Éducation nationale: À quoi jouent les syndicats autonomes?

Éducation nationale: À quoi jouent les syndicats autonomes?

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Le timing de cette nouvelle «guerre» laisse planer des interrogations. Une nouvelle crise ne profiterait ni à la tutelle ni aux enseignants et encore moins aux élèves…

Fin de la trêve! Quatre syndicats autonomes de l’éducation nationale ont déclaré la guerre à la ministre de l’Éducation nationale. Ils viennent d’annoncer leur retrait de la Charte d’éthique éducative, signée en 2015 par la tutelle, huit syndicats et deux associations des parents d’élèves. Il s’agit de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef), du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), du Syndicat national des travailleurs de l’éducation (Snte) et du Syndicat national autonome des professeurs de l`enseignement secondaire et technique (Snapest). Pourtant, en guerre ouverte avec ses quatre syndicats depuis la signature de cette fameuse charte, le Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) et le Conseil des lycées d’Alger (CLA), non-signataires de la Charte, ont de suite affirmé leur solidarité avec les quatre nouveaux «rebelles».

Pis encore, ils annoncent l’enfer pour le deuxième trimestre avec un retour de la protesta. Cela, si bien évidemment la tutelle ne répondait pas à leurs doléances! Une sortie des plus étonnantes de la part de ces syndicats autonomes qui ont jusque-là fait preuve de sagesse en signant cette fameuse charte, ce qui a permis d’éviter de grosses perturbations durant les trois dernières années.

Au grand bonheur des élèves et leurs parents! Mais quelle mouche les a donc piqués pour se retirer aussi soudainement et brusquement? Eux se justifient par la «réprobation» du traitement réservé par le ministère aux syndicats tant au niveau local que national, qui est contraire à un véritable partenariat social. Ils ont aussi dénoncé la méthode de travail des commissions mises en place, notamment en ce qui concerne les dossiers des oeuvres sociales et du statut particulier. Mais le timing de cet argumentaire, pas très convaincant, laisse planer des interrogations.

On est à la veille des vacances scolaires après un 1er trimestre des plus tranquilles pour ce qui est considéré comme l’année charnière de la réforme Benghebrit. On est presque à la fin du 1er quinquennat de la ministre, la réforme que la Dame de fer a mise en place contre vents et marées est sur le point d’aboutir.

C’est l’heure de la formation des formateurs, de la sortie du 1er cycle de la première génération «bengheberitiène»…Bref, la mise en place de la base durable de cette réforme. Ces syndicats, qui ont pourtant participé à sa mise en place, veulent-ils tout faire capoter à la dernière minute? Ont-ils d’autres ambitions que le bien-être des élèves? Surtout que cette sortie de piste intervient quelques semaines après la nouvelle charge des islamistes, obsédés par la ministre de l’Éducation et sa réforme…

Autant de questions qui donnent à réfléchir du fait que cette nouvelle guerre annoncée n’est pas une bonne chose, que ce soit pour la tutelle, les enseignants et encore moins les élèves. Ces syndicats vont-ils revenir à la raison? La ministre doit les écouter afin d’éviter un embrasement de la situation, surtout en cette période des plus cruciales. Des mesures d’urgence ont été prises pour clamer la colère, avec notamment le versement des salaires et rappels en retard des enseignants, particulièrement ceux recrutés récemment. Néanmoins, cela semble être insuffisant pour le moment.

Des efforts doivent être consentis des deux côtés pour désamorcer cette bombe à retardement. Il y va de l’avenir de nos enfants…