«Le problème de l’attaque est d’ordre tactique» > «Je n’avais aucun repère avec Ziaya» > «Le changement du staff technique est venu au bon moment»
Depuis la rencontre face à la Tanzanie et malgré sa forme éblouissante au cours de ces derniers jours, Rafik Djebbour a préféré rester discret puisqu’il s’est abstenu de faire la moindre déclaration dans la presse algérienne.
Hier, et comme à son habitude, l’attaquant de l’AEK Athènes a choisi nos colonnes pour s’exprimer sans langue de bois et en toute franchise à la fois sur le secret de sa forme actuelle, les raisons de l’inefficacité des Verts lors de leurs six derniers matches et bien évidemment la récente nomination de Abdelhak Benchikha à la tête de l’équipe nationale. Entretien
– Quatre buts en cinq matches avec votre équipe, c’est presque du 100% pour vous en ce début de saison, c’est quoi le secret?
– Avant tout, il faut savoir que je suis un avant-centre, et en ce début de saison je fais juste preuve de régularité. Mon objectif était de revaloriser mon statut de buteur qui était le mien et Dieu merci j’ai eu beaucoup de réussite au cours de ces dernières semaines. Je dirais aussi que je reçois des ballons très importants que j’arrive à concrétiser et tout ça fait que j’ai pu marquer jusque-là quatre buts en cinq rencontres…
– Mais on a constaté que vous ne faisiez pas qu’attendre les bons ballons puisque vous provoquez, en témoigne votre but de jeudi dernier en Europa Ligue ?
– D’abord il y a le fait que cette saison j’ai effectué une excellente préparation et je tenais à tout prix à donner le meilleur de moi-même et montrer ce que je vaux vraiment. Je me sens aussi en pleine confiance, et quand la confiance est là vous tentez des choses qui il y a quelques mois je ne faisais pas.
La réussite suit et c’est tant mieux pour moi. Aussi les objectifs assignés par le club cette saison me motivent beaucoup car on ne va pas terminer la saison bredouilles comme ce fut le cas l’année dernière…
– Justement quels sont les objectifs du club cette saison ?
– Et bien c’est tout simple, on vise le titre de champion. Cela ne veut pas dire qu’on ne jouait pas pour gagner les saisons précédentes, mais cette saison nous avons vraiment les moyens et un groupe pour réussir quelque chose.
Le championnat n’est pas le seul titre qu’on veut. On a aussi à cœur de faire un bon parcours en Europa Ligue en allant le plus loin possible. En fait cette saison on veut un trophée, et pour moi c’est hyper important d’atteindre cet objectif.
– Cette saison vous jouez comme avant-centre de pointe dans un système de jeu 4-2-3-1, ce ne fut pas le cas la saison dernière ?
– Tout à fait. Cette saison je joue dans mon poste de prédilection, à savoir en pointe de l’attaque alors que l’année passée je jouais presque comme un 9 et ½, et j’avais donc plus pour mission de donner la dernière passe. Alors que là je suis le finisseur et c’est le rôle qui me convient le plus car je me sens super à l’aise dans ce poste.
– Cette confiance n’était-elle pas due aussi au discours du votre coach qui, après les brouilles de la saison passée vous a dit qu’il faudra
tout effacer et redémarrer à zéro ?
– C’est clair que le discours de mon coach m’a fait beaucoup de bien. Lui et moi avons eu une discussion très franche. Il a su trouver les mots justes pour me motiver…
– Et quels ont été ses mots ?
– Et bien il m’a d’abord dit que j’avais un grand rôle sur le terrain et en dehors pour justement atteindre les objectifs du club. Il m’a fait savoir aussi que j’avais un rôle de leader à l’AEK Athènes et que je devais retrouver ma verve de gagneur.
En fait, il m’a tout simplement dit qu’il voulait retrouver le vrai Djebbour qui d’après lui renferme toutes ces qualités.
– Après que vous eutes raté le penalty jeudi, vous avez déclaré juste après le match, que c’est ça Rafik il peut être très bon mais aussi mauvais de temps à autre, un commentaire ?
