La part de l’économie informelle ou ce qu’on appelle encore marché noir est reconnue pour être importante dans l’économie algérienne. Cette solution de l’urgence ne contribue que marginalement au développement social, à l’innovation technologique, à la compétitivité internationale d’un pays.
Une vraie gangrène qui s’est insidieusement faufilée dans tous les segments de l’économie et qui, sans mesures à même de la formaliser, continuera à tromper son monde, aussi bien ceux qui la pratiquent que le pays qui la subit, car elle prive ses travailleurs de la couverture sociale et les collectivités des retombées fiscales.
Pour tenter d’apporter des réponses aux questions qui se posent sur ce fléau et, surtout, de lui trouver des solutions idoines, un colloque international de haut niveau se tiendra demain à Alger, a-t-on appris auprès des organisateurs.
La thématique qui sera abordée n’est pas des moindres puisque ce rendez-vous, qui réunira des experts économistes et autres spécialistes, se propose de mener une réflexion sur la transition vers la formalisation. Organisé par le club CARE, en partenariat avec le ministère du Commerce, le colloque se tiendra sous le thème «L’économie informelle en Algérie : les pistes d’une transition vers la formalisation».
Selon les organisateurs, M. Hernando De Soto, une sommité mondiale sur la question de l’intégration des intervenants informels dans les sphères formelles de production, d’importation et de distribution, est attendu à ce rendez-vous.
Un rendez-vous dont l’importance n’est plus à démontrer, sachant le poids de l’économie informelle en Algérie et ses répercussions négatives aussi bien sur la population que sur le pays du fait qu’»elle exclut les travailleurs de la couverture sociale et prive les collectivités des retombées fiscales de l’activité», est-il souligné par les organisateurs.
S’appuyant sur des résultats réalisés par d’autres pays dans le cadre de leur combat contre l’informel, les présentateurs du colloque tiennent à noter que «les pays émergents ont accéléré ces dernières années l’intégration de leur secteur informel» et l’Algérie, à son tour, s’engage dans cette voie.
Une voie que le pays tente d’emprunter depuis quelque temps déjà, mais sans pour autant venir à bout de cet informel qui continue de faire saigner son économie. Pour en revenir au programme du colloque international, ses organisateurs indiquent qu’il combinera les expertises des pays voisins, du monde et des universitaires algériens.
Il sera inauguré par le ministre du Commerce, M. Mustapha Benbada, et ambitionne de donner une impulsion nouvelle à la formalisation des activités non formelles en Algérie. Mais pour mener à bien cette mission de réflexion, les participants devront d’abord apporter des réponses, qui devront être par la suite notées dans un livre blanc, à de nombreuses questions : Pourquoi des entreprises préfèrent-elles la précarité de la zone hors loi à la formalisation ?
Le niveau des coûts de transaction dans un pays a-t-il une incidence sur le choix d’aller vers l’informel ? Comment amener les acteurs de l’informel à opter pour un retour vers l’économie institutionnelle ? Quel est le bilan des politiques d’intégration menées ailleurs dans ce but ? Comment les pouvoirs publics ont-ils conduit en Algérie la transition vers la formalisation ?
T. Gacem