Économie numérique et modernisation des systèmes financiers: Le salut de la nation?

Économie numérique et modernisation des systèmes financiers: Le salut de la nation?

Le gouvernement mise sur cette économie «new – âge» pour augmenter son PIB, ses entrées en devises et créer de nouveaux métiers qui offriront de nouveaux emplois.

Sellal avait émis le souhait à Tizi Ouzou, le président Bouteflika le lui accordé: un département ministériel spécialement dédié à l’économie numérique. Cette grande nouveauté dont a accouché le dernier «lifting» gouvernemental démontre la prise de conscience des autorités quant à l’importance de ce secteur. Le gouvernement mise sur cette économie «new – âge» pour augmenter son PIB, ses entrées en devises et créer de nouveaux métiers qui offriront de nouveaux emplois. Il veut aussi réduire les coûts de production dans les industries classiques qu’il a lancées pour être les plus concurrentielles possible.



L’automatisation des procédés de production, le développement du commerce électronique et l’instauration d’un «digital market» africain, sont les moyens les plus efficaces pour y arriver. L’heure est donc à cette nouvelle économie, qui il faut le préciser commence juste à être considérée de la sorte dans les pays les plus développés. Mais l’Algérie qui en est encore à l’âge de pierre dans les TIC, ne veut pas refaire les mêmes erreurs en ratant le train de l’économie. Elle a donc décidé de prendre le taureau par les cornes en nommant un ministre délégué auprès du ministre des Finances, chargé de l’Economie numérique et de la Modernisation des systèmes financiers. D’ailleurs, la lecture de l’intitulé de ce nouveau portefeuille ministériel démontre qu’il n’est pas là que pour faire «joli».

D’abord du fait qu’il ait été rattaché à un ministère régalien, les finances et non à celui de l’industrie ou des TIC, pour lui donner une plus grande liberté de manoeuvre et les moyens pour atteindre ses objectifs. Mais pas seulement! Le retard enregistré dans notre système monétique des plus archaïques, avec notamment un paiement électronique qui tarde à voir le jour, fait qu’on ne pourra jamais nous permettre d’aspirer à cette économie 2.0 sauf si on veut réinventer le modèle en un…«Hamiz économique». Plus sérieusement, le système monétique actuel est le «tue- économie numérique», il est même la contradiction totale d’un système qui permet son émergence! Car, il faut comprendre que quand on parle d’économie numérique, on ne parle pas seulement des technologies de l’information et de la communication (TIC).

L’économie numérique est une expression qui couvre des réalités très différentes (Ntic, commerce électronique ou e-commerce, commerce mobile ou m-commerce, économie électronique, nouvelle économie, etc.). Plus encore, cette dénomination est en perpétuelle évolution, au fur et à mesure que la technologie évolue, a contrario de notre très bureaucratique système financier qui n’a pas trop évolué depuis l’époque soviétique. Le titulaire de ce poste devra donc baliser le terrain avec une refonte totale des systèmes financiers, et leur modernisation. Et ce n’est pas un hasard que ce poste ait été confié à Moatassim Boudiaf, ex-directeur de l’organisme de régulation de la monétique (GIE). C’est à lui que, depuis sa nomination à la tête de la GIE en 2014, on a confié l’épineux dossier du paiement électronique. Il a ainsi eu à identifier les carences et mettre en place une feuille de route pour encourager la généralisation des transactions électroniques. Désormais, il a le pouvoir d’appliquer cette feuille de route pour qu’on puisse au plus vite espérer utiliser notre carte bancaire pour autre chose que de retirer de l’argent. En plus, son parcours, puisqu’il est passé par les finances et les TIC, fait de lui l’homme parfait pour cette périlleuse mission.

Ancien délégué général adjoint de l’association professionnelle des banques et des établissements financiers, ex-directeur général de sociétés privées dans le secteur des TIC, ex-secrétaire général de la Société d’automatisation des transactions interbancaires et de monétique, ce jeune technocrate à qui le gouvernement a donné carte blanche a donc tout pour réussir cette transition. Beaucoup d’espoirs reposent ainsi sur ce jeune cadre, du fait que les enjeux sont énormes. Cette nouvelle économie dite numérique est aujourd’hui au coeur de la croissance et de la compétitivité des nations et des entreprises à l’échelle planétaire. Longtemps restée spécifique, elle est devenue le secteur le plus dynamique de l’économie mondiale avec un taux de croissance double de celui de l’économie classique, dans la plupart des pays développés. Elle est le principal facteur de gain de compétitivité pour les économies de ces pays et représente désormais près de 30% de la croissance mondiale. L’économie numérique a remis en cause et a transformé en profondeur les processus de production, de distribution, de vente et de consommation des biens et services.

Cette «nouvelle économie» exige des acteurs économiques (Etat, entreprise et autres usagers) une nouvelle manière de «faire des affaires et créer de la valeur» pour laquelle Internet et ses outils et services sont à la fois le vecteur et le symbole. Le salut de notre économie pourrait donc paradoxalement venir de nos jeunes et des TIC qu’ils affectionnent, mais qui font tant peur à nos dirigeants…