– C’est vrai que j’ai dis ça. Mais je tiens aussi à préciser que lorsqu’il s’agit d’un penalty raté il y a deux cas de figures : Soit le penalty a été mal tiré, soit c’est le gardien qu’il l’a sorti et dans mon cas, je pense que c’est plus le gardien de Hajduk qu’il l’a sauvé. Mais bon il est vrai que lorsqu’on a des occasions comme ça pour scorer il faut à tout prix concrétiser.
– Vous vous êtes mis d’accord avec votre président pour prolonger votre contrat jusqu’en 2013, mais vous n’avez toujours pas signé, pourquoi ?
– Il est vrai que j’ai eu une discussion avec le président de l’AEK au cours de ces dernières semaines durant lesquelles nous nous sommes mis d’accord sur ma prolongation de contrat, et ce, jusqu’en 2013. Nous avons abordé les grandes lignes et les bases de mon nouveau contrat.
Mais il reste encore quelques détails à régler et c’est pour cette raison que je n’ai pas encore apposé ma signature, mais ça ce n’est pas un problème…
– Vous dites qu’il reste encore des détails à régler, dans le cas où vous ne trouveriez pas d’accord, pourriez-vous changer d’avis ?
– D’abord je pense que les dirigeants de l’AEK ont à cœur de prolonger mon contrat jusqu’en 2013. Les dirigeants du club se sont jusque-là montrés très corrects avec moi et je suis certain qu’on trouvera un accord par rapport aux petits détails que nous n’avons pas encore réglés.
En plus, aussi bien moi que mes dirigeants, nous sommes tous les deux ouverts à toutes les propositions et ce sera loin d’être un langage de sourds, bien au contraire. En tous cas je ne me fais aucun souci là-dessus et je suis certain que le président respectera ses engagements déjà pris à mon égard.
– On a constaté qu’à chaque fois que vous vous exprimez, notamment sur votre blog, vous rendez hommage aux supporters de l’AEK, on sent vraiment qu’une vraie relation d’amour vous lie à ce public ?
– Comme tout le monde le sait, la saison passée j’ai traversé des moments très difficiles, notamment en début de saison. Mais lorsque vous recevez des lettres de soutien et d’encouragement à la maison, au siège du club et via Internet de la part des supporters et qu’on vous arrête même dans la rue, vous ne pouvez qu’aimer ces supporters et être redevables envers eux.
C’est pour cette raison donc que je n’oublie jamais de dédier mes buts aux fans qui nous apportent vraiment beaucoup, que ce soit sur le terrain ou en dehors.
– Récemment en championnat, et contrairement à vos habitudes, vous avez célébré votre but, pourquoi donc ?
– Vous savez, ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de jouer dans le stade olympique d’Athènes devant nos supporters. Il est vrai qu’à chaque fois que je marque je suis heureux et joyeux, mais lorsque c’est dans ce stade et face à nos fans, je le suis encore plus, et c’est pour cette raison que j’ai tenu à célébrer ce but avec notre public.
– A présent quel est votre objectif ?
– Et bien je dois être encore plus agressif et je veux marquer encore et encore. C’est vraiment ce que je veux, surtout lorsque j’entends le public scander mon nom dans les tribunes.
– Avez-vous un chiffre en tête que vous voulez atteindre ?
– Franchement non, je n’ai pas de chiffre en tête, mais je veux marquer et me faire plaisir, que ce soit en Grèce ou en Algérie afin de revaloriser mon statut de buteur.
– Vous évoquez l’équipe nationale, vous êtes très efficace avec l’AEK, pensez-vous l’être aussi en sélection ?
– Franchement, l’équipe nationale et l’AEK ça n’a rien à voir, pourtant en Afrique il y a beaucoup plus d’espaces devant qu’en Grèce ou en Europa Ligue
. Normalement on devrait marquer encore plus de buts en équipe nationale et faire preuve de plus d’opportunisme, mais malheureusement ce n’est pas le cas et on doit absolument trouver un remède à ça, avec notamment un équilibre en attaque.
