Effacement des dettes d’agriculteurs algériens : Le ministre dit « Non ! »

Effacement des dettes d’agriculteurs algériens : Le ministre dit « Non ! »

C’est NON ! Rachid Benaissa, ministre de l’Agriculture et du Développement rurale, entend ne plus parler de l’opération d’effacement des dettes, sujette à caution. Les dettes des propriétaires des huileries, des chambres froides et des unités avicoles ne seront pas effacés, a répliqué dimanche 27 février le ministre de tutelle au cours d’une conférence de presse organisée au siège de son ministère à Alger.

« Les propriétaires des unités de transformation nous ont sollicité pour effacer leurs dettes. Nous avons refusé », a dit le ministre en réponse à une question sur l’exclusion de milliers d’agriculteurs de ladite opération.

Pour étayer ses propos, le ministre a estimé que ces agriculteurs, en plus d’un crédit bancaire, avaient déjà bénéficié du soutien de l’Etat pour leurs investissements. Entre 2 millions et 4 millions dinars. « Et maintenant, vous voulez qu’on leur efface le reste ? On ne va pas le faire car c’est injuste », ajoute-t-il.

Le président Bouteflika avait défini les critères d’éligibilité à l’effacement avant même d’annoncer la mesure en question, rappelle-t-il. « Ils (transformateurs, Ndlr) croyaient que les critères ne seraient pas définis au préalable. Ils pensaient qu’on allait effacer à tous le monde», souligne le ministre, comme pour dire que ces « personnes » se trompaient de cause.

L’opération a déjà permis d’effacer près 37 milliards de DA sur les 41 milliards représentant le montant global de la dette. Plus de 77 000 agriculteurs en étaient concerné, d’après le ministre.

A défaut d’épurer leurs dettes, Banaissa leur a proposé une solution de rechange. « Nous avons saisi et instruit la BADR et la CNMA afin d’effacer les pénalités de retard pour non remboursement des crédits octroyés. La Badr a contacté ces gens pour leur proposer un plan de rééchelonnement de leurs dettes », précise l’orateur.

Autre offre : l’intégration de ces investisseurs dans les différents dispositifs d’aide et d’accompagnement mis en place par l’Etat.

Interpellé par ailleurs sur le sort des jeunes ayant bénéficié depuis 2000 de matériels agricoles dans le cadre des dispositifs de l’emploi de jeunes, le ministre a eu la même réponse. « Ces jeunes ont bénéficié d’un crédit leasing auprès de la CNMA. On leur a dit de rendre le matériel qu’ils avaient acquis. Certains ne voulaient pas. Je rappelle que la matériel est financé à hauteur de 50 % par l’Etat », indique Benaissa.

Incapable d’honorer leurs dettes, quelques 2 800 jeunes sur un total de 3000 ont accepté de rendre leurs équipements agricoles, selon lui.

Mercredi 23 février, l’Union des agriculteurs algériens libres ( UAAL ) a dénoncé l’exclusion de plusieurs milliers d’agriculteurs. « L’opération ne s’est pas concrétisée sur le terrain et la Banque algérienne de développement agricole (BADR) s’emploie à nous poursuivre en justice afin de recouvrer ses dettes ou d’hypothéquer nos biens », écrit l’UAAL dans une lettre adressée au président de la République.

Les agriculteurs qui se disent écartés affirment ne pas pouvoir s’acquitter des réclamations de la BADR, accusée de ne pas avoir appliqué stricto sensu la promesse présidentielle, annoncée depuis plus de 21 mois.

Du coup, les agriculteurs affiliés à l’UAAL appellent le président Bouteflika à tenir ses promesses. « L’effacement des dettes doit toucher tous les agriculteurs, disposant d’une carte professionnelle délivrée par les services du ministère de l’Agriculture ainsi que les jeunes ayant bénéficié de crédits pour des projets agricoles dans le cadre des dispositifs de l’emploi de jeune », réclamait Gaid Salah.

En 2009, le président Bouteflika, en campagne électorale pour un troisième mandat, s’était engagé depuis la ville de Biskra, dans le sud d’Algérie, à effacer la totalité des dettes et ordonné aux banques de cesser les opérations de recouvrement.