Effacement des dettes des agriculteurs : La BADR accusée de faire du « commerce »

Effacement des dettes des agriculteurs : La BADR accusée de faire du « commerce »

L’opération d’effacement des dettes, un dossier clos comme le soutient le ministre de l’Agriculture ? Rien n’est moins sûr. L’Union des agriculteurs algériens libres ( UAAL ) a dénoncé mercredi 23 février l’exclusion de plusieurs milliers d’agriculteurs de cette opération.

« L’opération ne s’est pas concrétisée sur le terrain et la Banque algérienne de développement agricole (BADR) s’emploie à nous poursuivre en justice afin de recouvrer ses dettes ou d’hypothéquer nos biens », écrit l’UAAL dans une lettre adressée au président de la République.

Les agriculteurs qui se disent exclus affirment ne pas pouvoir s’acquitter des réclamations de la BADR. « Les intérêts sur les crédits accordés se sont accumulés, dépassant même le montant des crédits contractés. La BADR cherche à faire des bénéfices sur le dos des agriculteurs à travers l’exploitation des montants destinés à l’effacement des dettes. La valeur des biens que cette banque tente d’hypothéquer s’est multipliée par dix depuis 2000 », ajoute l’UAAL.

La BADR est accusée de ne pas avoir appliqué stricto sensu la promesse présidentielle, annoncée depuis plus de 21 mois. « C’est devenu une opération purement commerciale. La BADR n’a pas le droit d’agir de la sorte », a fustigé Gaid Salah, secrétaire général de cette organisation professionnelle lors d’une conférence de presse à Alger.

Ce dernier s’en est pris également au député du Front de libération nationale ( FLN), Mohamed Alioui, président de l’Union nationale des paysans algériens ( UNPA ), l’accusant d’interférences dans le dossier.

Du coup, les agriculteurs affiliés à l’UAAL appellent le résident Bouteflika à tenir ses promesses. « L’effacement des dettes doit toucher tous les agriculteurs, disposant d’un carte professionnelle délivrée par les services du ministère de l’Agriculture ainsi que les jeunes ayant bénéficié de crédits pour des projets agricoles dans le cadre des dispositifs de l’emploi de jeune », réclame Gaid Salah pour qui le ministère de l’Agriculture doit assumer ses responsabilités dans l’inapplication de la mesure présidentielle.

En 2009, le président Bouteflika, en campagne électorale pour un troisième mandat, s’était engagé depuis la ville de Biskra, dans le sud d’Algérie, à effacer la totalité des dettes et ordonné aux banques de cesser les opérations de recouvrement.

Octobre 2010, Rachid Benaissa, ministre de l’Agriculture, pour qui le dossier est clos, a estimé que l’opération a déjà permis d’effacer près 37 milliards de DA sur les 41 milliards représentant le montant global de la dette. Plus de 77 000 agriculteurs en étaient concernés.

Visiblement, le ministre ne dit pas toute la vérité.