– Justement le nouveau sélectionneur Benchikha a fait savoir que sa première urgence sera de trouver des solutions pour l’attaque, cela vous rassure certainement ?
– Bien sûr qu’en tant qu’attaquant cela me rassure beaucoup. Je suis certain que M. Benchikha va trouver le schéma tactique adéquat afin de solutionner ce problème d’inefficacité en attaque.
Je pense que nous, les joueurs, avons montré au sein de nos différents clubs que nous avons les qualités pour marquer. Maintenant sans blâmer ni les joueurs du milieu ni les attaquants, il est impératif de trouver les schémas tactiques de référence et de les travailler à l’entraînement. D’ailleurs permettez-moi de préciser une chose…
– Oui allez y…
– Après le match de la Tanzanie, je me suis un peu embrouillé avec la presse sur place car les journalistes n’ont pas saisi mes dires. Quand on m’a parlé de Ziaya, un exemple comme un autre, j’ai expliqué une chose. J’ai dit que tactiquement je ne me suis pas retrouvé avec lui et cela pour la simple raison que je n’ai jamais travaillé avec lui à l’entraînement.
Il est vrai que nous ne nous retrouvons pas pour de longs stages, mais le peu de temps que durent les regroupements, il est impératif de travailler l’aspect tactique et la mise en place des joueurs, notamment devant. Ziaya ne regarde pas mes matchs en Grèce et je ne regarde pas les siens non plus en Arabie Saoudite.
Karim Matmour a, lui aussi, un autre profil, et si on ne fait pas de répétitions tactiques lors des entraînements et qu’on ne se retrouve ensemble que durant les matchs, c’est impossible que ça marche, et c’est ce que j’ai tenté d’expliquer à propos de mon duo avec Ziaya.
– Donc pour vous le problème d’inefficacité réside dans le schéma tactique ?
– Oui bien sûr. Vous avez bien vu que même un grand joueur comme Ibrahimovic n’avait pas trouvé ses repères au FC Barcelone à cause du schéma tactique. Il ne faut pas oublier que sur le plan mondial, nous sommes une équipe moyenne et c’est pour cette raison qu’on doit absolument travailler cet aspect
. Personnellement je trouve que ce renouvellement au niveau de la barre technique arrive au bon moment, car même si je ne connais pas M. Benchikha, je suis certain qu’il apportera un peu de fraîcheur au sein de l’équipe. En gros, je dirais que je suis confiant, en estimant que ce changement ramènera du positif.
– La prochaine sortie des Verts sera en République centreafricaine où le taux d’humidité est trop élevé, c’est pour dire que ça ne sera pas facile ?
Il ne faut pas d’ores et déjà trouver des excuses quand à un éventuel échec lors de notre prochain match. La réalité est là on ne va pas non plus jouer contre un grosse cylindrée, donc c’est à nous de bien nous placer tactiquement avec des joueurs qui seront prêts pour ce rendez-vous. En ce qui me concerne je demeure optimiste sachant qu’on n’a pas d’autres choix que de gagner ce match.
– Un des cadres de l’équipe, en l’occurrence Karim Ziani, sera absent pour cause de blessure qui l’éloignera longtemps des terrains…
– D’abord je suis très triste pour Karim qui est à la fois un ami et un frère, mais que voulez-vous c’est le foot. Il faudra qu’il fasse preuve de courage pour relever la tête et revenir en force à la compétition. Nous, on devra faire avec en le soutenant durant cette période difficile.
– Demain (ndlr : entretien réalisé hier) vous retrouvez la compétition en accueillant l’équipe d’Asteras Tripolis, il faudra confirmer après vos deux dernières victoires ?
– Vous savez l’AEK me fait rappeler bizarrement l’Algérie. Quand on gagne tout va bien mais il suffit qu’on fasse un match nul pour qu’on parle de crise, mais il faut faire avec. Donc il est clair que demain, surtout que nous évoluons à domicile, il faudra absolument gagner.
