Ecrire notre histoire ,Un devoir de mémoire

Ecrire notre histoire ,Un devoir de mémoire
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Des pans entiers de notre histoire, de notre Révolution ont été irrémédiablement perdus, parce que des témoins n’ont pas parlé, n’ont pas confié ce qu’ils ont vécu, ce qu’ils ont vu et entendu. Connus ou anonymes, des moudjahidine, tous grades confondus, ont emporté dans la tombe un trésor de faits qui ont jalonné la longue résistance du peuple face à l’armée coloniale.

Un peuple sans mémoire est un peuple sans passé ni futur.

Des pans entiers de notre histoire ont été écrits sous la passion, parfois même sous la pression d’événements conjoncturels ou circonstanciels.

Et de ce fait, beaucoup d’autres événements ont été occultés, oubliés et souvent négligés quand ils n’étaient pas tronqués de leur contexte. Des pages entières de notre histoire surtout récente ont été rédigées sans recherche profonde étayées par de minces témoignages.

Des acteurs vivants de la Guerre de Libération nationale — pas tous évidemment — ont réglé leurs comptes à certains morts qui faisaient ombrage à leur aura les accusant même de déviationnistes.

Que n’a-t-on pas dit sur Abane Ramdane. On est allé jusqu’à le traiter de taupe au service de la France. D’ailleurs, avant de mourir, il aura eu ce mot prémonitoire à l’adresse des générations futures : «Lavez notre honneur…» La télévision nationale, malgré ses imperfections, a réussi l’incroyable gageure de faire parler tous les acteurs de la guerre au cours d’une série de reportages réalisée dans le cadre du 50e anniversaire de l’indépendance. A l’est, à l’ouest, au centre ou au sud, rien n’a été laissé au hasard, l’Entv a ratissé large, braquant ses caméras sur le moindre détail.

Des héros anonymes ont été cités pour la première fois et leur bravoure portée à l’écran. Ce n’est et ce n’était que justice.

Il y a donc là un immense travail de collecte à réaliser avant que tous ces braves moudjahidine meurent en emportant leur secret dans la tombe.

Il y a également un autre chantier pour les spécialistes, un chantier plus ardu, plus pointu qui devra permettre de monter, morceau par morceau, scientifiquement tout le puzzle de la Révolution.

Il appartiendra alors aux hommes et aux femmes qui auront cette lourde tâche d’avoir le recul nécessaire et indispensable pour prendre à bras le corps tous les sujets qui ont empoisonné une saine écriture de l’histoire : celui des hommes mystérieusement disparus, assassinés et qui ont été, à un moment ou à un autre, les fers de lance de la Libération nationale.

Nous pensons à Krim Belkacem, Khider, Boudiaf, nous pensons à ceux dont la mort, après l’indépendance a beaucoup intrigué comme Khemisti ou Medeghri.

Mais avant d’écrire une histoire complète de l’Algérie comme l’a fait Renan pour l’histoire de France, il est impératif de récupérer, ici ou à l’étranger, toutes les archives qui concernent ce pays.

I.Z