Economie L’Algérie, à l’épreuve des complots et des lacunes

Economie L’Algérie, à l’épreuve des complots et des lacunes

Pour résorber le chômage, la BM demande aux pays en voie de développement de promouvoir le capitalisme. Quoi de plus évident pour une structure keynésienne. Pour l’Algérie, membre du club de ces pays à mi-chemin du capitalisme et le retour du tout Etat sur le management économique, sous la menace des velléités de fragmentation du Sahel à des fins économiques et non sécuritaires. Au Maghreb le terrorisme a de multiples facettes.

LA BANQUE MONDIALE (BM) À LA RESCOUSSE DE L’EMPLOI DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT (PED)

D’après la même source, environ 200 millions de personnes sont au chômage dans le monde.

Dans sa dernière étude, la Société financière internationale (SFI, filiale de la BM), titrée « Evaluation de contributions du secteur privé à la création d’emplois », il est fait cas des couches les plus vulnérables, à savoir les femmes et les jeunes.

La majorité des 200 millions de chômeurs dans le monde sont des femmes et des jeunes vivant dans les pays en développement. Selon la SFI, les obstacles juridiques, le manque d’accès au financement et les normes culturelles obligent souvent les femmes à travailler dans des emplois qui paient moins et sont moins sûrs.

S’agissant des jeunes, ils sont sensiblement trois fois plus susceptibles d’être au chômage et sont aussi plus susceptibles de travailler dans des emplois informels. Aussi l’étude a-t-elle dévoilé le nombre de 45 millions de personnes qui arrivent sur le marché du travail annuellement et que plus d’un tiers des entreprises étudiées à travers le monde ont été incapables de trouver des employés possédant les compétences requises.

Pour les PED, 600 millions d’emplois devront être créés d’ici 2020, pour suivre la croissance démographique. Catégorique, la BM est pour le secteur privé, lequel fournirait neuf (9) emplois sur 10. Pour arriver à bout du chômage, la BM exhorte les dirigeants de ces pays à supprimer les entraves auxquels fait face le secteur privé . Dans sa dernière étude de la SFI, il existe quatre (4) freins à la croissance du tissu privé. En premier lieu, elle cite la faiblesse du climat d’investissement.

Suivent l’insuffisance des infrastructures, le plafonnement des crédits destinés aux micros entreprises dont les PME et enfin le manque de formation et de compétences. Outre l’impact du chômage en tant que mal sociétal, l’étude conclut que si les micro, petites et moyennes entreprises (MME) sont pourvoyeuses d’emploi ,elles sont néanmoins les plus défectueuses.

LES LIMITES DES MPME

L’étude conclut que ces micros entreprises génèrent le plus d’emplois dans les pays en développement, mais produisent peu, payent moins et n’offrent pas de formation et de perfectionnement des employés. Elles créent le moins d’emplois et n’expriment pas toute leur potentialités. Par ailleurs et pour simplifier la BM a cité en exemple la technique de financement adoptée par la SFI pour créer de l’emploi.

LA SFI SUR LES PAS DE MUHAMMAD YUNUS

Un financement à un vaste réseau d’intermédiaires financiers dans les marchés émergents où 23 millions de MPME ont été financées en 2011 qui, à leur tour, employaient plus de 100 millions de personnes. En Algérie le taux de chômage est estimé

à 9% (selon le Premier ministre) même s’il est considéré comme le plus bas de l’Afrique du Nord reste qu’il est là et est pourvoyeur de tension sociale . Hier, le FMI a nommément demandé à l’Algérie d’ouvrir ses frontières avec son voisin de l’Ouest.

Avec les conclusions de la BM, doit-on y voir une ingérence dans nos affaires internes flanquée ou mêlée à la dégradation sécuritaire au Sahel et le retour en force de l’Etat dans la sphère économique nationale dopée au fioul. Pour mieux saisir cette conjoncture, nous nous sommes rapprochés   de Abderrahmane Mebtoul, expert en économie pour une lecture globale de la situation.

«EN ALGÉRIE AU BOUT DE 50 ANS NOUS N’AVONS ENCORE D’ÉCONOMIE» ABDERRAHMANE MEBTOUL

Pour cet expert, les institutions de Breton Wood’s n’ont pas changé de vision .Elles ont toujours appelé et averti contre la non-intégration du Maghreb .Selon cet expert, avec la mondialisation, les gens (les opérateurs économiques internationaux) n’investissent pas chez nous mais favorisent la croissance à travers de la complémentarité.

Pour Abderrahmane Mebtoul, ce qui prévaut à l’heure actuelle est le rôle que doit désormais jouer le Maghreb en tant que pont entre l’Afrique et l’Europe .Pour argumenter ses propos, cet expert est revenu sur les prévision des experts mondiaux du même acabit.

Ils sont unanimes à dire qu’à l’horizon 2030, la croissance va se déplacer de l’Asie vers l’Afrique .Pour M. Mebtoul, la digression est toute faite pour observer et ou étudier ce qui se passe au Sahel. Il s’agit d’une reconfiguration mondiale à échéance 20130 -2040 .Quant à l’Afrique, elle sera ,selon cet expert, un enjeu important. A la question de savoir comment se préparer à cet avènement ou pour y pallier, M. Mebtoul est formel : l’impératif est la transformation du Maghreb en vecteur dynamique.

Sur la question de la mise sur les rails de la banque du Maghreb, cet expert y voit déjà le bon pas. S’agissant de la situation économique nationale, cet expert n’a pas mâché ses mots pour tirer la sonnette d’alarme sur certaines anomalies et discordances. Pour étayer ses propos, cet expert s’est appuyé sur le constat fait par l’OMC sur notre tissu économique.

Il repose à 80% sur le commerce. Ce dernier est concentré dans le détail. De plus,note-t-il, nos PMI- PME sont familiales donc ne s’ouvrent pas à la concurrence .Ajouter à cela, l’énorme furoncle sur la peau que représente la dominance de la sphère de l’informel . Et à M. Mebtoul de conclure que nous n’avons pas d’économie après 50 ans d’indépendance.

Dans une vue rétrospective, M. Mebtoul observe qu’entre 2004 et 2013 nous avons dépensé 500 milliards de dollars pour un taux de croissance faible ! Continuant le décompte, les transferts sociaux de l’Etat sont de l’ordre de 10Mds DA. Passant sous la loupe nos modus operandi économiques, M. Mebtoul note qu’entre 2009 et 2012 , L’Algérie a connu deux politiques économiques différentes : de 2000 à 2007, nous sommes allés vers une libéralisation certes, mais qui a été mal maîtrisée.

A partir de 2007, on est revenu vers le tout Etat. Selon notre intervenant, notre économie repose sur la rente pétrolière. Parmi les conséquences immédiates, M. Mebtoul a cité le taux d’intégration qui est de 15% .Concrètement, cet expert déplore l’absence, sur le plan productif, d’entreprises.

En cause, il citera le problème de management. Pour ce qui est des IDE, l’expert a passé en revue l’usine Renault .Pour lui, elle n’est pas des plus florissantes. Il expliquera que cette future entreprise de sous-traitance va bénéficier des avantages fiscaux et du fait de son emplacement chez nous va interdire l’installation d’autres constructeurs pendant 3 ans .A Tanger, la marque au losange produira 400.000 véhicules à partir de 2014 contre 24000 en Algérie pour la même échéance. Faites vos comptes !

Djaouida Abbas