Égypte : La condamnation de Moubarak à trois ans de prison annulée

Égypte : La condamnation de Moubarak à trois ans de prison annulée

hosni_moubarak.jpgL’ex-président égyptien Hosni Moubarak sera rejugé dans la seule affaire de corruption qui le maintenait en détention après l’annulation hier d’une condamnation à trois ans de prison, mais son éventuelle remise en liberté dépend d’une nouvelle décision de la justice. Hosni Moubarak est détenu depuis avril 2011, après sa démission en février à l’issue d’une révolte populaire après 30 années au pouvoir. En novembre, il avait déjà bénéficié d’un abandon, en appel, des accusations de meurtre de manifestants qui lui avaient valu la prison à vie en première instance. Mais il était resté en détention dans un hôpital militaire du Caire, dans le cadre de son procès .

Hier, la Cour de cassation a ordonné l’annulation de sa condamnation initiale en mai 2014 à trois ans de prison pour le détournement de fonds publics pour plus de 10 millions d’euros pour la rénovation de ses palais présidentiels, et ordonné un nouveau procès. L’ancien Raïs, âgé de 86 ans et à la santé précaire, n’a pas été remis en liberté « parce que la décision de la cour de Cassation n’a pas ordonné sa remise en liberté », ont annoncé la télévision et l’agence de presse d’État, citant un haut responsable du ministère de l’Intérieur. « La décision sera entre les mains du parquet général ou du nouveau tribunal qui va le rejuger », a précisé l’agence Mena.

Mais son avocat Farid al-Deeb avait assuré que Hosni Moubarak était libre, son client ayant « purgé sa peine ». « Il restera toutefois dans cet hôpital militaire car il est malade », a ajouté le défenseur. « Quelle que soit mon opinion concernant Moubarak, légalement, il doit être remis en liberté car il a purgé sa peine ou il approche de la fin et, s’il demeure détenu, ce ne peut être que le résultat de pressions politiques », a estimé l’avocat Gamal Eid, qui dirige l’ONG égyptienne Arabic Network for Human Rights Information. La plus haute juridiction égyptienne a également annulé la condamnation à quatre années de prison de ses deux fils, Alaa et Gamal Moubarak, dans la même affaire de détournements.

La population excédée

Le 30 novembre, l’Égypte avait accueilli dans l’indifférence l’abandon des accusations contre l’ex-Raïs pour son rôle dans la mort de 846 manifestants durant la révolte populaire dans la lignée des printemps arabes en janvier et février 2011. Cet abandon avait été motivé par d’obscurs « vices de procédure ». Le procureur général a fait appel de cette décision devant la Cour de cassation, laquelle doit maintenant décider d’ordonner un nouveau procès ou de confirmer l’abandon des poursuites. L’Égypte est désormais dirigée par l’ex-chef de l’armée Abdel Fattah al-Sissi, élu président après avoir destitué l’islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013 et réprimé dans le sang ses partisans .