La situation devient de plus en plus tendue au fil des minutes qui passent. Les manifestants continuent à affluer sur cette place. Des camions de l’armée égyptienne arrivent en renfort sur la place où le nombre de manifestants s’accroît sensiblement. Des tanks américains modernes sont déployés pour la première fois dans les rues. Ce qui accrédite l’idée que des troupes d’élites sont en train de converger au Caire.
Une myriade d’hélicoptères survolent le Caire et la situation est « extrêmement tendue ». L’armée a exhorté les Egyptiens à respecter le couvre-feu. Selon une chaîne satellitaire arabe, l’armée a reçu l’ordre de tirer à balles réelles sur les manifestants qui brisent le couvre-feu qui sera effectif à partir de 16 heures locales. Des avions militaires survolent la place « Tahrir » où l’armée s’est déployée en masse au Caire, sans violence pour le moment. Il n’y a aucun policier. A fur et à mesure que l’heure s’approche, l’armée à travers la chaîne égyptienne lance des appels avec insistance aux citoyens les poussant à respecter le couvre-feu pour ne pas s’exposer à des représailles sévères.
Des appels qui sont restés sans échos. A 16 h, heure locale, des correspondants de presse témoignent qu’il y au moins 20.000 personnes, la foule est très compacte et chante « nous ne partirons pas tant que Moubarak ne partira pas » et « longue vie au Croissant et à la Croix ». « Il y a des juges, des journalistes indépendants, des membres des frères musulmans, des jeunes du mouvement du 6 avril, tous ensemble », précisent ces sources qui font état de divergences entre les militaires sur la conduite à tenir envers les manifestants.
Il y a ceux qui souhaitent obéir aux ordres et ceux qui préféreraient désobéir. Il y a sur la place des tanks couverts de graffitis conspuant Moubarak. Il semble également que l’armée soit plus dure à l’extérieur du Caire (en périphérie et dans les autres villes) que dans le centre ville. Les manifestants eux aussi, débattent de l’utilité de rester sur la place ou pas. Une majorité veut rester, ce qui exaspère visiblement l’armée qui selon la journaliste du « Monde’ » sur place Tahrir, l’armée a tiré à balles réelles.
Des manifestants ont été touchés. Une ambulance a pu accéder sur la place. Les personnes touchées ont été évacuées sans savoir si elles étaient blessées ou mortes. Les avions ont cessé de survoler la foule. En revanche, plusieurs hélicoptères survolent la ville à basse altitude. Entre temps et selon les images de la télévision égyptienne, citée par Reuters, Hosni Moubarak a rencontré son nouveau vice-président, Omar Souleiman, nommé hier, ainsi que le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui, le chef d’état-major Sami al Anan et d’autres commandants militaires.
D’après l’agence de presse officielle, le président égyptien est venu faire le point au siège des forces armées avec les responsables chargés des opérations de sécurité. Les Frères musulmans et d’autres mouvements d’opposition égyptiens ont chargé l’opposant Mohamed ElBaradei de « négocier » avec le régime du président Hosni Moubarak, a déclaré, hier, un dirigeant de la confrérie. Selon la BBC, une coalition de groupes d’opposition appellent Mohamed ElBaradei « à former un gouvernement de transition et à appeler à la dissolution du Parlement » .
Mohammed El Baradei pour sa part, demande à Moubarak de partir « aujourd’hui » à « quitter le pouvoir et sauver le pays » et espère entrer en contact avec l’armée. Selon AlMasry Al-Youm, le mouvement du 6 avril appelle à une grève générale à partir d’aujourd’hui dans toute l’Egypte. Ce qui s’est passé était prévisible, mais pas à cette vitesse. Un représentant des Frères musulmans Sayed badi appelle les jeunes à ne pas « lâcher » et continuer à manifester, incombant la responsabilité de ce qui se passe à Moubarak.
Une importante manifestation a également lieu à Alexandrie où le pillage devient un vrai problème. Une partie de ces pillages sont une tentative délibérée du pouvoir d’effrayer la population, indiquent certaines sources qui soulignent que ces pillards sont des criminels qui ont été relâchés des prisons et que certains d’entre eux sont des policiers.