Education nationale, les syndicats au cœur d’une tempête

Education nationale, les syndicats au cœur d’une tempête
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Les syndicats au coeur d’une tempête

Une classe à moitié vide, conséquence de la grève

La tutelle et l’association des parents d’élèves dénoncent le recours abusif à la grève.

Les grèves cycliques lancées par les syndicats de l’Education nationale leur ont valu toutes les critiques et attaques. Ils sont au coeur d’une véritable tempête. Ils sont accusés aussi bien par le ministère de l’Education que par l’association des parents d’élèves d’avoir pris en otage les écoliers.

LG Algérie

La reconduction de la grève par le Cnapest au moment où les six autres syndicats de l’Intersyndicale ont décidé de surseoir au mot d’ordre de la grève, suite aux engagements de la tutelle, a aggravé l’idée faite à propos de ces syndicats qui sont désormais «diabolisés». Arguments: recours abusif à la grève et prise en otage de plus de 8 millions d’élèves. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, Nedjadi Messeguem, inspecteur général au niveau du ministère de l’Éducation nationale, a accusé le Cnapest de chantage et de prise d’otages. «Je ne parlerai pas de bras de fer entre le ministère de l’Éducation nationale et le Cnapest mais plutôt de chantage», a-t-il déclaré, ajoutant que ce syndicat recommence à chaque fois le même scénario à la même période depuis une dizaine d’années. «Le Cnapest n’est plus dans son rôle d’organisme socioprofessionnel, mais il va au-delà de cette mission qui est devenue beaucoup plus politique», a-t-il lancé, appelant la société et les parents d’élèves à réagir. Il jette ainsi ce syndicat à la vindicte populaire. M.Messeguem n’est pas allé aussi loin que la ministre, Nouria Benghebrit, qui a dénoncé l’attitude du Cnapest, menaçant les grévistes de mesures disciplinaires.

«La grève illimitée observée par le Cnapest est illégale et nous avons pris les mesures qui s’imposent en appliquant la loi», avait déclaré la ministre et que l’avenir de l’Ecole algérienne était en «danger» en raison des grèves répétées des syndicats du secteur depuis plus d’une dizaine d’années. Pour elle, il est urgent d’élaborer une charte d’éthique du secteur de l’Education afin de dégager un consensus entre les composantes de la corporation pour «instaurer un climat propice à la réalisation des objectifs escomptés».

Pour sa part, l’Association nationale des parents d’élèves est allée jusqu’à décider de poursuivre en justice les grévistes. «Il a été convenu à l’unanimité de saisir la justice pour mettre fin à l’abus d’utilisation du droit à la grève», a déclaré le président de cette association, à l’occasion d’une assemblée générale extraordinaire. «Cette décision prise dans une réunion ordinaire de ladite association, représente un précédent grave et une atteinte flagrante au droit de grève chèrement acquis par les hautes luttes des travailleurs», estiment certains défenseurs des droits syndicaux.

Pour Samir Larabi, militant du Parti socialiste des travailleurs (PST), cette campagne contre les syndicats de l’Education vise en réalité à criminaliser la lutte des enseignants pour l’amélioration des conditions socioprofessionnelles de la corporation des enseignants. «C’est une guerre contre le droit de grève, une dérive dangereuse», soutient-il, estimant que «cette croisade contre les syndicats de l’éducation en lutte s’inscrit objectivement dans le cadre de la campagne générale menée par le gouvernement et du patronat contre le droit de grève». Selon lui, il s’agit là d’une remise en cause du droit syndical devenue monnaie courante dans tous les secteurs d’activités et inscrite dans l’avant-projet du Code du travail.

En tout état de cause, les grèves cycliques des syndicats et les réponses de la tutelle et des associations sont symptomatiques de la profondeur de la crise que traverse l’Ecole algérienne depuis des décennies. Il est vrai que dans d’autres conditions, le débat qui s’impose concernerait l’avenir de cette institution et des générations montantes et non celui du recours à la grève qui est un droit constitutionnel.