Education : un nouveau phénomène en expansion constante, Cours de soutien : de l’exception à la règle !

Education : un nouveau phénomène en expansion constante, Cours de soutien : de l’exception à la règle !

Même les bons élèves veulent bénéficier de ces cours, cédant ainsi devant l’ampleur grandissante de ce phénomène.

«Je suis bien à l’école, mais je veux apprendre plus», «Moi, je veux assimiler mes leçons à 100 % pour avoir une excellente moyenne au bac», «Je vais au CEM pour la forme, je reçois des enseignants chez moi pour apprendre toutes les matières», «Sans les cours de soutien, il n’y a pas de réussite aux examens !»… Chaque élève a son point de vue sur les cours de soutien scolaire, mais ils convergent tous vers la nécessité absolue de recourir à ce mode d’enseignement parallèle.

Ces cours, dispensés par des enseignants chez eux, dans les écoles publiques ou au domicile des élèves, sont entrés dans les mœurs. Réservés logiquement aux élèves ayant des difficultés d’assimilation à l’école, ces leçons supplémentaires attirent aujourd’hui l’ensemble des élèves.

Le phénomène s’est généralisé au point que les élèves dont les parents n’ont pas les moyens de leur payer ce «luxe», se sentent lésés, mis à l’écart et… même pointés du doigt par leurs camarades ! Une pression supplémentaire et lourde notamment sur les élèves issus de parents à faibles revenus.

Ces derniers se retrouvent, en effet, contraints de mettre la main à la poche pour payer à leurs enfants des leçons dans certaines matières. Même si dans la plupart des cas, ces élèves n’ont pas réellement besoin de ces cours.

C’est plutôt la peur d’échouer et la généralisation de cette conviction de la nécessité des cours supplémentaires qui les font trembler.

«Ma fille est excellente dans toutes les matières, mais elle a insisté pour bénéficier des cours de soutien. Devant les discussions de ses camarades faisant l’éloge et l’apport miraculeux de cette mode, elle a perdu confiance en elle-même et parle toujours de son échec au bac !», se désole Amar, la cinquantaine, employé dans une administration publique à Alger.

«Cet effet de mode a grillé l’esprit des élèves. Moi-même, j’ai tenté d’expliquer à mes deux enfants qu’ils n’ont pas besoin de ces cours. En vain. Je suis obligé de jeter mon argent par la fenêtre puisque je constate que l’apport de ces cours de soutien est quasiment nul !», intervient Lila, elle-même enseignante de langue anglaise dans un CEM à El-Harrach.

La facture de cet enseignement parallèle est, en effet, très lourde pour les parents à faible revenu.

Les enseignants sont accusés d’être à l’origine de ce préjudice financier. «D’un côté, ils recourent régulièrement à des grèves et, d’un autre côté, ils distillent des discours faisant peur aux élèves concernant leur probable échec aux examens, s’ils ne suivent pas des cours de soutien qu’ils assurent eux-mêmes ! C’est malheureux de voir des éducateurs qui se convertissent en commerçants informels!», rouspètent nos interlocuteurs. Avec des prix variant entre 500 et 800 dinars/l’heure par élève, les enseignants font fortune, au détriment des parents d’élèves, dont beaucoup éprouvent toutes les peines du monde à joindre les deux bouts.

A.H