Education nationale,Ça réforme les réformes

Education nationale,Ça réforme les réformes

Décidément, réformer les réformes devient notre jeu préféré. Surtout dans le secteur de l’Education nationale où, contrairement aux autres pays du monde, nous ne savons plus nous arrêter et, par voie de conséquence, nous ne savons plus ce qui se passe dans le secteur, car impossible pour les simples mortels que nous sommes, de saisir et de comprendre toutes ces réformes qui se succèdent sans relâche, surtout si cela ne donne, malheureusement, rien comme c’est le cas jusqu’à présent.

Est-ce une politique volontairement tracée que de toujours faire suivre une réforme par une autre que la réforme? Ou est-ce un penchant naturel chez nous que de nous lancer dans les réformes sans jamais attendre les résultats de celles qui les ont précédées? Pour rester poli et ne pas dire autre chose, disons que, à la longue, cela devient fatiguant! Franchement!

On se souvient encore de ce palier primaire qui, de six ans, était passé à cinq alors que celui du secondaire passait de quatre ans à trois, puis celui de cinq qui repassait à quatre et celui de trois qui repassait à quatre et lécole fondamentale qui ne l’était plus puis qui le redevient pour ne plus l’être… donnant en fin de course des élèves qui font les deux paliers en 10 ans et d’autres en neuf ans, le tout produisant une double promotion qui se retrouve dans un lycée plein à craquer au moment où une partie de l’argent qui aurait dû servir à construire des écoles allait remplir des poches comme celles des Chakib Khelil, des Farid Bedjaoui et de ceux dont les noms ne peuvent encore sortir au soleil.

Ce qui est remarquable dans ces réformes, c’est qu’elles se disent bien pensées et solidement réfléchies sauf que, en réalité, elles se font, toujours et sans exception, à la va-vite sans même prendre le temps d’évaluer celles qui les ont précédées. Finie la réforme? Entamons la réforme! Cessons donc avec ces réformes qui ne donnent rien et qui, en plus, nous font perdre du temps et de l’argent.

Une réforme de l’école, cela ne se fait pas à chaque lever de soleil, comprendre par-là à chaque changement de ministre, car chez nous, chaque nouveau ministre commence toujours par vouloir faire oublier son prédécesseur en effaçant tout ce qu’il a fait, quitte pour cela à réformer ses réformes et à dégommer ses hommes. Nos enfants devront bien un jour cesser d’être les cobayes de cette bizarre addiction aux réformes nulles et sans utilité. Une réforme, c’est lorsqu’on sent que les changements de l’environnement national et international sont devenus si signifiants et si encastrés qu’ils méritent d’être intégrés dans de nouveaux programmes ou d’être introduits dans de nouvelles connaissances, voire d’être derrière une nouvelle philosophie de la formation. Une réforme de l’école, cela se fait une fois les 20 ou 30 ans et parfois cela demande même plus de temps.

Il est temps que l’on cesse avec cette démarche boiteuse et que la pérennité des institutions dépasse les caprices des individus. On ne peut plus continuer sur ce chemin qui ne mène nulle part à part détruire encore et encore l’Ecole algérienne qui est déjà en lambeaux, ruinée, effritée par la faute de ces réformes insensées, mal pensées et de surcroît, précipitées.

Il est temps que cesse ce comportement qui a jusque-là enlevé tout sérieux à notre école. Il est temps, car il y va de l’avenir de cette école et de l’avenir du pays car l’avenir de tout pays dépend de celui de son école. Des promotions ont été ballottées, malmenées, une scolarité durant. D’autres ont été simplement traitées en tant que cobayes. Ni les unes ni les autres n’ont vu fleurir les fruits des moult réformes dont on nous cesse de nous enivrer depuis bientôt 30 ans. Où va-t-on ainsi? A l’aune de ce qui se passe dans les autres secteurs, à l’école aussi on bricole. On replâtre. On ment. On fait du n’importe quoi! Les élèves se plaignent, leurs parents n’en peuvent plus. Les enseignants de leur côté déplorent les conditions de leur travail… Après 50 ans, on a l’impression que l’on n’a rien fait. Et, de grâce, que l’on ne nous tire pas cette histoire de constructions et ces chiffres qui nous ont tourné la tête, car il ne manquerait plus que cela!

Cela fait exactement 30 ans que les têtes ont été plongées dans les chiffres. Cela fait 30 ans que l’on regarde ailleurs que là où il faut. Seul le nombre de murs construits nous intéressait (et nous intéresse) sans pour autant que l’on sache à quoi ils servent. Sans que l’on se demande un jour si ces murs ont bien servi ce à quoi ils devaient servir… Une école, c’est d’abord un programme, une éducation, une formation, une étape fondamentale de la vie, une préparation décisive à la vie et un jalon sur le chemin de l’avenir… Une école ce n’est pas des murs!

Le niveau des élèves ne cesse de régresser, tout le monde vous le dira et l’on n’a pas besoin d’experts, d’ici ou d’ailleurs, pour le confirmer. Il suffit d’aller devant une école quelconque et de tendre un papier à ceux qui en sortent et leur demander d’écrire une lettre, une réclamation, un CV ou simplement un poème pour que, au bout du premier tremblement de la main, on se ravise et parte tenter ailleurs. Qu’est-il arrivé à notre école pour qu’elle tombe aussi bas? Aucun expert ne pourra vous le dire, même pas ceux qui se présentent à nous comme des experts en

management stratégique et qui n’ont jamais rien su de cette discipline à part le nom. Comportement de type désuet qui tente encore de s’accrocher au système qui l’a créé en envoyant chaque jour des centaines de mails pour informer de leurs tristes passages et de leurs ennuyeux papiers sans tête ni queue. Ces experts qui sont partout et nulle part, car ne sachant absolument rien faire, qui parlent de tout et de rien, car ne sachant absolument pas de quoi ils parlent. Ces experts qui, là où ils vont et peu importe le sujet dont ils débattent, disent toujours les mêmes choses avec, en plus, 200 mots pour le système et un autre pour justifier leur ignorance. Mais laissons ces pseudos experts patauger dans leurs illusions déphasées et revenons à notre école…

Nous en sommes aujourd’hui à ce que les élèves demandent qu’on leur détermine les cours concernés par le Bac!!! Ce n’est pas tant de leur faute, cela est plutôt la faute au ministère qui n’a jamais su gérer les différences entre les écoles, les régions et les enseignants comme il n’a jamais su gérer d’ailleurs les retards dus aux grèves 1000 fois catastrophiques et 1000 fois vaines du corps enseignant. Lorsque le ministère ne sait pas établir des standards, il est normal que les élèves demandent des normes, c’est pour cela que c’est au ministère d’assumer cette insanité de plus qui frappe notre école. Trop de réformes tue les réformes. Disons-le, ainsi pour résumer toute l’inquiétude de tous les Algériens qui ne savent plus où en est leur école. Qu’on arrête et qu’on laisse ces réformes prendre leur souffle, peut-être qu’un jour elles se plaindront d’être mal conçues, mal pensées, mal menées et mal évaluées. Les intentions sont peut-être bonnes, mais a-t-on jamais vu un peuple se développer avec les intentions???