Le référendum sur la régionalisation au Maroc qui aura lieu le 1er juillet prochain risque d´avoir de lourdes conséquences sur le processus de recherche d´une solution pacifique au conflit sahraoui qui dure depuis bientôt 36 ans.
Ce projet de régionalisation avait été annoncé par le Roi Mohammed VI en janvier dernier, c´est-à-dire le lendemain même des protestations pacifiques du camp de toile de Al Ayoune, qui avaient donné le coup d´envoi des manifestations populaires dans le reste du Monde arabe, y compris au Maroc. Ce camp de Gdeim Izik avait été pris d´assaut avec une rare brutalité dès que la confirmation avait été faite que les revendications des Sahraouis étaient indépendantistes et non sociales, comme on voulait le faire accréditer depuis Rabat. Il est évident que l´intention du Maroc était de noyer la question sahraouie dans son projet de régionalisation. Une attitude qui vient confirmer son peu de conviction pour une solution juste du problème du Sahara occidental à laquelle s´emploie activement M. Christopher Ross. En décidant d´annexer ce qu´il appelle les « provinces du Sud » à travers sa loi-cadre, le royaume du Maroc ne laisse pratiquement plus aucune chance à l´envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, de prospecter une solution qui respecte le droit du peuple sahraoui à l´autodétermination par la voie d´un référendum. Vers la mi-juillet prochaine, les deux parties impliquées dans le conflit sahraoui devraient se revoir pour un septième round. La Constitution marocaine sera déjà en vigueur et l´on se demande alors ce que la délégation du Front Polisario ira négocier avec son homologue marocaine. La politique du fait accompli, sans doute, que le président Mohamed Abdelaziz a dénoncée, ce week-end dans sa lettre au SG de l´ONU. Le prochain round est donc voué à l´échec, tout comme les précédents, tant que le Maroc s´obstinera à vouloir mettre sur la table son plan d´autonomie comme unique base de travail. Les portes resteront donc fermées en raison de l´inflexible position de la délégation marocaine qui sera plus radicale encore une fois que le peuple marocain se sera prononcé, comme il faut s´attendre, sur le sort du Sahara occidental. La presse internationale libre et impartiale a déjà été invitée à s´abstenir de se rendre sans autorisation au Sahara occidental où seuls les colons marocains feront la queue devant les bureaux de vote.
Une fois de plus, Christopher Ross devra œuvrer activement pour que des progrès soient enregistrés durant le septième round contrairement à la rencontre du 6 au 7 juin dans la localité de Manhassat, près de New York, qui n´a pas été féconde parce que les deux parties ont campé sur leurs positions. Face au plan d´autonomie pour l´ancienne colonie espagnole, le Front Polisario entend rester intransigeant sur la tenue d´un référendum d´autodétermination du peuple sahraoui. Pour décider de l´avenir du Sahara occidental, par les Sahraouis et non par les Marocains « pour arriver à une solution politique du conflit du Sahara occidental qui soit juste et acceptable sur la base du droit à l´autodétermination du peuple sahraoui, les deux parties devront approfondir leurs discussions autour de leurs propositions », selon toutes les résolutions adoptées jusque-là par le Conseil de sécurité de l´ONU.
Le seul référendum dont les Sahraouis n´ont pas besoin est celui de jeudi prochain. Cette consultation populaire élargie à un territoire non autonome, placé sous la responsabilité de l´ONU, venue compliquer la tâche de la communauté internationale qui a été, jusque-là, incapable de faire valoir le droit pour en finir avec le seul problème de´colonisation qui se pose encore en Afrique.
B. H.