Education, santé, enseignement supérieur et administration publique: La tension s’installe

Education, santé, enseignement supérieur et administration publique: La tension s’installe
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L’actualité sociale est tendue. Les déceptions s’accumulent et les luttes se multiplient. Les travailleurs de l’Education, de l’Enseignement supérieur, de la Santé et de l’Administration publique, ont entamé hier, une nouvelle grève de trois jours dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux.Au premier jour de grève cyclique de trois jours, le secteur de l’éducation, à lui seul, enregistre un taux de suivi de 78,40 % (dans 23 wilayas, ndlr), a indiqué, hier, l’Union nationale des personnels de l’enseignement et de la formation (Unpef), dans un communiqué.

Six organisations syndicales en tout, réclament la revalorisation des primes de zone et du Sud selon le nouveau salaire de base adopté en 2008. Il y a lieu de préciser que ces primes sont toujours calculées selon l’ancien salaire de base datant de 1989, un fait n’étant pas de nature à satisfaire des milliers d’employés exerçant leurs différents métiers dans ces zones, d’où les débrayages à répétition. Ce qui attise l’exaspération sociale, c’est bien l’absence de vraies réponses.



» Au moment où l’on espérait une décision concrète favorable de la part du Premier ministère aux revendications légitimes des fonctionnaires du Sud, les pouvoirs publics continuent à adopter un mutisme ambigu, en plus du recours aux mesures de répression « , dénonce le Snapest (Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique), qui fait partie du cercle des mécontents, évoquant des ponctions sur salaire visant, selon le syndicat, à casser le mouvement.

Un vaste mouvement de protestation touche également les établissements de santé publique. Les praticiens de la santé publique ont entamé, hier, leur grève de trois jours à travers tout le pays, pour réclamer l’amendement du statut particulier concernant une dizaine d’articles, dont celui lié à l’accès de près de 5 000 praticiens au grade principal.

LG Algérie

» Le taux général dépasse les 75 % « , indique Lyes Merabet, premier responsable du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), avant de signaler avoir enregistré » quelques entraves dans certaines wilayas « . Lyes Merabet évoque le cas des représentants du Snpsp dans un hôpital à Oum El Bouaghi, ayant été empêchés d’afficher le communiqué de leur organisation et son appel à la grève. « L’administration est intervenue à plusieurs reprises pour enlever les affiches « , dit-il.

Le responsable du Snpsp dénonce également les nombreuses pressions dont font l’objet, les adhérents du Snpsp dans la wilaya d’El Bayadh, afin de les amener à ne pas participer au débrayage. « C’est une entrave au droit de grève », lance-t-il, en rappelant que son organisation avait déjà déposé un préavis de grève le 14 avril.

De nombreux établissements de santé publique de proximité, sont actuellement paralysés, même si le service minimum est assuré, selon lui. Le Snpsp organisera une réunion en fin de semaine, pour décider des suites à donner à ce mouvement, précise le docteur Merabet, qui n’écarte pas l’organisation de nouvelles actions, notamment dans le cadre de l’intersyndicale de la santé.

Une seule certitude, chaque jour de grève dans le secteur de la santé, se chiffre en plusieurs centaines de malades privés de soin. Et quand on parle de mouvement de grève dans un établissement scolaire, c’est sans conteste parler des examens officiels (BAC, BEM et 6ème) compromis. Mais aussi, il ne faut pas perdre de vue les conséquences néfastes des différentes actions de protestation sur le fonctionnement de l’administration publique. Que dire de celle-ci sinon qu’elle est rongée déjà par la bureaucratie.

R. A.

Face à la récurrence des mouvements de grève: Les ministres en mal d’arguments

Le discours des ministres ne semble plus convaincre le partenaire social. Ces deux dernières semaines, l’on a assisté à des sorties médiatiques de responsables de tutelles, sans pour autant que l’ébullition que connaît le front social, ne soit apaisée. Hier, c’était le ministre du Commerce, visiblement perturbé par l’annonce de la grève des boulangers, qui a déclaré que le recours » à la grève n’est pas la bonne solution « .

Mustapha Benbada, en visite dans la wilaya de Tizi Ouzou, a tenu à affirmer que la commission chargée de définir le prix de la baguette rendra ses conclusions mercredi prochain, soit au lendemain de la journée de protestation. Le ministre a reconnu que le problème de la marge de bénéfice des boulangers est » réel « , le prix de la baguette n’ayant pas augmenté depuis 1996. Le ministre s’est toutefois exclamé sur les vraies raisons de l’appel à cette journée sans pain, à laquelle son département ne s’attendait pas.

Sans se prononcer ouvertement sur le montant d’une éventuelle hausse, ni autre solution en mesure d’arranger les boulangers, le ministre du Commerce, dira que la décision finale de révision du prix du pain est du ressort du gouvernement. L’autre secteur, fortement secoué par la protestation est celui de l’Education. Abdelatif Baba Ahmed n’a pas hésité, la semaine passée, à sortir la carte du Premier ministre pour donner du punch à ses propos, et convaincre les syndicats du bien fondé des promesses avancées.

Ainsi, s’adressant aux syndicats depuis Adrar, il a affirmé que la revendication relative à la prime du Sud est » l’objet d’intérêt personnel de Abdelmalek Sellal « . Selon lui, cette prime fait l’objet d’un travail en coordination entre les ministères de l’Education nationale et des Finances, et l’Inspection générale de la fonction publique. Les propos du ministre n’ont fait le moindre effet, les travailleurs ont repris la grève, exigeant du concret de la part des autorités publiques.

Pis encore, la semaine passée, le ministère de la Santé a tenté de prévenir la grève des praticiens de la santé publique, en annonçant une augmentation de 200 % de l’enveloppe financière consacrée aux indemnités relatives à la garde et à la contagion, et ce, après l’arbitrage du Premier ministre. L’effet rétroactif de l’indemnité de risque de contagion a été accordé à compter du 1er janvier 2012, et les projets de textes y afférents « sont finalisés et soumis à la procédure de signature », a-t-on annoncé.

Le ministère à précisé, au passage, que le traitement de la revendication relative à l’amendement du statut particulier, « ne relève pas uniquement de la tutelle », assurant cependant que les démarches nécessaires pour réunir les conditions à l’aboutissement de tout ou d’une partie de ce dossier, avaient été entamées. Peine perdue, les praticiens ont décidé de reprendre la voie de la protestation et réclamer la prise en charge de la totalité des revendications exprimées.

Cela d’autant que le Syndicat ait accordé plus de six mois au ministère de tutelle, avant de décider de reprendre ses cycles de grève et d’actions de rue. Tout compte fait, le gouvernement n’a pas d’atouts à faire valoir, devant les organisations syndicales qui ne croient plus que par le concret. Autrement, c’est la marge de manoeuvre du gouvernement qui s’est réduite, faisant qu’il est difficile de refroidir un front social en ébullition.