Education, université, santé, emploi, transport, logement… Le front social en ébullition

Education, université, santé, emploi, transport, logement… Le front social en ébullition
education-universite-sante-emploi-transport-logement-le-front-social-en-ebullition.jpg

Deux ans après la grogne sociale dans les rues algériennes ainsi que l’annonce des réformes par le chef de l’Etat, le vent de la colère ne faiblit pas. La contestation fait de l’ombre au travail dans plusieurs secteurs et le changement se fait toujours attendre. En 2011, l’année du déclenchement des rassemblements et mouvements de contestations diverses, la capitale particulièrement a été le théâtre de centaines de manifestations observées pratiquement par la quasi-totalité des corporations.

En 2013, cette fronde a pris une telle ampleur au point de toucher les régions les plus lointaines et les populations les plus calmes. Le vent de la colère qui gagne cette année le Grand Sud, confirme et témoigne, en fait, d’un mal-être généralisé aux quatre coins du pays et surtout de la légèreté des mesures engagées par les autorités publiques pour «répondre» aux préoccupations exprimées par les citoyens et les travailleurs. Deux ans sont déjà passés dans une Algérie qui a échappé aux scénarios des printemps arabes mais où les réformes et les promesses d’amélioration n’ont été que de la poudre aux yeux.

Il suffit d’un coup d’oeil pour voir les mouvements de grèves qui paralysent régulièrement les secteurs. Au lieu de travailler, de s’investir dans l’éducation, la santé ainsi que dans le service des citoyens et de l’économie du pays, les travailleurs – comme les chômeurs, d’ailleurs – s’investissent d’abord dans la défense des droits qu’ils n’ont pas encore obtenu tout en oubliant leur responsabilité professionnelle. Il s’agit, en effet, d’un contestation sociale qui s’inscrit dans la durée et qui, surtout, met tout le pays au ralenti.

Pour preuve, plusieurs secteurs sont touchés actuellement par des mouvements de grèves tandis que d’autres menacent d’accentuer le ton prochainement. A commencer par les travailleurs de la Fonction publique du Sud, des Hauts-Plateaux et des Aurès qui achèvent aujourd’hui leur deuxième semaine de grève cyclique enclenchée pour interpeller la tutelle sur sa grande tergiversation à réviser la prime de zone pour qu’elle soit calculée sur la base du nouveau salaire. La part du lion des mouvements demeure, comme le veut la tradition, dans le secteur de l’Education.

Ce dernier a vu l’organisation de plus d’une grève en l’espace d’une semaine. Les intendants, les corps communs et les ouvriers professionnels de l’Education ainsi que tous les travailleurs du secteur de la région Sud ont observé des débrayages au cours de cette semaine. Le statut particulier, la prime de zone, le logement de fonction, la médecine du travail sont autant de dossiers qui sont en attente de réponse de la part de la tutelle. Outre la crise de l’emploi et du logement qui a été soulevée au cours de ce même mois, des manifestations et rassemblements dans plusieurs wilayas au Sud comme comme au Nord ce sont aussi les recrutés du pré emploi qui rejettent la politique de l’emploi ainsi que les dispositifs mis en place dans le cadre de la lutte anti-chômage.

Outre les médecins qui ont annoncé une grève de trois jours à partir du 22 du mois en cours pour insister sur la satisfaction de leur cahier revendicatif et aussi les enseignants du Supérieur qui reviennent à la charge avec un autre débrayage de trois jours qui sera observé à partir du 21 avril. Le Transport n’est pas en reste, les travailleurs du tramway d’Alger poursuivent leur mouvement de grève entamé dimanche. Ils réclament entre autres «le départ du staff dirigeant représentant la société d’exploitation des tramways (Setram). Il faudra combien de «départs» pour que les choses puissent enfin bien démarrer ? La question demeure posée.

Y.A.

Plusieurs travailleurs de l’Education interpellés: Le sit-in du SNTE empêché par la police

Le sit-in du Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE), prévu hier devant le ministère de l’Education, a été empêché par les forces de l’ordre. La police a barricadé les accès au ministère de l’Education nationale. Le secrétaire général du SNTE Abdelkrim Boudjenah, a affirmé que «les forces de l’ordre ont arrêté environ 400 travailleurs, dont la majorité a été relâchée. Il y a même un travailleur qui est gravement blessé. Il a été transféré à l’hôpital de Kouba, après avoir ététabassé par la police» et d’ajouter que «les autres protestataires ont été emmenés dans des bus de l’Etusa au commissariat et ont été traités avec violence par les forces de l’ordre». Selon un communiqué rendu public hier, le taux de suivi de la grève a atteint 85%, à l’échelle nationale.

