Avec un début d’année relativement calme, le secteur de l’éducation n’est, cependant, pas à l’abri de mouvements de contestation pouvant à tout moment rompre la trêve. Si les revendications socioprofessionnelles sont toujours mises en avant, les enjeux sont souvent plus importants et restent du domaine du non-dit. Certaines réformes dérangent des cercles hostiles au changement.
Des augmentations de salaires, une progression de carrière. Toutes les formations syndicales inscrivent ces revendications parmi leurs priorités. Elle sont écrites noir sur blanc sur la majorité des préavis de grève. D’autres préoccupations ne le seront jamais. Elles sont pourtant capitales avec des enjeux qui dépassent de loin ceux relatifs au corporatisme.
De par sa nature, le secteur de l’éducation est celui où s’expriment le plus des sensibilités qui ne peuvent cohabiter. Si elles ne l’avoueront jamais, certaines formations syndicales sont proches des milieux islamistes et y puisent des arguments pour contrer les réformes. Ces dernières touchent depuis quelques années le fond et le contenu. Les manuels scolaires longtemps vecteurs de visions rétrogrades font petit à petit leur mue. L’image de la femme commence à y être un peu plus positive. On n’y représente plus la maman comme une femme au foyer, les cheveux enroulés dans un foulard et n’ayant comme seule occupation que les tâches ménagères. S’il n’est pas encore question d’y représenter un papa participant à ces dernières, les lignes commencent à bouger.
Les prénoms des personnages se modernisent, s’algérianisent petit à petit. Cela n’est pas toujours du goût des adeptes des théories venues du Moyen-Orient. Beaucoup d’entre eux avaient été offusqués du choix des prénoms dans les nouveaux manuels, cachant mal leur volonté de laisser l’école otage des idéologies rétrogrades. Ils se sont également manifestés lorsque la ministre de l’Éducation avait fait le constat sans appel de l’échec des étudiants poursuivant des cursus nécessitant la maîtrise de la langue française. Benghabrit mettait le doigt sur une vérité implacable : une grande majorité de bacheliers, pourtant ayant obtenu leur bac avec de bonnes moyennes, s’avèrent être dans l’incapacité de suivre des études notamment lorsqu’il s’agit de modules scientifiques.
En affirmant qu’il était nécessaire d’enseigner en français les matières scientifiques dès les cycles moyen et secondaire, la ministre de l’Éducation proposait une solution à un problème réel. Comme à chaque fois qu’il s’agit de langue française, des voix se sont élevées pour s’y opposer sans même proposer d’alternative.
Le rush des étudiants désireux poursuivre leurs études en France confirme que le besoin en matière d’enseignement des langues est réel. Les étudiants l’expriment clairement et il serait légitime de répondre à leurs attentes.
Plus récemment, la ministre de l’Éducation annonçait la réhabilitation des auteurs algériens dans une démarche visant à offrir aux écoliers des textes écrits par des auteurs algériens dans un esprit d’ouverture. Là aussi, la démarche dérange ceux qui, longtemps, ont fait la promotion de la culture moyenne-orientale.
Présents dans les différents paliers de l’éducation, ils attendent le moment opportun pour entraver la marche vers une modernité réclamée par un grand pan de la société sous couvert de revendications sociales.
N. I.