Les quantités de pain que les Algériens jettent pendant ce mois ont fait sortir même les agents d’entretien de leurs gonds.
On ne le consomme pas beaucoup pendant le mois sacré, mais on l’achète quand même en grandes quantités. Vous aurez certainement compris de quoi il s’agit: le pain. En se comportant ainsi, l’Algérien vient de confirmer le préjugement selon lequel il est le plus grand consommateur de pain dans le monde.
L’acheter avec de grandes quantités pour le consommer est normal, mais l’acheter pour le jeter dans les poubelles, de surcroît durant le mois sacré, là ça devient problématique. De nombreuses questions s’imposent en fait. L’Algérien est-il incapable de se contrôler et acheter uniquement la quantité dont il a besoin? L’Algérien est-il à ce point têtu ne voulant pas entendre la voix de la raison l’appelant à ne pas gaspiller cet aliment à chaque mois du Ramadahan? Malheureusement, les réponses sont affirmatives, car les faits sont là. L’Algérien fait encore la queue devant les boulangeries à chaque occasion du mois sacré pour repartir avec des sachets pleins. L’Algérien fait toujours déborder à l’occasion de ce mois les poubelles de pain. Les quantités de pain que les Algériens jettent pendant ce mois ont fait sortir même les agents d’entretien – les éboueurs – de leurs gonds et leur silence cathédral. «Nous n’en pouvons plus. Ayez un peu de pitié pour nous! Nous ne sommes pas des robots!», nous ne cessons pas de les entendre crier chaque mois du Ramadhan.
Dans la wilaya d’Alger, les éboueurs ont même menacé de débrayer à plusieurs reprises pour attirer l’attention des ménages. Le ministère du Commerce et les associations activant dans le domaine de la protection du consommateur sont aussi fatigués de relancer à la veille du début de chaque mois de Ramadhan les mêmes campagnes et appels quant à la consommation rationnelle de façon générale et celle du pain en particulier. Statistiques à l’appui, l’Union générale des commerçants et des artisans algériens(Ugca), parlent de 120 millions de baguettes de pain qui partent dans les poubelles durant ce mois. Le pain selon l’étude qu’a menée l’Ugca en 2015, arrive en tête des produits alimentaires gaspillés pendant le mois sacré. Ce qui veut dire autrement que le gaspillage du pain explique à lui seul la valeur du gaspillage alimentaire estimé à 500 milliards de centimes durant le mois de Ramadhan. Les chiffres effarants de l’Ugca, ont poussé beaucoup d’experts à interpeller l’Etat à l’effet de revoir la subvention de ce produit. Elle est la principale raison de ce gaspillage, souligne-t-on.
Le prix d’un pain coûterait le double de son prix actuel, si la farine n’était pas subventionnée par l’Etat, arguent-ils. Pour ne pas se montrer méchants et hostiles envers les citoyens, les experts ont demandé à l’Etat de revoir les catégories des personnes devant bénéficier des subventions. Le directeur exécutif de la Fédération algérienne des consommateurs algériens Mohamed Toumi a appelé l’Etat à revoir en urgence le mode des subventions. «C’est la subvention des produits alimentaires qui est à l’origine du mal du marché en Algérie.
C’est cette subvention qui crée la spéculation, la perturbation dans l’approvisionnement et les pénuries», a-t-il expliqué récemment en parlant de la tension que connaissent certaines wilayas en ce moment concernant le lait en sachet. Pour Mohamed Toumi, la procédure permettant à l’Etat de cibler les catégories méritant la subvention est simple. «C’est très simple, la carte de méritant du bénéficiaire des subventions sera délivrée par les services sociaux de chaque APC sur présentation de la fiche du paye de chaque personne», a-t-il préconisé, en affirmant que ce sont les riches qui gaspillent le plus. Le constat de Toumi, a été confirmé aussi par l’étude de l’Ugca qui a constaté en effectuant son étude que les grandes quantités de déchets alimentaires sont issues des quartiers huppés. Il est utile de noter enfin, que les expériences ont montré que l’Algérien dépense rationnellement quand les prix augmentent.
Cela a été déjà vérifié quand l’Etat a revu les prix du carburant, de l’eau, de l’électricité… etc.