Écrit par Wafia Sifouane
Après avoir laissé passer la rentrée sans grabuge, les syndicats du secteur de l’éducation comptent bientôt reprendre la voie de la protestation, à commencer par le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) qui a d’ores et déjà décrété la journée du 23 octobre prochain, journée de grève nationale.
Les œuvres sociales au cœur des débats
Accusant la ministre de ne pas avoir honoré ses engagements vis-à-vis des travailleurs, le CLA a décidé de réunir ses troupes et initier un mouvement de protestation, qui risque d’être suivi par d’autres actions dans le cas où il n’obtiendrait pas de réponses à ses revendications. «La tutelle n’a pas respecté ses promesses en fermant définitivement le dossier de la révision du statut particulier sans prendre en considération nos remarques. Il y a aussi le problème de la commission nationale des œuvres sociales, dont l’activité a été prolongée d’une année, alors qu’il était question de geler l’activité de ladite commission en attendant la tenue du référendum sur le mode de gestion des œuvres sociales», a indiqué Idir Achour, secrétaire général du CLA. Rappelons qu’à la veille de la rentrée, la ministre avait demandé aux syndicats du secteur de procéder à l’élection d’une nouvelle commission de gestion des œuvres sociales. Mais, ces derniers n’ayant pu se fixer sur un choix, la ministre avait tranché en reconduisant l’ancienne commission qui avait pourtant épuisé un mandat de trois ans. Sur ce point, le syndicaliste a indiqué que la ministre a «eu tort de décider à la place des syndicalistes». Leur divergence d’opinion «ne fait que confirmer l’urgence de revoir le mode de gestion de cette commission qui gère l’argent des travailleurs», a-t-il estimé. En réponse au CLA et aux syndicats du secteur, la commission nationale de gestion des œuvres sociales présentera, le 15 octobre, le bilan de son mandat de trois ans. «L’ensemble des syndicats ont été conviés à découvrir le bilan de la commission en place, mais il est clair qu’il n’y aura rien à dire sur le bilan comptable, car cela passe avant», a déploré Idir Achour. Il a indiqué que ce bilan servira de «matière à analyser pour les syndicats». Le CLA, jusque-là premier syndicat à avoir brandi le spectre de la protestation, a affirmé être prêt à revenir à la charge dans le cas de non-satisfaction de ses revendications, tout en appelant les autres syndicats du secteur à se rallier à sa cause. Ce qui risque de se faire plus tôt qu’on le croit vu qu’il s’agit de deux points relevés à maintes reprises par les partenaires sociaux.
Le carton rouge du Cnapeste
Autre élément perturbateur, le Conseil national des professeurs du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste), syndicat qui avait paralysé les lycées l’an dernier avec près de trois mois de grève. Il a mis en garde la tutelle contre une quelconque forme d’atteinte aux acquis des travailleurs du secteur. En effet, lors de son conseil national, tenu le 6 octobre, le Cnapeste a déploré les problèmes qui empêchent les enseignants d’accomplir au mieux leur mission, dont la surcharge des classes, la fermeture de postes budgétaires dans certaines régions et l’absence de moyens pédagogiques.
Le syndicat a aussi appelé ses adhérents à dénoncer toutes les formes de pression exercées sur les syndicalistes.
Le Cnapeste n’a pas manqué de mettre la tutelle face à ses responsabilités en lui exigeant la concrétisation de l’ensemble des promesses faites aux syndicats au niveau local et national, sous peine de créer une impasse.
Visiblement très remonté contre le mode de gestion de la tutelle, le Cnapeste, tout comme le CLA, nous offre ainsi les prémices d’un nouveau bras de fer entre le syndicat et Benghebrit, nous éloignant ainsi de la sérénité tant espérée par la ministre.