Selon les spécialistes, l’aversion pour l’école se propage dans le milieu des élèves et en vient même à prendre des proportions alarmantes. Inquiétant aussi bien pour le futur des générations actuelles et à venir que pour celui du pays, ce phénomène trouve son explication dans l’environnement immédiat de l’enfant, selon psychologues et pédagogues. Un environnement constitué donc de la famille, de l’école et de la rue.
Ce phénomène est bien évidemment préjudiciable à la formation et l’épanouissement de la génération de demain. Car détester l’école c’est mépriser toutes les valeurs qu’elle véhicule. Et c’est ainsi qu’on risque d’avoir toute une génération versée davantage sur les valeurs matérielles que celles fondamentales reliées à tout ce qui fait d’un être humain une personne cultivée et équilibrée.
Mais pourquoi donc nos enfants ont-ils cultivé ce rejet de l’école ? C’est autour de cette question que des psychologues et pédagogues se sont réunis hier à Oran, dans le cadre d’un colloque national, le cinquième organisé sur la question. De l’avis de ces spécialistes, la famille, l’école et la rue sont autant de facteurs ayant contribué à la propagation de ce phénomène, qui, selon eux , prend des proportions alarmantes.
Dans ce cadre, le directeur du laboratoire de recherche en psychologie et pédagogie de l’université d’Oran et président du colloque, le professeur Boufeldja Ghayat, a souligné à l’APS le rôle de la famille dans la réussite ou l’échec de l’élève dans sa scolarité. «La famille se charge de la mission de faire aimer l’école à son enfant. Parfois l’un des parents est défaillant, d’où l’aversion de l’enfant dès son jeune âge pour l’école ou son enseignant», a-t-il expliqué. «L’école représente un monde nouveau pour l’enfant, d’où sa peur et son angoisse. Le rôle des parents est primordial pour faire accepter à leur enfant ce changement. Il s’agit de lui faire découvrir les avantages de l’enseignement et les acquis cognitifs lui permettant d’avoir plus d’indépendance et de liberté», a-t-il ajouté. De son côté, Mme Yassine Amina, enseignante au département de psychologie et des sciences de l’éducation de l’université d’Oran, a abordé certains facteurs de ce phénomène qui «touche même les élèves les plus brillants», selon elle. Cette universitaire a fait part d’une enquête menée par le laboratoire de psychologie et sciences de l’éducation, chez des collégiens d’Oran de la 4e année moyenne.
Ce travail a montré que d’autres facteurs viennent se greffer aux autres déjà identifiés, comme la famille, la rue, les amis de l’élève etc. Parmi ces facteurs figure la personnalité de l’enseignant qui ne lie pas de bonnes relations avec ses élèves, ne tente pas de les comprendre, ou ne s’intéresse pas à leurs préoccupations. Dans ce contexte, l’intervenante a insisté sur la nécessité de former des enseignants et instituteurs sur les plans pédagogique, éducatif et psychologique pour une meilleure prise en charge des élèves et lutter contre ce phénomène. Quant à M. Rahali Naïm, imam de la mosquée Zine-El-Abidine d’Oran, il a mis l’accent sur le rôle des établissements cultuels dans la formation de la personnalité de l’enfant et le renforcement de sa foi qui l’empêche, a-t-il estimé, d’être absorbé par les dangers de la rue.
F. H.