Écrit par Bouzid Chalabi
On assiste, ces dernières années, à l’ouverture de nombreuses écoles privées de formation, dont plusieurs se disent spécialisées dans des métiers d’avenir. Mais sont-elles pour autant compétentes en la matière pour assurer une formation de qualité ? Une question qui a fait le tour de table hier lors du rendez-vous qu’organise périodiquement le Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise, « les matinales du Care».
Selon des intervenants, ce foisonnement d’écoles peut s’expliquer par le fait que de nombreux concitoyens se sont mis dans l’idée que c’est un créneau juteux, autrement dit une source de gain appréciable et, de surcroit, sans grand investissement.
« Pis, c’est la course à qui innovera en lançant des formations inédites mais il faut dire qu’entre avoir des connaissances et former, ce sont deux choses différentes », a indiqué Ahmed Rameze Belmehdi, consultant en formation et patron d’une société d’audit dans son corps de métier.
Ce dernier a par ailleurs tenu à faire remarquer que les enseignants de ces écoles sont des universitaires qui donnent des cours théoriques parfois en totale contradiction avec la formation des élèves.
Comme il a ajouté que « les enseignants ne sont là que pour arrondir leurs fins de mois sans pour autant que cela dérange le patron de l’école, c’est comme s’il existait un contrat tacite entre ces derniers et leur enseignant, tout cela au détriment de la qualité ». M. Belmehdi n’a pas caché son indignation quant au fait que cette situation perdure : « Il faudra y mettre un terme si l’on veut que ces écoles assurent des formations de qualité ». Une intervenante et non moins experte en formation ne s’est pas empêchée de dire qu’»il faut que les écoles de formation soient soumises à une obligation de compétence et non de chercher à savoir si leur patron est propriétaire ou locataire des lieux comme j’ai pu le constater à la lecture des dossiers d’agrément alors qu’il faut surtout exiger à la future école de prouver que l’enseignement qu’elle va assurer est conforme et de qualité ». Il est clair que cette condition est indispensable si l’on veut que les inscrits dans les écoles de formation en aient pour leur argent. C’est le rôle du ministère de la Formation et de l’Enseignement professionnels.
Notons que cette matinale du Care a été rehaussée par la présence d’experts internationaux dans le domaine de l’employabilité.
Et sur ce thème, tout un chacun de ces derniers a mis en exergue son point de vue. Mais ils sont d’avis que pour améliorer l’employabilité des jeunes diplômés universitaires, c’est à l’université d’opérer une mutation massive et rapide de ses pratiques et de ses orientations traditionnelles, fondées sur une culture du savoir et de la connaissance.
C’est d’ailleurs ce qu’a soulevé Fréderic Calas, coordinateur du Programme d’Appui adéquation formation-Emploi-qualification (AFEQ) non sans estimer : « On ne peut pas changer de système en conservant les mêmes méthodes pédagogiques». De son côté, Lucien Descoffres, directeur des études au Collectif d’Initiation à des Activité en recherche appliquée (Ciara) rappellera que « l’université a pour vocation première l’innovation et le savoir, donc c’est à elle de répondre aux aspirations des jeunes citoyens diplômés à construire un projet d’avenir en bénéficiant d’une formation supérieure de qualité qui leur procure les qualifications nécessaires à une bonne intégration dans le marché du travail».
En clair, orienter progressivement l’étudiant en fonction de son projet professionnel ou personnel par un système de passerelles entre différents parcours ».
Notons enfin que les débats autour de l’employabilité ont surtout tourné sur la question de la formation universitaire et le concept d’entrepreneuriat. Aux yeux de certains intervenants, il faudra se diriger vers une adéquation des besoins d’entreprises et l’amélioration des compétences. C’est d’autant plus nécessaire car, d’après un intervenant, « il faut arriver à canaliser les besoins des entreprises ». En somme, de mettre en place des passerelles entre l’université et l’entreprise. C’est là tout l’enjeu si l’on veut dynamiser l’économie du pays qui en a grandement besoin.