Il ne se passe pas une semaine sans que de violents heurts soient signalés, ici et là, entre les deux communautés.
Les derniers en date remontent à hier dimanche où cinq coptes ont été blessés aux abords de l’église d’un village au sud du Caire. Les affrontements ont eu lieu alors que des villageois musulmans voulaient empêcher l’accès à l’église à des chrétiens coptes venus d’autres localités pour la messe dominicale. Le calme est revenu dans le village de Ezbet-Marco, dans le gouvernorat de Beni Suef, après l’intervention des forces de l’ordre.
Cet incident survient alors que les coptes orthodoxes s’apprêtent à désigner leur nouveau chef spirituel après le décès en mars dernier de leur patriarche, Chenouda III, dans un climat marqué par un regain d’inquiétude face à la montée des islamistes dont est issu le président Mohamed Morsi.
Des heurts surviennent fréquemment en Egypte entre Coptes – qui représentent de 6 à 10 % de la population du pays – et musulmans, en particulier dans les régions rurales, faisant parfois des morts. Le 9 du mois en cours précisément, un rassemblement de coptes était prévu au Caire en mémoire des 28 personnes tuées un an auparavant lors d’une manifestation de coptes qui avait été violemment réprimée dans le quartier de Maspero, dans le centre de la capitale.
L’Union des jeunes de Maspero, qui rassemble des militants coptes, avait ainsi appelé à défiler «pour le premier anniversaire du massacre de Maspero». «La seule demande politique en cette journée est de réclamer justice pour les martyrs et que les criminels impliqués dans ce massacre soient jugés», avait indiqué le groupe initiateur du rassemblement. Des versions divergentes ont circulé sur l’origine des violences. Plusieurs témoins ont dit à l’AFP que les manifestants avaient été visés par les tirs de soldats et que plusieurs personnes étaient mortes écrasées par des véhicules blindés. L’armée, au pouvoir à l’époque, a démenti avoir fait un usage excessif de la force, assurant qu’elle ne tirait «jamais sur les civils» et que «certains manifestants avaient des sabres et des cocktails Molotov». Les coptes s’estiment discriminés dans une société en grande majorité musulmane. Ils ont été visés par plusieurs attentats, en particulier celui du Nouvel an 2011 contre une église à Alexandrie.
En juillet dernier, de violents affrontements ont éclaté entre musulmans et chrétiens coptes dans un village proche du Caire. Des maisons d’Egyptiens coptes ont été brûlées. A l’origine de cette confrontation, une dispute entre un musulman et un blanchisseur chrétien qui avait brûlé sa chemise en la repassant.
Il convient de rappeler que lors de l’élection présidentielle égyptienne, les coptes ont exprimé leurs inquiétudes pour leur avenir si les islamistes accédaient à la tête du pays. Ils ont d’ailleurs voté en masse pour Ahmed Chafik, l’ancien ministre de Hosni Moubarak.
Le Président égyptien, le Frère musulman Mohamed Morsi, s’est, quant à lui, engagé à respecter les droits des coptes et promis d’en nommer dans son gouvernement. Les coptes sont en effet peu représentés dans les institutions politiques égyptiennes.
R. I. / AFP