Retour aux anciennes appellations, stabilité professionnelle, nouveaux grades… Une réforme importante mais encore contestée.
Le ministère de l’Éducation nationale a dévoilé la première version des amendements du statut particulier des employés du secteur, après une réunion très attendue entre le ministre Mohamed Sghir Saadaoui et les syndicats. Cette démarche intervient dans un contexte marqué par une vague de protestations déclenchée après la publication du décret exécutif 25-54 du 21 janvier 2025.
La nouvelle mouture apporte des avancées réelles, mais également des zones d’ombre qui continuent d’alimenter les revendications syndicales.
Un retour aux appellations classiques : une demande ancienne enfin satisfaite
Parmi les points les plus salués figure le retour aux deux anciennes appellations : enseignant principal et enseignant formateur. Elles remplacent “enseignant de première classe” et “enseignant de deuxième classe”, un système jugé dévalorisant et source de confusion.
Les syndicats voient dans ce changement un retour à l’identité professionnelle des enseignants. La réforme ouvre aussi la voie à un parcours de carrière plus lisible :
- l’enseignant principal peut devenir formateur après 15 ans de service,
- le formateur peut accéder au grade d’enseignant “distingué” après la même durée.
Dans le Sud et le Grand Sud, la durée exigée tombe à 10 ans, une mesure pensée pour encourager la stabilité des équipes éducatives.
🟢 À LIRE AUSSI : Pékin et Alger resserrent leurs liens : ce qu’a révélé l’Ambassadeur chinois
Stabilité professionnelle et fin des affectations temporaires
Le ministère promet également d’en finir avec les nominations temporaires, une pratique très critiquée qui plongeait les employés dans l’incertitude. Les affectations devront désormais être définitives, ce qui devrait réduire la mobilité forcée et renforcer la stabilité.
La version préliminaire prévoit aussi la généralisation des postes adaptés, ouverts à tous les employés souffrant de contraintes médicales ou sociales.
Autre nouveauté appréciée : les nouveaux recrutés ne sont plus obligés de participer aux mouvements annuels. Ils pourront déposer une demande après deux ans seulement, s’ils le souhaitent.
Discipline scolaire : plus d’autorité, mais moins de lourdeur administrative
Le document propose de renforcer l’autorité pédagogique dans les établissements, en donnant aux enseignants et conseillers d’éducation des moyens juridiques plus clairs pour gérer les comportements difficiles.
Parallèlement, la réglementation va être assouplie : plusieurs erreurs professionnelles de 4ᵉ degré seront supprimées, notamment celles liées à des écarts verbaux mineurs. Une décision destinée à réduire la pression sur le personnel tout en maintenant un cadre disciplinaire équilibré.
Grand changement également pour les services économiques : les grades de gestionnaire, de conseiller et d’adjoint gestionnaire retrouvent leur place dans la structure globale du statut.
Une nouvelle catégorie apparaît : inspecteur principal, destinée aux inspecteurs les plus expérimentés. De plus, la dénomination “inspecteur de l’Éducation nationale” évolue pour devenir “inspecteur principal” ou “inspecteur en chef”, un ajustement qui clarifie la hiérarchie.
Les syndicats se réjouissent aussi de l’extension de la vacation de mobilité professionnelle à tous les employés, une demande ancienne. Le texte maintient également les promotions pour les grades inférieurs et intermédiaires.
🟢 À LIRE AUSSI : Recrutement des enseignants : Saâdoui fixe la date de reprise des concours
Des insuffisances qui fâchent encore les syndicats de l’éducation
Malgré les avancées, plusieurs lacunes sont pointées du doigt. Selon Kouider Yahiaoui, responsable à la SNTE, la nouvelle version n’aborde pas la révision du système des primes, ne règle pas les questions d’intégration directe vers des grades supérieurs et n’offre pas de protection juridique explicite aux enseignants.
Le syndicaliste critique également la notion de “15 ans en tant qu’employé”, jugée vague et susceptible de créer de nouvelles injustices :
- L’ancienneté cumulée dans d’autres grades sera-t-elle prise en compte ?
- Les années doivent-elles être continues ?
- Le calcul démarre-t-il en 2025 ou à la publication du texte final ?
Ces zones floues nourrissent un manque de confiance chez les syndicats et relancent les accusations de “concertation symbolique” plutôt que réelle.
La version préliminaire apporte une réelle respiration à certains corps : enseignants, inspecteurs, gestionnaires, personnel administratif. Elle propose une vision plus moderne du parcours professionnel et tente de corriger des déséquilibres installés depuis des années.
Mais les syndicats maintiennent leur principale revendication : l’intégration de tous les employés dans les nouveaux grades, sans conditions. Ainsi que la réduction de l’âge de retraite et un système indemnitaire revu en profondeur.
🟢 À LIRE AUSSI : Allocation chômage : des ajustements annoncés pour améliorer le dispositif
