Egypte Il a fait 14 morts, et 100 blessés (bilan provisoire), Attentat contre un siège de la police

Egypte Il a fait 14 morts, et 100 blessés (bilan provisoire), Attentat contre un siège de la police
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Au moins 14 personnes ont été tuées et une centaine d’autres blessées tôt ce mardi dans un attentat à la voiture piégée dans le nord de l’Égypte.

L’attaque terroriste s’est produite à Mansourah, chef-lieu de la province de Daqahleya, à une centaine de kilomètres au nord du Caire, dans le delta du Nil. Le véhicule avait été piégé avec plusieurs dizaines de kilogrammes d’explosifs. L’explosion avait été ressentie à une vingtaine de kilomètres à la ronde.

Des sources de sécurité ont précisé que le général Sami el-Mihi, chef de la sécurité de la province, avait été blessé tandis que deux de ses collaborateurs figuraient parmi les morts. La majorité des victimes sont des policiers, a précisé Omar al-Chaouatfy, le gouverneur de la province. Des images de la télévision ont montré d’importants dégâts et des façades endommagées d’immeubles au milieu de nombreuses ambulances. Des bulldozers s’activaient ce matin pour nettoyer le secteur ravagé. Des rues entières sont recouvertes de débris et inondées en raison de la rupture de canalisations. Un blindé de la police écrasé par l’explosion et une dizaine de voitures aux alentours avaient été endommagées ; alors qu’un immeuble voisin s’était écroulé. Barres de fer et blocs de béton y sont entassés au milieu de carcasses de voitures calcinées, aux fauteuils tachés de sang pour certaines. Dans un hôpital voisin, des médecins parcourent sans relâche une salle d’urgence au sol maculé de sang. Mostafa Hadi, un policier la tête bandée qui a réchappé à l’attentat raconte dans un filet de voix : «J’ai entendu une énorme explosion derrière moi, puis j’ai été projeté en l’air et j’ai perdu conscience». Un peu plus loin, des commerçants contemplent, hagards, leurs magasins détruits, l’intérieur totalement dévasté par le souffle de l’explosion provoquée par une charge de plusieurs dizaines de kilogrammes d’explosifs embarquée dans une voiture piégée. Près de Waël Hamdy, des dizaines de policiers se sont déployés, casqués, bottés et brandissant d’imposants boucliers transparents. Ils forment un infranchissable cordon de sécurité autour du QG de la police du chef-lieu de la province de Daqahleya. Autour d’eux, la foule continue ses imprécations vengeresses. «Le peuple, l’armée et la police, tous ensemble !», crie-t-elle. «Le peuple veut l’exécution des Frères musulmans !», entend-on encore. De nombreux résidents, excédés, s’en prenaient vertement aux Frères musulmans. «C’est une organisation terroriste internationale, ils sont responsables de ce qui s’est passé», a lancé Hamada Arafat à l’AFP, accusant la confrérie d’«adopter les tactiques d’Al-Qaîda».Cet attentat sanglant n’est pas le premier, en Égypte. En novembre dernier au moins 10 soldats ont péri dans un attentat à la voiture piégée dans le Sinaï égyptien. Au Caire, quatre policiers dont un officier ont été blessés quand des inconnus ont jeté une bombe sur un des innombrables postes de contrôle routier dont la capitale égyptienne. Le ministre de l’Intérieur égyptien a, lui-même, échappé de justesse à un attentat, il y a trois mois, au Caire. Des groupes jihadistes, dont certains liés à Al-Qaîda, revendiquent régulièrement des attentats contre la police et l’armée. Depuis début juillet, ces attaques ont tué plus d’une centaine de soldats et de policiers.

R. I. / Agences

Grève de la faim

Les Frères musulmans égyptiens ont annoncé ce matin que plus de 450 de leurs membres emprisonnés avaient entamé une grève de la faim pour dénoncer leur détention, dont plusieurs proches du président islamiste Mohamed Morsi destitué début juillet. Parmi les grévistes de la faim figurent, selon la confrérie, Khairat al-Chater, un adjoint du guide suprême de la confrérie et puissant argentier du mouvement islamiste, Essam el-Erian, un dirigeant de la confrérie, Mohamed Beltagi, un ancien parlementaire, Oussama Yassine, ancien ministre de la Jeunesse, ainsi que plusieurs conseillers présidentiels de M. Morsi. «De nombreux Frères musulmans prisonniers politiques ont été interdits de visites familiales, d’assistance juridique, de soins médicaux et (vivent dans) des cellules surpeuplées et insalubres», accuse la confrérie sur son compte Twitter. Mourad Ali, porte-parole du Parti liberté et justice (PLJ) des Frères musulmans et lui-même détenu, a indiqué à l’AFP, via un intermédiaire, qu’il était, avec les autres membres de sa confrérie, «détenu à l’isolement». A l’instar de M. Morsi, accusé de la mort de manifestants et d’«espionnage» au profit d’organisations étrangères en vue de commettre des «actes terroristes», la quasi-totalité de la direction de la confrérie fondée il y a 85 ans se trouve actuellement derrière les barreaux et fait l’objet de poursuites, en particulier pour la mort de manifestants anti-Morsi.

184 «terroristes» tués en cinq mois

L’armée égyptienne a affirmé ce matin avoir tué 184 «terroristes» depuis août dans le Nord-Sinaï où les attaques contre les forces de l’ordre sont devenues quasi-quotidiennes depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi au début de l’été. Le porte-parole de l’armée, le colonel Ahmed Aly, cité par l’agence officielle Mena, a ajouté que 203 autres avaient été blessés et 834 arrêtés. Il est impossible de vérifier ces chiffres de source indépendante, l’armée bouclant les zones où ont lieu ses opérations depuis qu’elle a lancé en juillet une opération d’envergure avec ses troupes au sol et son aviation. Procureurs et policiers accusent les Frères musulmans, dont M. Morsi est issu, d’avoir des liens avec les insurgés de la péninsule du Sinaï, ce que dément la confrérie, qui a remporté toutes les élections depuis la révolte de 2011 qui a renversé Hosni Moubarak.

Une organisation terroriste

Peu après l’attentat à la voiture piégée de ce matin, le Premier ministre égyptien Hazem Beblawi a qualifié les Frères musulmans, la confrérie du président destitué Mohamed Morsi, «organisation terroriste». «Le Premier ministre Hazem Beblawi a déclaré les Frères musulmans organisation terroriste», a indiqué son conseiller Chérif Chawqi. L’agence Mena a ensuite publié des déclarations de M. Beblawi lui-même, dans lesquelles il n’accuse cette fois plus la confrérie directement. Il y réaffirme que « le terrorisme ne parviendra pas à entraver » la transition qui doit se terminer avec la tenue d’élections législatives et présidentielle mi-2014 et que « la poursuite des meurtriers se fera selon la loi » tandis que le président par intérim Adly Mansour a promis de « frapper le terrorisme d’une main de fer ». Les Frères musulmans ont appelé à boycotter le référendum constitutionnel qui sera organisé les 14 et 15 janvier prochain par les nouvelles autorités qui ont promis une transition démocratique.