Economie de l’eau, Le manque d’efficacité amoindrit les efforts consentis

Economie de l’eau, Le manque d’efficacité amoindrit les efforts consentis

Autant que la sécurité alimentaire, la sécurité hydrique revêt une problématique primordiale et névralgique pour l’Algérie, en ce début du 21ème siècle. Alors que plusieurs parties du monde se débattent dans un stress hydrique et le risque de guerre de l’eau qui plane sur d’autres pays, à l’instar du conflit qui oppose l’Egypte au Soudan et l’Ethiopie sur le partage des eaux du Nil, l’Algérie est confrontée à d’épineux problèmes au niveau de la gestion et la rationalisation des ressources mobilisables.

La problématique vient d’être posée par le ministre des ressources en eau, Hocine Necib, en révélant le 2 octobre dernier, le chiffre de 704 communes qui échappent en cette année 2014 au contrôle de l’Algérienne des Eaux (ADE), soit près de la moitié des localités territoriales du pays sur les 1 554 que compte le pays. Dans ces communes, l’utilisation des réseaux d’alimentation en eau potable n’est soumise à aucun contrôle des autorités compétentes, ce qui induit en conséquence des gaspillages énormes sans que les pouvoirs publics en charge du secteur ne puissent intervenir.



Le ministre de tutelle, lui-même, reconnaît des problèmes cruciaux en matière de fuites permanentes au niveau desdites communes alors qu’elles ne sont dotées d’aucun service en mesure de prendre en charge les travaux de réparation, ni de réhabilitation des réseaux AEP. En outre, c’est le défi de la consolidation des réseaux de distribution, qui guette le secteur des ressources en eau à court et moyen termes.

A cet égard, le ministre de tutelle avoue que, dans certaines localités et notamment les centres urbains, des réseaux AEP ont une durée d’âge qui dépasse les 40 ans et c’est à ce niveau que les gaspillages sont des plus accrus et, en conséquence, un programme de réhabilitation s’impose. De tels défis ne peuvent que favoriser la vulnérabilité hydrique du pays malgré le renforcement des programmes de développement pour ce secteur durant les dix dernières années. Pour les seules eaux de surface, l’Algérie compte actuellement des capacités de stockage qui s’élèvent à 7 milliards de m3, avec 72 barrages de grandes capacités. Durant le quinquennat 2015-2019, ce volume passera à 9 milliards de m3, a fait savoir encore le ministre, et ce, avec la mise en service de 12 nouveaux barrages dont 8 sont d’ores et déjà en phase de réalisation.

En matière d’accès à l’eau, l’Algérie semble, pour l’heure actuelle, loin des risques d’insuffisances hydriques et ce, avec une moyenne dépassant les 120 litres/habitant/jour. 60% de la population ont accès à l’eau potable quotidiennement mais, par contre, seulement 20% de la population totale du pays en jouissent en permanence sans interruption et près de 20% y accèdent une fois tous les trois jours, voire plus. Quant aux raccordements aux réseaux d’alimentation en eau potable, le taux à l’échelle nationale a atteint les 95% dans sa globalité. Mais cet indicateur, à lui seul, ne suffit pas, sachant que le défi se pose en matière de disponibilité de l’eau et non pas en d’installations de réseaux AEP.

Par ailleurs, pour ce qui est du programme national d’extension du réseau des barrages, la problématique de l’envasement demeure entière et ce n’est que maintenant que le ministère de tutelle s’apprête à lancer des opérations de nettoyage, notamment pour les barrages anciens qui ont perdu plus 50% de leurs capacités théoriques. Lesquelles opérations ne semblent pas une panacée pour le secteur, étant donné que le problème de envasement des barrages nécessite une prise en charge en amont telle que le suggèrent les spécialistes du secteur. En d’autres termes, c’est l’atténuation de l’érosion des bassins versants et la lutte contre la propagation des déchets qui s’imposent. Or, à ce niveau, aucune stratégie n’a été mise en œuvre jusque-là.

Mourad Allal (L’Éco n°98 / du 16 au 31 octobre 2014)