Egypte : 2012, une année difficile pour le parachèvement des institutions

Egypte : 2012, une année difficile pour le parachèvement des institutions
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L’année 2012 en Egypte aura été celle du parachèvement des institutions avec l’organisation d’élections parlementaires et présidentielles et la mise en place d’une nouvelle Constitution après la révolution du 25 janvier 2011 qui a renversé le régime de Hosni Moubarak.

La vie politique en Egypte a été marquée en 2012 par l’émergence du courant islamique, notamment les Frères musulmans qui ont accédé à la présidence, remporté la majorité parlementaire et réussi à mobiliser 63,8% des électeurs en faveur de la Constitution.

Le premier anniversaire de la révolution du 25 janvier a coïncidé avec la majorité remportée par les islamistes au Conseil du peuple, la levée de l’état d’urgence et la pression de la rue égyptienne sur le Conseil suprême des forces armées en vue de l’accélération du transfert du pouvoir aux civils. C’est dans ce contexte que la course à la présidentielle s’est ouverte le 10 mars. Le premier tour s’est déroulé le 23 mai et le deuxième tour le 16 juin.

L’annonce de la candidature d’Ahmed Chafiq, Premier ministre du régime déchu de Hosni Moubarak, à la présidentielle a été accueillie par d’importantes manifestations réclamant l’application de la loi d’isolement politique contre Ahmed Chafiq, son exclusion de la course à la présidentielle et l’abrogation de la déclaration constitutionnelle qui met les décisions de la commission électorale à l’abri de tout recours.

Les manifestants ont également réclamé le transfert du pouvoir à un conseil présidentiel civil chargé de la gestion de la période transitoire. De violents heurts entre les éléments de l’armée, des manifestants du courant salafiste et des membres des forces révolutionnaires ont éclaté près du ministère de la Défense, dans le quartier d’Abbassiya, faisant des morts et des blessés.

Les forces civiles n’ayant pas réussi à s’entendre sur un candidat unique lors du premier tour de l’élection présidentielle et devant le boycott de plus de 27 millions d’Egyptiens sur 51 millions d’électeurs, le deuxième tour s’est joué entre les candidats Mohamed Morsi et Ahmed Chafiq avec un léger avantage pour Morsi.

Avant l’annonce des résultats de l’élection, le Conseil suprême des forces armées a décidé le 16 juin de dissoudre le Conseil du peuple en application d’un arrêt rendu par la Haute cour constitutionnelle et promulgué une déclaration constitutionnelle retirant plusieurs prérogatives au président élu.

Des décisions visant, selon le Conseil suprême des forces armées, à dissiper les craintes aux niveaux interne et externe quant à la mainmise des islamistes sur le pouvoir.

Lors de son accession officielle au pouvoir le 30 juin dernier, les premières décisions de Mohamed Morsi avaient pour objectif d’annuler les décisions du conseil suprême des forces armées (CSFA), dont le décret du 8 juillet portant annulation de la dissolution du conseil du peuple -qui a été abrogé le lendemain- et la décision du 12 août portant la mise à la retraite du maréchal Hussein Tantaoui, chef du CSFA et le général Sami Anane, chef d’état major des armées.

Le président Morsi avait abrogé la déclaration constitutionnelle complémentaire et avait promulgué une nouvelle déclaration qui lui donnait les pleins pouvoirs.

Il avait également démis le chef des renseignements, et traduit le général Ahmed Chafik, ancien candidat à la présidence de la République, devant le tribunal pénal pour corruption.

Concernant l’élaboration de la constitution, la deuxième assemblée constituante, formée le 12 juin, a également fait face au rejet du projet de constitution qu’elle proposait, à l’instar de la première assemblée qui a été dissoute suite à une décision de justice.

Par crainte de l’échec de la deuxième assemblée constituante, le président Morsi a promulgué le 22 novembre une déclaration constitutionnelle qui immunise cette assemblée et le conseil consultatif de toute dissolution, et préserve toutes les décisions, les lois et les déclarations constitutionnelles de tout recours ou opposition.

Le président Morsi a également nommé un nouveau procureur général en remplacement de l’ancien, une décision jugée arbitraire par l’opposition, tandis que les instances judicaires l’ont qualifiée de tentative pour réduire l’indépendance de l’autorité judiciaire.

Toutes ces décisions ont mené à la division de la scène politique égyptienne entre islamistes pro-Morsi et forces de l’opposition qui organisé des manifestations de protestations et des contre-manifestations.

L’opposition avait organisé des sit-in à la place Tahrir et devant le Palais présidentiel pour appeler à l’annulation de la déclaration constitutionnelle et la formation d’une nouvelle assemblée constituante, scandant des slogans appelant pour la première fois au départ du président élu. Plusieurs confrontations ont eu lieu entre pro-Morsi et opposants, dont celle du 5 décembre devant le palais présidentiel faisant 10 morts et une dizaine de blessés, sur font de mises en garde nationales et internationale contre les risques d’une guerre civile.

Avant que le président Morsi ne revienne sur ces décisions, la constitution a été finalisée et proposée au referendum les 15 et 22 décembre, obtenant 63,8% de oui contre 36,2 de non, contesté par le Front du salut national (FSN) qui regroupe les principaux partis de l’opposition, la qualifiant de « constitution non consensuelle ». Le FSN a fait valoir que « plusieurs dépassements » ont été enregistrés lors de ce referendum, tout en affirmant qu’il poursuivait sa lutte pacifique pour son annulation.

Dans le cadre de la réactivation de la nouvelle constitution, le conseil consultatif (chambre haute du parlement) a tenu sa première réunion le 26 décembre, avec la participation de tous ses membres dont les 90 membres nouvellement désignés, en vue d’assumer le pouvoir législatif, conformément aux dispositions de la nouvelle constitution.

Parmi les lois urgentes à examiner par le conseil, il y a lieu de citer le projet de loi relatif à l’élection des membres de la chambre des représentants qui englobe une série de propositions présentées par les principales forces politiques égyptiennes lors des séances du dialogue national.