Une église copte d’Alexandrie a été ciblée dans la nuit du Nouvel an par un attentat commis «probablement» par un kamikaze. Bilan de cet «acte criminel odieux qui a visé la nation, coptes et musulmans» pour reprendre l’expression de Hosni Moubarak : 21 morts et 80 blessés.
Le ministère égyptien de l’Intérieur pointe du doigt Al-Qaïda. «Au vu des méthodes dominant actuellement les activités terroristes aux niveaux mondial et régional, indiquent clairement que des éléments extérieurs ont planifié et suivi la mise en œuvre» de l’attentat, précise le ministère. La branche irakienne de la nébuleuse terroriste qui a revendiqué l’attentat du 31 octobre contre une cathédrale de Bagdad où 46 civils (dont deux prêtres) ont péri, a lancé des menaces contre les coptes, la plus grande communauté chrétienne au Moyen-Orient et ….10% des 80 millions d’Egyptiens.
C’est la première fois que les coptes qui sont régulièrement pris dans des violences à caractère interconfessionnel – le verdict des six coptes tués par des hommes armés à la sortie d’une messe en Haute-Egypte, à la veille du Noël copte, le 6 janvier 2010, est attendu le 16 janvier -, sont ciblés par un attentat-suicide et de surcroit perpétré avec une bombe qui contenait des bouts de métal «pour atteindre le plus grand nombre» de victimes. Al-Azhar, la grande institution de l’Islam sunnite basée au Caire, dénonce cet attentat qui vise, selon elle, «l’unité nationale égyptienne». Elle appelle chrétiens et musulmans au calme. Amr Moussa, le patron de la Ligue arabe, y voit lui aussi un acte visant à «porter atteinte à la sécurité de l’Egypte et à sa stabilité». Pour faire baisser la tension qui était vive hier matin au point de produire des échauffourées, Hosni Moubarak et Ahmad Nazif son Premier ministre ont été contraints de monter au créneau. Le premier pour appeler les deux confessions «à faire bloc face aux forces du terrorisme aveugle et à ceux qui veulent porter atteinte à la sécurité de la patrie, sa stabilité et l’unité de ses enfants», le second pour condamner l’«acte criminel» qui vise «tous les Egyptiens, de toutes confessions».
Cet attentat qui ajoute au malaise des coptes et met l’Egypte sur le devant de la scène internationale, pose moult questions. Entrerait-il dans une des ces stratégies ? Comme pousser les 20.000.000 de chrétiens du Moyen-Orient à un «exode» pour mettre fin au pluralisme religieux existant au Moyen-Orient et tourner définitivement le dos à un principe qui a fait ses preuves :
«La religion est à Dieu, la patrie est tous»? Susciter des tensions entre les musulmans et les chrétiens, d’autant que ces derniers, divisés en de multiples communautés et souvent en proie à un sentiment croissant d’insécurité et d’exclusion, se plaignent de discriminations ? Discréditer le dialogue des cultures et les rapprochements interreligieux ? Hier, des responsables politiques et religieux de tous bords ont dénoncé l’attentat et l’intolérance.