École : Baba Ahmed corrige la copie de Benbouzid

École : Baba Ahmed corrige la copie de Benbouzid

Levée de la tutelle des APC sur les écoles primaires, allégement des programmes, du volume horaire et du cartable, révision des coefficients, des critères de l’évaluation continue, suppression des devoirs trimestriels et des rattrapages des élèves de 1re année moyenne, révision des conditions du recrutement externe des enseignants, ouverture de nouvelles écoles normales supérieures… sont autant de propositions faites par les conférences régionales.

Cible d’incessantes critiques et éternelles insatisfactions du fait de son importance et sa sensibilité, le secteur de l’éducation nationale pourrait enfin opérer une grande mue. C’est du moins ce que laissent présager les travaux de la journée d’étude sur la synthèse des rapports régionaux portant sur l’évaluation d’étape de l’enseignement obligatoire. La synthèse a été présentée et débattue, jeudi au lycée des mathématiques de Kouba à Alger, par les responsables, experts et partenaires du secteur en présence du ministre de l’Éducation nationale. Les déclarations et autres explications de Abdelatif Baba Ahmed (qui semblait très confiant et maîtrisant mieux qu’avant tous les détails de son secteur) ainsi que les premières résolutions des conférences régionales semblent de bon augure pour l’éducation nationale. D’autant que, selon les propos tenus par le ministre de tutelle, lors d’un point de presse, des changements pourraient bien être introduits dès la prochaine rentrée scolaire. Il dira, en effet, que “certaines recommandations pourraient bien être introduites dès la prochaine rentrée scolaire 2013-2014 et le reste le sera pour celle de 2014-2015”. Autrement dit, les recommandations faciles à appliquer et qui n’exigent pas beaucoup de temps et de moyens le seront dès septembre prochain. C’est le cas citera, à titre d’exemple, le ministre, de la révision des programmes en vue de remédier à leur surcharge tant décriée. “S’il suffit uniquement d’enlever un chapitre, c’est donc facile à faire. Mais il y a une catégorie de propositions qui nécessitent plus de temps telles que la révision des manuels scolaires”. Il faudrait donc attendre la rentrée scolaire 2014-2015 pour les concrétiser. Baba Ahmed citera également une troisième catégorie de recommandations pas vraiment faciles à concrétiser “qui nous dépassent”. C’est le cas pour la proposition portant sur la nécessité pour les établissements scolaires d’exercer en fonction des objectifs fixés d’avance. C’est une mission qui exigerait des moyens et du temps. Et que ferons-nous si l’objectif n’a pas été atteint dans le délai imparti ? Écarter le directeur ou tous les enseignants ? “Et c’est aussi le cas pour l’application du système de l’approche par compétence qui exige la formation des formateurs, l’instauration de deux sessions pour le baccalauréat Nord et Sud vu les spécificités climatiques de la région ainsi que l’ouverture des établissements à partir de 8h30”.



Des assises nationales en juillet prochain

À vrai dire rien ne semble être tranché à 100% pour certaines recommandations, l’évaluation d’étape de l’enseignement obligatoire des deux paliers, primaire et moyen, n’a pas encore fini et se poursuivra tout au long des prochains mois avec l’implication de toute personne pouvant y contribuer. “À l’issue de l’évaluation académique et celle faite sur le terrain, des travaux en ateliers spécialisés commenceront pour que les experts puissent préparer les documents de travail qui seront soumis aux assises nationales qui se tiendront au début du mois de juillet prochain avec la participation d’experts nationaux et étrangers”. “Les rapports y seront présentés et débattus en vue d’avoir une vision globale de l’évaluation et aboutir à une stratégie qui sera adoptée à moyen et à long terme”, explique Baba Ahmed. Et de faire savoir que l’évaluation de la réforme du cycle secondaire sera lancée en 2014-2015 à l’arrivée de la première vague de lycéens qui est actuellement en 1re année secondaire. Loin de remettre en cause la réforme engagée en 2003 par son prédécesseur, le ministre de l’Éducation nationale campe sur sa traditionnelle position, à savoir “ne pas toucher au fond de la réforme qui est une réforme d’État et non de personne, mais lui donner un second souffle en gardant ses points positifs et en remédiant à ses points négatifs”.

Constat et propositions des conférences

L’évaluation d’étape a touché quatre principaux axes du système éducatif : les programmes d’enseignement, la formation des formateurs et l’amélioration de leur niveau, conditions de scolarisation et égalité des chances de réussite et la modernisation de la gestion pédagogique et administrative. Le constat établi pour chaque axe n’est pas reluisant et est connu de toute la famille de l’éducation. Les lacunes recensées datent de plusieurs années notamment en ce qui concerne les programmes et les conditions de scolarisation des élèves. Les rapports régionaux citent antre autres : la surcharge des programmes scolaires notamment pour le cycle moyen, non-adaptation de ces programmes au niveau des élèves comme c’est le cas des manuels d’histoire des 3e et 4e années primaires, surcharge des classes, déséquilibre dans la répartition des trois trimestres (le premier est long, le dernier est trop court), non-adéquation entre les coefficients et les matières enseignées, outils d’enseignement très traditionnels, manuels non pratiques… Abordant l’évaluation pédagogique, les rapports relèvent les limites de celle-ci en raison de l’absence de critères scientifiques et le manque de formation des enseignants. Autres lacunes : le recrutement direct des diplômés sans formation préalable, la suppression des examens écrits et des tests psychologiques, manque d’enseignants de langues étrangères et de la langue amazighe. Les recommandations relatives à l’évaluation pédagogiques des élèves portent sur la suppression des devoirs trimestriels pour ne garder que les évaluations mensuelles et les compostions, suppression des rattrapages des élèves en 1re année moyenne et permettre aux conseils de classes de décider de leur sort, la révision des coefficients des matières scientifiques et la création de banques de données sur l’évaluation pédagogique. L’accent a été mis aussi sur la levée de la tutelle des APC sur les écoles primaires, le retour au système de la demi-pension, la coordination entre le MEN et le MESRS dans la formation des enseignants, l’ouverture d’écoles normales supérieures à travers le pays, formation selon les besoins, valorisation du diplôme universitaire, retour au système des conférences pédagogiques encadrées par les inspecteurs et la multiplication des visites d’inspection.

M B