ?

L’armée égyptienne a appelé hier, lundi, son chef, Abdel Fattah al-Sissi, architecte de la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, en juillet, à répondre à l’«appel du peuple» en se présentant à l’élection présidentielle.

Cet appel, lancé par le Conseil suprême des forces armées (CSFA) dans un communiqué lu à la télévision entre deux clips vidéo à la gloire de l’armée et de la police, a levé les dernières ambiguïtés sur les ambitions du nouvel homme fort du pays.

«La confiance populaire donnée au maréchal Sissi est un appel auquel il faut répondre», peut-on lire sur le communiqué. Ce à quoi, le maréchal répondait, selon le texte, en remerciant le commandement militaire de lui avoir donné «le droit de répondre à l’appel du devoir». Un haut gradé a indiqué à l’AFP que le maréchal Sissi allait sous quelques jours quitter ses fonctions au sein de l’armée, la Constitution interdisant à un militaire de postuler pour la magistrature suprême.

«Ensuite, il va préparer un programme» à appliquer s’il est élu, pour «unir le peuple, restaurer la sécurité et la position internationale de l’Egypte». Hier, le président Adly Mansour n’avait plus qu’à promouvoir Sissi maréchal, le plus haut grade de l’armée, un titre présenté par les experts et son entourage comme un hommage appuyé et un «au revoir» de l’armée à son héros. Aussitôt après l’annonce de l’armée, Ibrahim Mohamed, un professeur de 44 ans, a affirmé à l’AFP que «le pays a besoin d’un militaire».

Car, a-t-il dit, «en temps de guerre, il faut un gouvernement militaire». «Je comprends que les gens veuillent Sissi comme candidat. Ils ont peur pour leur sécurité et réclament un homme fort», explique Alfred Raouf, cadre du parti libéral Al-Dostour qui a soutenu l’éviction de M. Morsi. Mais, dit-il, «j’aurais préféré une élection présidentielle opposant des candidats civils pour mettre en place une démocratie civile».

Pour Karim Bitar, spécialiste du Moyen-Orient, la promotion du militaire de 59 ans au grade le plus élevé de l’armée est «une étape supplémentaire dans la construction politique et médiatique du mythe du sauveur, du héros et de l’homme providentiel». Par ailleurs, note ce directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), «d’ordinaire, cette distinction n’est octroyée qu’après une grande victoire militaire.

Ce qui signifie que l’on a considéré que la répression actuellement en cours et la -guerre contre le terrorisme- valaient un triomphe sur le champ de bataille», affirme-t-il. Dimanche, Adly Mansour, nommé président par intérim par le maréchal Sissi le 3 juillet, le jour même de la destitution de M. Morsi, marquait une première étape en annonçant que la présidentielle se tiendrait avant les législatives, et ce, dans les trois mois à venir. Ce calendrier semble taillé sur mesure pour que le maréchal, de loin l’homme le plus populaire du pays, non seulement l’emporte aisément, mais s’assure aussi une majorité au Parlement, selon les experts.

R.I./Agences

Un général de la police tué ce matin

Un général de la police, conseiller du ministre de l’Intérieur, a été tué ce matin au Caire par des inconnus qui ont ouvert le feu sur lui, ont annoncé les services de sécurité, en pleine vague d’attentats jihadistes visant les forces de l’ordre. Le général Mohamed Saïd est mort à l’hôpital de blessures à la tête et à la poitrine. Des assaillants à moto avaient tiré sur lui au moment où il sortait de son domicile dans l’ouest du Caire, ont indiqué à l’AFP des responsables des services de sécurité qui ont requis l’anonymat. Le général Saïd dirigeait le bureau technique du ministère de l’Intérieur directement rattaché à la personne du ministre, Mohamed Ibrahim, qui avait lui-même échappé le 5 septembre à un attentat au Caire revendiqué par le groupe jihadiste Ansar Beït al-Maqdess.

Nouvelle attaque dans le Sinaï

Des insurgés présumés ont fait exploser, hier soir, un gazoduc dans la péninsule égyptienne du Sinaï, troisième attaque du genre en moins d’un mois, selon des responsables de sécurité. Pour l’heure, on ne signale aucun blessé, ont indiqué les autorités, mais des témoins ont néanmoins affirmé avoir vu une grosse flamme de feu s’élever vers le ciel, là où le gazoduc, qui alimentait la Jordanie en gaz, a été attaqué par les présumés insurgés. Le 31 décembre et le 17 janvier, des insurgés avaient fait exploser un autre gazoduc dans le Sinaï, qui desservait une zone industrielle.