Éducation nationale,Du nouveau dans l’apprentissage du français à l’oral

Éducation nationale,Du nouveau dans l’apprentissage du français à l’oral

Un projet pédagogique algéro-français, initié par le ministère de l’Éducation nationale, portant sur l’enseignement de l’oral dans le cycle primaire, né il y a voilà deux ans, est actuellement en voie de concrétisation.

C’est ainsi que le ministère de l’Éducation a organisé neuf séminaires régionaux à travers le territoire national entre les mois de mai et juillet 2012 destinés aux inspecteurs de l’enseignement primaire de langue française encadrés par des experts algériens et français, concepteurs de ce projet.

Durant ces rencontres, les encadreurs algériens et français ont formé et informé les inspecteurs du primaire des contenus pédagogiques élaborés et conçus par cette même équipe d’experts et leur ont remis de la documentation didactique en format papier et en format numérique.

En effet, durant ce long travail qui a pris deux années, les experts ont eu à récolter et à rédiger des textes théoriques relatifs à l’enseignement de l’oral. De même qu’ils ont eu à confectionner des CD et des DVD à partir desquels les inspecteurs auront à former les enseignants de français dès à présent, et ce, suite aux instructions émanant du ministère de tutelle.

Pour cela, les experts ont eu à sillonner de nombreuses wilayas du pays afin de filmer des situations de classe constituant ainsi le DVD servant de support à la formation.

Selon nos sources, le projet a reçu une adhésion sans pareille aussi bien auprès des inspecteurs qu’auprès des enseignants. Cette nouvelle manière de faire pratiquer la classe à l’oral rompt complètement avec la méthode utilisée jusque-là. D’après certains enseignants qui ont eu à expérimenter cette nouvelle approche, les élèves sont beaucoup plus motivés lors des leçons car ces dernières sont menées d’une manière ludique (les enfants apprennent tout en s’amusant), de plus le fait d’introduire des supports audio et audiovisuels dans les classes crée une certaine motivation chez les élèves. Cependant, ces mêmes enseignants restent pessimistes quant à la mise en leur disposition du matériel électronique pouvant leur permettre de présenter des leçons selon la nouvelle méthodologie. Très souvent, selon eux, le matériel existe dans les écoles mais les chefs d’établissement refusent de le remettre aux enseignants préférant le laisser enfermé dans des locaux poussiéreux. Il est certain que le projet ne peut aboutir si les chefs d’établissement ne prêtent pas main forte aux enseignants dans ce cadre-là.

Ces enseignants souhaitent que les mentalités évoluent dans ce sens sans quoi rien ne pourra changer dans la classe et l’enseignement restera très traditionnel dans sa démarche pédagogique.

Quant à la philosophie de ce projet au-delà de son aspect purement pédagogique, l’enseignement de l’oral notamment dans le cycle primaire doit avoir une place de choix dans les programmes car, jusque-là, l’accent a été trop mis sur l’apprentissage de l’écrit avant même que les élèves maîtrisent l’oral, ce qui constitue un handicap flagrant pédagogiquement parlant.

Pour Alain Bertolilat (linguiste français né en Algérie), “le rôle de l’école en général et plus particulièrement le cycle primaire est de doter les élèves de valeurs de citoyen en l’entraînant à parler aux autres, à communiquer avec les autres”. Cette défaillance dans la parole va développer chez l’enfant au moment de l’adolescence et plus tard à l’âge adulte une violence physique qui, au lieu de (se) parler et de s’entendre (avec les autres), va avoir recours aux gestes qui parfois s’avèrent fatals… Pour cela, il est nécessaire de doter l’enfant dès son plus jeune d’un vocabulaire riche et varié afin de l’utiliser dans la vie quotidienne.

En effet, la carence des mots peut engendrer de la difficulté à communiquer d’où la nervosité voire l’agressivité (physique ou verbale) et donc la violence dont sont victimes aujourd’hui beaucoup de jeunes et même des adultes. Les enseignants que nous avons rencontrés nous ont affirmé qu’ils souhaitaient voir lancer d’autres projets comme celui-ci pour le reste des compétences, à savoir la lecture, l’écriture, etc. Car le présent projet leur a apporté de la “fraîcheur” dans leurs classes et leur a permis de rompre avec la monotonie pédagogique dans laquelle ils ont vécu depuis de très longues années.

En principe, pour cette rentrée scolaire, les enseignants auraient dû recevoir toute la documentation afin de lancer le projet. Cependant, selon nos sources, il y a du retard dans l’acheminement desdits documents et donc les inspecteurs ayant bien débuté la formation des maîtres sur l’enseignement/apprentissage de l’oral, les enseignants, de leur côté, auront du mal à mettre en pratique ces nouvelles leçons dès lors qu’ils n’ont pas encore reçu la documentation tant promise par la tutelle.

Y. B