Après que le ministère de l’Education nationale eut mis à exécution ses menaces quant à des retenues sur salaire à l’encontre des enseignants ayant pris part aux différents mouvements de débrayage, la réplique des syndicats autonomes ne s’est pas faite attendre. Plusieurs d’entre eux ont dénoncé la décision.
Pour le Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), il s’agit d’une décision «unilatérale dont le département de Benbouzid aura à assumer entièrement les retombées». C’est du moins ce qu’a indiqué, hier, Boualem Amoura, secrétaire général du Satef, joint par nos soins.
Dans une circulaire, le ministre de tutelle a ordonné à toutes les directions de l’Education des wilayas d’appliquer dans le strict respect des sanctions les retenues sur salaire. La façon des retenues sera appliquée contre les enseignants et agents grévistes, chacun selon le nombre de jours durant lesquels il a observé la grève, de un à six jours, explique M. Amoura.
Ce dernier précisera d’emblée que la loi est claire dans ce genre de situation, «c’est-à-dire que des retenues sur salaires ont été attendues». Mais, enchaîne-t-il, «le ministère, qui vient d’appliquer les lois de la République en nous sanctionnant, doit faire de même pour ce qui est du dossier de la gestion des œuvre sociales, en abrogeant le décret présidentiel 303/82».
C’est pourquoi, dit-il, «le Satef est un syndicat légaliste, mais nous dénonçons avec fermeté cette politique de deux poids deux mesures». Sur le sujet, le même interlocuteur insistera à dire que «le ministère a violé les lois de la République» en décidant d’organiser des élections pour déterminer la façon par laquelle, les œuvres sociales du secteur seront gérées, alors que le décret 303/82, qui soumet à approbation du FLN l’élection de toute commission, est toujours en vigueur.
Rappelons que le secteur de l’Education nationale a été secoué par une grève de 4 jours qui a bloqué, au mois d’octobre dernier, tous les établissements scolaires à travers le pays. Mais après la reprise, «il y a eu un arrangement à l’amiable pour que les enseignants rattrapent le programme perdu par les journées de grève sans que la tutelle ne procède à des retenues sur salaire»,
rappelle M. Amoura, avant de se demander «pourquoi le ministère a-t-il agi de la sorte sans consulter ses partenaire ?» La proposition qui était dans l’intérêt des élèves, des enseignants mais aussi de la tutelle, est donc tombée à l’eau. Après cette décision, le Satef entend instruire ses militants, à l’instar d’autres syndicats de ne pas tenir compte de la proposition faite après la grève.
Ce qui veut dire qu’il n’y aura pas de séances de rattrapages. A mesurer les conséquences, ce sont les élèves qui seront les premiers perdants dans toute l’histoire si le programme n’est pas achevé à la fin de l’année. Ils seront appelés comme chaque année à passer leurs examens avec moins de bagages et plus de surcharges.
«Pour notre part, nous avons assumé la responsabilité d’observer la grève sachant que des retenues sur salaires auront lieu, mais le ministère doit aussi assumer pleinement la sienne dans toute perturbation qui pourrait être causée par le non-achèvement du programme en fin d’année», met en garde le secrétaire général du Satef.
Plusieurs syndicats ont été déçus, précise-t-on, par la décision du ministre à l’instar du Cnapest qui a estimé que «généralement, les journées de grèves font l’objet de négociations, ce qui n’était pas le cas cette fois-ci». Le Snapest, de son côté, a déjà menacé de ne pas procéder aux séances de rattrapage pour récupérer le retard induit par la grève, tandis que la FNTE a qualifié la décision «d’abusive», invitant la tutelle à son annulation.
Aïssa Moussi