Si dans son rapport du mois d’avril dernier, la Banque mondiale voyait plutôt d’un bon œil l’évolution de l’économie algérienne, lorsqu’elle établissait que la croissance du produit intérieur brut réel devrait atteindre les 3,5% du fait notamment du rétablissement des cours du pétrole, mais dans un nouveau compte-rendu, daté de mercredi dernier, elle estime que la croissance du PIB réel n’atteindrait finalement que 2,5%.
Des prévisions revues donc à la baisse pour l’année en cours et les deux prochaines, puisque pour 2019 et 2020, la Banque mondiale prévoit respectivement 2,3 puis 1,8%. Des prévisions qui ont de quoi susciter la «curiosité» sur les prochaines projections — qui ne devraient pas trop tarder à être connues – que devrait émettre l’autre institution, le FMI en l’occurrence. Quoi qu’il en soit, les spécialistes de la Banque mondiale prédisent à l’économie algérienne une croissance moyenne au-dessus des 2% pour la décennie à venir, ce qui n’est pas fait pour rassurer les milliers de chercheurs d’emploi à l’instar de ceux des autres pays de la région MENA qui «comptent d’importantes populations de jeunes instruits qui ont déjà largement adopté les nouvelles technologies numériques et mobiles et dont la population féminine est fort instruite. Si ces caractéristiques représentent un immense potentiel de croissance et de création d’emplois, la question qui se pose est de savoir si la région peut s’adapter à une nouvelle réalité économique ». Par ailleurs, le rapport présenté mercredi dernier établit également, pour 2019 et 2020, une baisse du déficit aussi bien budgétaire que celui de la balance courante. En effet, pour le solde budgétaire, la BM prévoit pour cette année une baisse du déficit à -6,9% du PIB alors qu’il était de -9% en 2017 avant de poursuivre la tendance baissière en 2019 pour n’atteindre «que» – 5,8% du PIB puis, 4,5% en 2020. Quant au solde de la balance courante, après avoir atteint 12,8% l’année dernière, il sera de 8,5% pour cette année et encore moindre en 2019 et 2020, lorsqu’il baissera à, respectivement, -7,2% puis à -5,9%. Globalement, selon la Banque mondiale, les pays de la région MENA exportateurs de pétrole enregistreront une relative embellie budgétaire grâce au redressement des cours des hydrocarbures et de la diversification de leur économie. Dans tous les cas, pour l’Institution internationale, l’Algérie, comme les pays de la région, est confrontée à plusieurs défis qui, s’ils ne sont pas relevés, pourraient décourager la reprise économique et entraver les perspectives de croissance à long terme. Ces défis comprennent le rythme inadéquat des réformes, la tentation de revenir à des politiques budgétaires procycliques et des taux de chômage élevés chez les jeunes et les femmes.
Azedine Maktour