La première conférence de presse du ministre de la Justice, garde des Sceaux a fait beaucoup réagir…
«Au lendemain de la tenue de la première conférence de presse depuis son installation à la tête de la justice, il y aura bientôt une année, Tayeb Louh, le ministre de la Justice, garde des Sceaux doit penser qu’il est temps de passer à la vitesse supérieure et faire en sorte d’avoir le maximum de partisans de la réforme initiée par Bouteflika» nous confie une magistrate du siège, heureuse d’avoir obtenu satisfaction car elle a été désignée dans une juridiction près du home et surtout du médecin qui la traite.
Un autre procureur de la République qui entre dans sa 15e année d’exercice, trouve juste de saluer l’action du ministre car, dit-il, le menton haut, plus de 800 magistrats ont vu leurs voeux exaucés. Et ce sera tant pis pour ceux qui ne se montreront pas à la hauteur. Un président de cour est désolé que le conseil de la magistrature n’ait rien entrepris pour garder une immense magistrate dépitée par tant d’ingratitude pour avoir donné près de 30 ans le meilleur d’elle-même. «Honnêtement, je pense qu’elle aurait pu être nommée présidente de cour. Elle ne l’aurait pas volé. Côté avocats, les échos, sont mitigés.
«Depuis le temps que l’on nous mène en barque, surtout entre 2003 et 2012, nous ne pouvons pas avoir confiance en ce ministre qui a pourtant déjà tant entrepris. Jusqu’à présent, seule sa «devise: pas de justice forte sans défense puissante» reste à l’état de slogan. Une autre avocate de Sidi Bel Abbès dit tout son soutien en l’action de Louh qui a le privilège et le courage d’engager des actions précises allant dans le sens de créer de vives conditions d’une justice équitable, performante, juste et surtout efficace, sans quoi, la réforme perdrait de son sens le plus aigu.».
Une autre avocate de Tipasa se dit optimiste dans la tentative du ministre de chercher et trouver de nouvelles démarches en vue de solutionner le grave problème du considérable volume des affaires entassées dans les casiers de la Cour suprême dont un autre axe est en voie d’être abordé: «La constitutionnalité des lois et les nombreuses questions liées à ce fondement du respect des lois».
Un procureur général motivé par l’action de Louh pense qu’il est temps pour toute la magistrature de suivre le mouvement de la réforme ou de partir même s’il regrette au passage le jet de l’éponge d’une précieuse et lumineuse magistrate qui a trouvé le trou à travers lequel elle peut claquer la porte pensant que trop de magistrats de «bas étage» ont été promus ces dernières années sur les résultats de son engagement et de son abnégation.
«Je suis sûr que Si Tayeb pourrait la faire revenir en concertation avec le conseil supérieur de la magistature, mais ce serait une «première» chez nous et je ne pense sincèrement pas une seconde que cette dame pourrait revenir», articule ce bon vieux magistrat qui attend de pied ferme le mouvement des présidents de cours et des procureurs généraux avec le secret espoir de voir des femmes nommées aux côtés de celles déjà en exercice.
La formation du magistrat est le point vital de la réforme, selon le ministre qui a un ardent supporter, en l’occurrence, Maître Benouadah Lamouri qui est connu pour être un amateur d’une profonde mutation du parquet, car à chaque fois qu’il plaide, il a des choses à dire autour de l’opportunité des poursuites: «Le ministre a raison lorsqu’il prône une – réforme profonde permettant au parquet de contribuer largement à l’élaboration d’une politique pénale nationale dans le strict respect de la loi et de la procédure garantissant l’exercice des libertés individuelles et collectives ainsi que les droits fondamentaux du citoyen – oui, le ministre a raison lorsqu’il cherche à voir le parquet – maillon premier de l’autorité judiciaire. C’est de bon augure» dit le vieil avocat qui entre dans sa 30e année de joutes à la barre. Et ce n’est pas rien!
Un juge du siège traînant le quart de siècle d’exercice a déploré que certains ne veulent pas comprendre que le ministre de la Justice n’a rien à voir avec le siège. Il ne peut, en aucun cas, se mêler d’un dossier dont il ne connaît ni les tenants ni les aboutissants: «Pourquoi donc tient-on à mouiller le ministre de la Justice avec la décision souveraine du président de la République d’écarter quelqu’un qu’il a nommé? Ce n’est pas gentil de vouloir gêner Louh accaparé, qu’il est, par la «charrue-réforme». Il n’a pas le temps de chercher si la Constitution permet à tout citoyen de se plaindre.
Un avocat dont la moitié est magistrate du parquet se dit heureux que le ministre ait annoncé des mécanismes et moyens modernes permettant au ministère public d’assumer pleinement ses missions de direction de l’action publique en s’impliquant davantage et en prenant l’initiative dans le déclenchement et la conduite datés près de l’enquête préliminaire. Le défenseur s’est dit aussi «ravi que le parquet se saisisse rapidement en cas de violation du respect de la propriété intellectuelle».
Un président de chambre se dit tout de même déçu qu’après plus de 300 jours, le ministre n’ait pas encore mis de l’ordre au cabinet: «Pour le moment, il n’a que trois ou quatre cadres sur lesquels il peut franchement s’appuyer. Je peux vous citer, outre le chef de cabinet, la communication, un ou deux directeurs vaquant sur la modernisation et l’inspecteur général qui bosse plus qu’un étalon en pleine prairie», articule le magistrat qui lance un appel en direction de tous les incompétents de partir avant qu’ils ne soient…
Maître Samir Agounizera, le jeune avocat d’Alger a souligné que le renforcement du parquet est une excellente initiative car les officiers de la police judiciaire se sentiront mieux dans leurs investigations dans les enquêtes souvent minées par des lenteurs qui souvent n’ont pas leur raison d’être: «Et ici, Tayeb Louh a bien raison de se montrer exigeant du ministère public qui demeure, qu’on le veuille ou pas, la moelle épinière de la justice», dit en souriant Maître Agounizera qui ne souhaite que le succès de la réforme.
Maître M’hamed Yahia-Messaoud trouve lui, un peu lourd cette histoire de «protection de témoins dans les affaires criminelles et le nombre exaspérant de dossiers pendants à la Cour suprême avant d’ajouter qu’il faut beaucoup d’éclaircissements à propos de la diminution du nombre effarants de pourvois. L’exemple de pourvois autour des amendes et du sursis.
Que certains parquetiers et justiciables cessent de balancer des pourvois à tort et à travers. Pourquoi donc lance-t-on un pourvoi alors que le verdict est en droite ligne avec l’esprit de justice?» questionne l’avocat qui se demande de «quelle conciliation s’agit-il au niveau de la Cour suprême si ce n’est un autre «embouteillage»? Si c’est du civil, du foncier et autres, oui. Mais le pénal, de quelle conciliation peut-on discuter? Cette remarque de Maître Yahia-Messaoud vise les propos du président du syndicat national des magistrats, tout comme il est d’accord pour augmenter le nombre de chambres comme l’avait suggéré Maître Mostefa Bouchachi lors d’une émission télévisée.
Maître Yahia-Messaoud qui ne dit jamais rien pour rien, estime que Tayeb Louh est arrivé en retard, certes, à la tête du département «chéri» par Bouteflika, mais estime qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire surtout que ce ministre maîtrise très bien la chose pour ne pas savoir tracer sa démarche jusqu’à présent irréprochable et donc placée sous de bonnes auspices.