Éclairage,Que va faire la France ?

Éclairage,Que va faire la France ?
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C’est finalement la France, toute seule malgré les apparences, qui est intervenue au Mali. Certes pour répondre à l’appel du président malien mais aussi et surtout pour réparer un tant soit peut les dégâts collatéraux de son intervention brutale et désordonnée en Libye.

C’est cette guerre inutile, au vu des résultats qu’elle a engendrés, qui a mis à la disposition des djihadistes des armes qu’ils n’auraient jamais rêvé d’avoir sans le coup de pouce indirect de Sarkozy. Mais maintenant que les troupes françaises sont au Mali, quels sont les plans pour les prochains jours, voire pour les prochaines semaines ? La rapidité de l’intervention répondait à un besoin urgent : stopper les islamistes et les empêcher d’aller plus loin.

La chute de Bamako aurait constitué un désastre local et une menace sérieuse pour la paix et la sécurité dans toute la région. Si la position des autres capitales est claire à ce sujet puisque même le Burkina — co-parrain des négociations de paix avec l’Algérie— vient d’annoncer qu’il participait à l’opération, les yeux se tournent vers Alger qui a observé, du moins jusqu’au moment où nous rédigeons cet article, un silence gêné. Pourtant, notre diplomatie, si critiquable pour son manque de perspicacité, n’est nullement responsable de la situation actuelle et on peut dire qu’elle a été trahie par le mouvement Ansar Dine en lequel elle avait placé toute sa confiance.

Une autre certitude : l’Algérie va appuyer sur le bout des lèvres cette intervention en souhaitant qu’elle se limite à des actions de soutien aérien à l’armée malienne et qu’elle ne dure pas longtemps, évoquant le risque d’enlisement et celui d’embrasement. Mais, sur le terrain, que va faire la France ? En tenant compte des réserves algériennes et de la situation propre à cette région, il est probable que l’action des militaires français se limite à stopper l’avancée des islamistes. C’est, de prime à bord, la mission confiée à cette intervention.

Il ne s’agit pas, du moins pour le moment, de faire la chasse aux groupes islamistes disséminés dans une zone plus grande que la France. Consolider la ligne de démarcation et revenir à la situation précédente, écarter toute nouvelle menace d’incursion terroriste, voilà les objectifs du moment. En fait, ce n’est pas l’envie d’aller liquider les nids islamistes qui manque à la France. Mais il faut prendre en considération l’affaire des otages. Si Aqmi comprend que les militaires français vont rester au centre du pays et qu’ils n’ont aucune intention de monter plus haut, elle pourrait laisser sauve la vie aux otages.

Le chantage serait alors du genre «si vous avancez, on tue les otages !» Un événement de dernière minute rend encore plus complexe une éventuelle opération de libération par la force : le ratage d’une intervention semblable en Somalie, grosse erreur tactique qui s’est soldée par la mort du prisonnier lui-même et de deux militaires. Le timing de cette opération est visiblement un très mauvais choix des décideurs français qui n’ont pas pris en considération l’impact psychologique d’un éventuel échec. Une autre raison pourrait justifier le refus de monter plus haut est l’absence d’un plan de bataille adéquat. Il semble que la France ait été prise de court puisque dans l’ancien scénario, il s’agissait de préparer une force africaine pour une intervention qui devait se faire bien plus tard. Or une action en profondeur ne peut se limiter à l’utilisation exclusive des avions et des hélicoptères et la présence de forces terrestres est obligatoire.

Enfin, la dernière raison qui obligerait les forces françaises à rester sur place et à ne pas pourchasser les terroristes est le risque de les voir fuir vers le Nord, c’est-à-dire vers l’Algérie. Notre pays ne veut pas de cette éventualité et refuse que les combats se rapprochent de nos frontières. En attendant de connaître les objectifs réels de cette intervention, contentons-nous de relever qu’elle a déjà atteint son premier objectif déclaré puisque les terroristes se sont repliés vers leurs positions d’avant mercredi 9 janvier 2013.

M. F.