Economie : Ces chiffres qui inquiètent

Economie : Ces chiffres qui inquiètent
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Les effets de la chute brutale et soutenue des cours du pétrole commencent à donner leurs effets. Loin du discours triomphaliste qui glose sur la prétendue imperméabilité de l’économie nationale, l’absence d’une anticipation stratégique se révèle très coûteuse pour l’Algérie.

Les chiffres que vient de rendre publique la Direction générale de la prévision et des politiques (DGPP) du ministère des Finances sur les recouvrements de la fiscalité et la croissance de l’économie hors hydrocarbures inquiètent.

On pourrait certes se réjouir de ce que le PIB de l’Algérie ait atteint 17.731 milliards de DA (environ 221 milliards de dollars) en 2014, contre 16.570 mds de DA (196 mds de dollars) en 2013. Et que notre économie a progressé de 4,1% en 2014 par rapport à l’année précédente (contre 2,8% en 2013 par rapport à 2012).

Mais on doit tout de suite raboter notre optimisme quand on jette un coup d’œil sur le volume de la croissance de ce même PIB hors hydrocarbures. Celui-ci a en effet chuté significativement passant de 7,1% en 2013 à 5,1% en 2014.

LG Algérie

Le même constat est fait s’agissant de la fiscalité pétrolière recouvrée qui enregistre une baisse tout aussi significative chutant à hauteur de 3.388,3 mds de DA en 2014 contre 3.678,1 mds de DA en 2013. La baisse est de près de 8 % !

Fiscalité pétrolière : la vache s’amaigrit…

Autre dommage collatéral de la décrue des recettes des hydrocarbures, le Fonds de régulation des recettes (FRR, ce bas de laine algérien, alimenté à partir du différentiel entre la fiscalité pétrolière budgétisée, élaborée sur la base d’un baril de 37 dollars, et celle réelle qui est engendrée par des ventes de pétrole calculées sur un prix moyen sur les marchés internationaux, commence à fondre…

L’explosion de la dépense publique adossée à un baril pas cher a poussé les autorités à puiser de ce fonds à hauteur de 1.810,6 mds de DA.

L’autre chapitre du budget de l’Etat en 2014 est financé par les recouvrements de la fiscalité pétrolière à hauteur de 1.577,7 mds de DA.

FRR : La fonte

Pour mieux souligner la délicatesse de la situation financière du pays, la Direction générale de la prévision et des politiques (DGPP) précise que les avoirs prélevés du FRR ont atteint 2.965,6 mds de DA en 2014 (contre 2.132,4 mds de DA en 2013), soit les plus importants retraits enregistrés depuis 2000 !

Si la situation se maintient à cette cadence, ce fonds touchera le fond d’ici à trois années au maximum. Ceci d’autant plus que l’économie nationale s’est installée dans un cycle de creusement du déficit du trésor. Pour l’année 2014, ce déficit a enregistré un pic à hauteur de 2.965,6 mds de DA.

Par effet domino, les avoirs du FRR ont baissé en 2014 après prélèvements à 4.408,4 mds de DA contre 5.563,5 mds de DA à fin 2013, selon la même source.

C’est que, au-delà de l’impérieuse nécessité de rationaliser les importations et les dépenses publiques, l’Algérie est tenue de trouver urgemment un autre modèle de croissance qui ne soit pas dépendant de la fièvre du marché du pétrole. C’est tellement vital pour l’économie. Pour le pays.