Les syndicats des différents corps de métier renouent avec la contestation pour faire valoir leurs droits, puisque les réclamations de plusieurs corporations n’ont pas encore été prises en charge. Le front social est de nouveau en ébullition.
L’Education, les transports publics, les travailleurs des centres de recherche nucléaire et bien d’autres secteurs d’activités, réinvestissent le terrain avec, à la main, leurs revendications habituelles qui s’articulent souvent autour de leurs conditions socioprofessionnelles. C’est le marasme social élargi à toutes les franges sociales.
En effet, les enseignants ont lancé un mouvement de grève illimitée, et depuis hier les travailleurs de l’Etusa ont entamé une protestation afin de revendiquer le paiement de leur salaire du mois de septembre. Dans le même sillage, des routes sont fermées par les citoyens au niveau de plusieurs wilayas, pour ne citer que Sidi Bel-Abbès, Béjaïa et Bouira. Ils veulent faire entendre aux pouvoirs publics leurs revendications et témoigner du marasme social généralisé.
Après un mois d’été relativement calme, l’Algérie vit une nouvelle tension sociale que les pouvoirs publics tentent de minimiser. Apparemment, dans le projet de loi de finances 2014, les dépenses sont en hausse et maintenir la paix sociale pourrait ne pas servir à grand-chose. En outre, ces dernières années, les pouvoirs publics dépensent sans compter, l’essentiel pour eux est de satisfaire le maximum de revendications. Les issues postiches (transferts sociaux, crédits sans intérêt, dispositifs Ansej, etc), ont montré leurs limites. Le Fonds monétaire international n’a pas prévu, dans son rapport publié hier, une baisse du chômage et c’est avec un taux officiel de 10% de chômeurs que l’Algérie affrontera les années à venir.
Par ailleurs, le budget de l’État va sans aucun doute connaître des difficultés en raison de la baisse des revenus tirés du pétrole et ne pourra pas acheter la paix sociale comme il le fait depuis fort longtemps. Au sommet de l’État, il semble qu’une toute petite étincelle peut enflammer le corps social et il y a fort à parier que les protestataires auront gain de cause pour ne pas risquer de faire tache d’huile. Lors de cette année préélectorale, les revendications vont certainement se multiplier, comme en témoigne la volonté annoncée des syndicats mobilisés. Et ce n’est pas la tripartite, qui doit se tenir aujourd’hui, qui risque de changer les choses. Selon toute vraisemblance, ce qui permettra de sauver le pays des chocs sociaux réside dans la croissance économique qui, avec plus de 3%, permet au pays d’avoir le sentiment de s’être relativement éloigné de la crise économique mondiale et de pouvoir faire face aux mouvements sociaux. Cette croissance est engendrée essentiellement grâce aux revenus du pétrole qui sont réinjectés dans les différents secteurs et départements.
Par Mustapha Chaouchi