Egypte: l’armée en charge de la gestion du pays, polémique autour de l’étape transitoire

Egypte: l’armée en charge de la gestion du pays, polémique autour de l’étape transitoire
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L’armée égyptienne commençait samedi matin à retirer ses chars et à enlever les barricades autour de la place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte qui a fait tomber le président Hosni Moubarak et s’apprêtait à prendre en charge la gestion de l’étape de transition qui suscite une polémique entre hommes politiques et experts militaires. Dans un communiqué rendu public vendredi après l’annonce de la démission de l’ex président Hosni Moubarak, l’armée a assuré qu’elle « ne sera pas une alternative à la légitimité voulue par le peuple ».

De hauts responsables militaires, cités par des sources médiatiques, ont annoncé que le conseil suprême des forces armées a engagé des concertations avec la direction de la Cour constitutionnelle pour examiner les prochaines mesures à prendre et « la volonté de l’armée d’accompagner le contrôle de la situation d’une reforme constitutionnelle à même de satisfaire les revendications du peuple et de répondre à ses aspirations ». « La préservation des acquis de la

« révolution du 25 janvier » constitue une responsabilité partagée » entre l’armée et le peuple écrit dans son éditorial le journal indépendant « Al Misri el Yawm » ajoutant que « la prochaine étape exige outre le rétablissement du calme et de la sérénité, la poursuite de l’instauration du modèle démocratique civil revendiqué par le peuple ».

Dans le même sillage, l’association nationale pour le changement en Egypte, dirigée par l’opposant Mohamed el Baradai, a réitéré son appel à la création d’un « conseil présidentiel » assumant les pouvoirs du président de la République et regroupant trois personnalités dont un militaire, se disant convaincue que « l’armée sera à l’écoute des revendications du peuple et assumera son devoir national dans la défense de ses aspirations légitimes à la liberté, à la justice sociale et à la dignité ».

LG Algérie

De son cote, le parti « Al Wafd » a proposé une initiative visant à « garantir le retour du calme et de la sérénité au pays », consistant en neuf

points dont la dissolution immédiate du parlement, l’annonce par la commission constitutionnelle d’amendements constitutionnels et législatifs qui seront soumis à referendum au début mars prochain. Le parti « Al Wafd » appelle également à des élections législatives dans 90 jours, à la promulgation de nouvelles lois régissant l’exercice des droits politiques, le parlement et les partis politiques et à la convocation d’élections présidentielles à l’issue desquelles le président élu appellera à une assemblée constitutive chargée de l’élaboration d’une nouvelle constitution à même de garantir l’alternance au pouvoir.

Selon l’expert militaire, le général Gamal Madloum, la délégation par Moubarak des prérogatives au conseil suprême des forces armées signifie que la responsabilité incombe à ce dernier sans le vice-président Omar Souleimane. Il a ajouté que ce conseil devrait former un gouvernement civil pour assurer la transition vers l’organisation d’élections pour le transfert du pouvoir aux civils. De son côté, l’universitaire et juriste Atef El-Banna a estimé que le conseil suprême des forces armées qui est le seul à assurer cette transition pourrait former un gouvernement provisoire ou un conseil présidentiel pour une période déterminée et cela sans se référer à la constitution actuelle.

Pour sa part l’ex-chef d’état major de l’armée égyptienne, Salah Halabi, a indiqué que l’armée oeuvrait à mettre en place un conseil comptant des civils pour assurer la transition et convoquer des élections présidentielles. Une tâche qui pourrait être accomplie dans un délai de trois mois pour que l’armée puisse regagner ses casernes, a-t-il estimé. Par ailleurs, le général Abdelmounaim Katou, expert militaire, s’attend à la dissolution du parlement et du gouvernement par le conseil suprême des forces armées qu’il a appelé à une solution qui respecte les revendications et les acquis de la « révolution ».

Il a suggéré la formation d’un gouvernement de transition composé de toutes les tendances de la société égyptienne appelant à la restructuration du corps de sécurité et la révision de la loi sur les partis politiques.