Le directeur du FMI pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, Masood Ahmed, a estimé que la transition politique inachevée dans les pays touchés par le “Printemps arabe” a ébranlé leurs économies à différents degrés, tout en soulignant que la situation est “devenue plus difficile au cours de l’année écoulée”.
Une embellie des économies des pays qui ont été touchés par les événements du “Printemps arabe”, n’est pas pour bientôt, selon les conclusions du directeur du FMI pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, Masood Ahmed.
Ce dernier, qui était interrogé après la publication par le FMI de son rapport sur les perspectives économiques dans la région, a notamment affirmé que “la situation dans les pays du Printemps arabe est devenue plus difficile au cours de l’année écoulée”. Ce même haut responsable estime que ces économies, ébranlées par les mouvements de contestation qui ont éclaté en 2011, restent atones en raison de transitions politiques inachevées.
Pour argumenter, Masood Ahmed souligne qu’au moment ou d’autres économies arabes ploient sous le fardeau financier et social provoqué par l’énorme flux de réfugiés fuyant la guerre civile en Syrie, les difficultés de la région sont accentuées par la faible performance de l’économie mondiale.
Il y a lieu de constater que les économies de la Tunisie et de l’Égypte ont connu une croissance faible depuis le renversement, en 2011 sous la pression de la rue, des régimes qui étaient en place. Pour la Libye, l’économie est en chute libre en raison du fort recul de la production pétrolière. Le haut responsable du FMI a expliqué les difficultés des économies de ces pays par la conjoncture économique mondiale en déclarant que “la persistance d’un environnement mondial faible, avec pratiquement l’absence de croissance en Europe, un partenaire commercial important pour certains de ces pays, est un autre facteur”. Masood Ahmed a pris le soin d’expliquer que les transitions politiques longues et difficiles avaient en outre placé le secteur privé dans “une attitude d’attentisme”. Il a fait remarquer qu’“il en a résulté que la reprise que le secteur privé devait diriger et à laquelle nous nous attendions cette année a été retardée encore d’une année”. Selon lui, le taux de croissance actuel, de 3% en moyenne, ne suffit pas pour inverser la courbe du chômage, avec 1,5 million de jeunes arrivés ces dernières années sur le marché du travail dans le monde arabe. Masood Ahmed a ajouté que la croissance est “trop faible pour répondre aux aspirations d’une population de plus en plus impatiente”. D’après les conclusions de son rapport, le taux de croissance du PIB en Tunisie était de 3,6% en 2012 mais devrait ralentir à 3% cette année, avant de s’établir à 3,7% en 2014.
La situation est plus inquiétante en Égypte, où la croissance ne devrait atteindre que 1,8% cette année, contre le taux déjà faible de 2% en 2012, avant de se redresser légèrement à 2,8% l’an prochain. Pour rappel, l’économie égyptienne dépend fortement du tourisme, un secteur en berne depuis la révolte populaire ayant renversé Hosni Moubarak début 2011 et qui a subi un nouveau coup dur cet été avec la répression sanglante des partisans du président déchu Mohamed Morsi, destitué par l’armée le 3 juillet.
C’est pire pour l’économie libyenne, qui devrait se contracter de 5,1% cette année à cause des perturbations affectant la production pétrolière.
En effet, les mouvements de protestation sur les sites pétroliers ont déjà provoqué une chute de la production à 250 000 barils/jour contre près de 1,5 million b/j avant le déclenchement de la crise fin juillet.
La satisfaction est que le PIB de la Libye devrait néanmoins progresser de 25,5% en 2014. L’an passé, il avait fait un bond de 104,5%, compensant une contraction massive de 62,1% en 2011, année qui avait vu le renversement du régime du colonel Mouammar Kadhafi.
Masood Ahmed a mis en exergue que les conflits régionaux avaient eu des incidences sur les économies de la région, notamment au Liban et en Jordanie, qui accueillent des centaines de milliers de réfugiés syriens.
M T./Agences