Des experts ont plaidé jeudi à Alger pour un retour à la « contractualisation », l’ancien système de prise en charge des frais des soins, en raison de ses capacités à rationaliser les dépenses publiques.
Animant une conférence sur la thématique de « l’économie de santé », l’économiste, Larbi Lamri a appelé à un retour à ce système lancé au début des années 1990, impliquant à la fois le ministère de la Santé, celui de la Solidarité nationale et la Sécurité sociale, avant d’être abandonné quelques années plus tard. « On a raté l’occasion rêvée d’insuffler un système de santé performant.
Nul n’aurait été exclu par ce système qui offre plus d’équité, même le secteur privé aurait été mieux encadré par des conventionnements, au lieu de fonctionner dans l’anarchie comme c’est le cas actuellement », a-t-il explicité, soulignant l’intérêt de la « contractualisation » en particulier pour les couches défavorisées.
Faisant remarquer que « le développement de la santé ne doit pas se faire sur le dos des pauvres », M. Lamri a insisté pour une révision de la politique de gratuité de la santé publique ayant profité, des années durant, aux riches plutôt qu’aux nécessiteux.
Expliquant la notion d’ »économie de santé », il a indiqué qu’il ne s’agit pas de « faire des économies » et de « diminuer » les dépenses de la santé, mais de rechercher la « meilleure utilisation » des ressources financières disponibles et d’atteindre les « objectifs du développement humain ».
Ceci, a-t-il poursuivi, d’autant plus que le financement de la santé qui constitue une « préoccupation majeure » pour tous les pays, représente en Algérie 6 % du produit intérieur brut (PIB) et que la santé est l’un des secteurs qui « ne créent pas de richesses mais des services sociaux utiles », à l’instar de ceux de l’éducation, de la solidarité nationale.
Soulignant, par ailleurs, le lien étroit existant entre la santé et l’économie, le conférencier a souligné que la croyance que la santé « n’a pas de prix » ne peut plus être de mise actuellement eu égard à la croissance « soutenue » des dépenses dans ce domaine.
Intervenant lors du débat, le Pr Mansour Brouri, chef de service de médecine interne au CHU de Birtraria, a également défendu l’idée d’un retour à la contractualisation qui, a-t-il argué, aurait permis « plus de transparence et aurait situé les budgets de chaque intervenant ».
Il a déploré le fait que la sécurité sociale « ne communique pas le montant de ses dépenses pour la santé de ses assurés ».
Le Professeur a, par ailleurs, relevé la question de l’hospitalisation et des soins à domicile, de retour récemment, lesquels permettent des économies « très conséquentes » mais ne pouvant être appliqués « partout et pour tous les cas ».