Le taux le plus élevé a été enregistré dans la wilaya de Djelfa, à 97,58%. Le SNTE avait décidé de tenir un rassemblement devant le siège du ministère pour demander la régularisation des situations professionnelles des enseignants du fondamental. Ces derniers se plaignent de l’exclusion du bénéfice de la loi 12-240 qui fixe le statut de professeur du primaire et du fondamental. Quelque 60 000 enseignants sont dans cette situation. La police, déployée en nombre devant le siège du ministère de l’Education nationale, a empêché les syndicalistes du corps de l’Education de s’approcher de la tutelle. Pour rappel, parmi les revendications du SNTE il s’agit de : la mise en application effective des textes réglementaires relatifs à la fonction des directeurs adjoints des établissements primaires, des conseilersprésidents au niveau des établissements moyens et des directeurs des études au niveau des lycées.

L’on dénote que certains directeurs d’établissements sont classés à un même échelon que certains professeurs sous leur supervision, ce qui ne semble pas plaire aux membres du SNTE, qui dénoncent fermement en qualifiant cette situation d’«injuste». Ils demandent ainsi le «reclassement» de ces corps ou, à défaut, leur octroyer une prime de responsabilité et d’encadrement des examens officiels, et faire en sorte de recruter des adjoints d’éducation dans les établissements primaires. Figurent aussi parmi leurs revendications, la mise en application des textes de loi relatifs à la médecine du travail ainsi que la désignation de psychologues et sociologues au sein des établissement de l’Education afin d’enrayer le phénomène de la violence scolaire qui prend des proportions alarmantes.

Ahcene Hadjam

Béjaïa: Le secteur de l’Education totalement paralysé

Le secteur de l’Education était totalement paralysé hier suite à la double grève de deux jours à laquelle ont appelé le Sete et le Cnapest. Le Syndicat d’entreprise de l’Education a entamé une grève de deux jours hier aussi. Selon le nouveau secrétaire général du Sete, Kaci Belalmi «la grève a été largement suivie» surtout dans le moyen avec 70% environ et le primaire avec 45 %. Au niveau secondaire, la grève a été suivie à 35%. Les travailleurs ont adhéré au débrayage à Ighil-Ali, Tazmalt, Bordj Mira, Sidi-Aïch et El-Kseur particulièrement où le Cnapest n’est pas bien implanté. Le Sete réitère ses revendications antérieures, dont la révision du statut particulier de la «honte», l’abrogation de l’article 87 bis, l’intégration des contractuels, l’intégration des corps communs dans le statut particulier 12/240.

Par ailleurs, la grève du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) s’est poursuivie hier dans tous les paliers du secteur de l’Education dans la wilaya de Béjaïa. Les taux de suivi durant la deuxième journée dans les paliers primaire et moyen ont augmenté avec l’adhésion et la solidarité exprimée par des travailleurs d’autres établissements scolaires. Ainsi, dans le palier moyen, la grève suivie la première journée entre 25% et 30 % flirtait hier avec les 35 % et dans le primaire elle a atteint les 38 %, alors qu’elle était la veille à peine de 35%.

Cependant, la grève est beaucoup plus importante dans le secondaire. Le taux de suivi dans ce palier est de 85 %, nous dira hier le coordinateur du Cnapest de Béjaïa Slimane Zenati. Notre interlocuteur nous dira aussi que «le conseil national a appelé à la tenue d’assemblées générales pour débattre des actions à observer au cas où les revendications avancées ne seront pas prises en charge par la tutelle».

Ces assemblées générales vont débattre de l’option du «boycott des examens de fin d’année comme ultime action» pour arracher les nombreux points mis en avant dans leur plate-forme de revendications, dont l’application de la médicine du travail, la révision du statut particulier et la correction des injustices commises à l’égard des travailleurs du secteur y compris les corps communs et ouvriers professionnels, les enseignants du primaire et du moyen également. Le Cnapest réclame aussi l’intégration des professeurs techniques des lycées techniques (PTLT) en tant que professeurs de l’enseignement secondaire (PES) et les corps communs comme fonctionnaires du secteur de l’Education, la création de postes aménagés, l’octroi de la prime de zone aux professeurs du Sud calculée sur le nouveau salaire de base avec effet rétroactif à partir de 2008, etc.

Hocine Cherfa