Un nouveau phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur a fait irruption dans la société algérienne : de plus en plus d’enfants se déclarent avoir été enlevés par des personnes plus âgées qu’eux, alors qu’il n’en est rien. Au-delà de leurs déclarations, il s’agit souvent de simulations de kidnappings, des mobiles auxquels ils recourent afin d’échapper aux punitions de leurs parents suite à de mauvais résultats scolaires ou en raison de conflits familiaux ou de voisinage.
Ainsi, et en seulement 45 jours, pas moins de vingt cas de faux enlèvements ont été traités par les services de sécurité.
L’échec scolaire est devenu un mobile incitant de nombreux enfants à fuguer, de peur des réactions de leurs parents. Ce qui s’est passé récemment à Blida, à Alger ou encore à Sétif et à Tipasa ne sont, finalement, que les signes d’un nouveau phénomène en vogue.
De plus en plus de mineurs, âgés entre 6 et 16 ans, recourent aux faux enlèvements pour tenter d’échapper aux punitions infligées par leurs parents au lendemain d’échecs scolaires. De peur d’être sévèrement punis, certains ont l’idée de simuler un rapt. C’est le cas des deux filles, âgées de 9 ans, originaires de Blida, qui, il y a une semaine, ont été déclarées kidnappées dans la commune d’Ouled Yaïch. Les deux fillettes se présenteront, le jour même, au siège de la gendarmerie de la brigade de Bouinane pour se plaindre d’un enlèvement avorté.
Elles déclareront avoir été kidnappées par deux individus à la sortie de leur école, sise à Ouled Yaïch, qui les auraient transportées par la suite jusqu’à Bouinane, affirmant avoir fini par échapper à leurs ravisseurs. Une plainte qui a poussé les services de gendarmerie à déclencher une alerte sur tout le territoire de la wilaya, et à la mobilisation de 150 gendarmes pour l’arrestation des deux présumés ravisseurs.
En parallèle, des psychologues ont été dépêchés pour prendre en charge les deux fillettes, d’autant qu’elles pouvaient encourir un traumatisme suite à leur enlèvement présumé.
Mais après plusieurs séances d’entretien, les psychologues s’apercevront que les deux filles en question ne présentaient aucune séquelle psychologique et n’avaient pas, en fait, été victimes d’un kidnapping, et qu’elles avaient tout simplement fugué suite à de mauvaises notes scolaires au deuxième trimestre.
Pour confirmer ce que les psychologues avaient avancé, les gendarmes contacteront le directeur de l’école, lequel déclarera que les deux écolières étaient absentes toute la journée du mercredi. Après enquête, il s’avérera que les deux fillettes avaient pris le bus pour Bouinane afin de faire croire aux gendarmes et à leurs parents que des agresseurs les avaient transportées de force loin de leur commune.
A El-Afroun, un scénario similaire a été vécu par la gendarmerie. Un père, accompagné de son enfant âgé de 9 ans, s’est présenté aux gendarmes pour déposer une plainte pour kidnapping. Le garçonnet avait fait croire à ses parents que deux individus à bord d’un véhicule de couleur noire avaient essayé de le kidnapper. En fait, l’enfant n’avait été victime d’aucune agression et essayait tout simplement de faire oublier à ses parents ses mauvaises notes scolaires, de peur d’être puni.
Elle simule son enlèvement pour venger sa famille
Les enlèvements virtuels se sont multipliés ces derniers temps, les méthodes divergeant selon les mobiles malicieusement conçus par les enfants. En plus de ceux déclarant avoir été enlevés par des inconnus afin d’échapper aux punitions de leurs parents, certains, comme cela a été le cas d’une jeune fille à Bir Mourad Raïs, simulent un kidnapping par un voisin afin de venger leur famille.
Ainsi, dans ce dernier cas, un litige opposait les voisins. Agée de 17 ans et résidant à Bir Mourad Raïs, cette fille, une mineure, a eu l’idée de déclarer aux policiers qu’elle avait été enlevée par une jeune personne qui, selon ses dires, n’était autre que son voisin. Les faits de cette affaire remontent à la fin du mois de février dernier lorsque la sûreté de Bir Mourad Raïs reçoit un appel téléphonique de la part de la prétendue victime, disant avoir été enlevée par son voisin résidant dans un quartier de sa commune.
Et ce n’est pas tout, elle affirmait aussi avoir été victime de coups et blessures de la part de son ravisseur qui, selon elle, l’avait emmenée de force dans un véhicule et séquestrée durant cinq heures, et ce avant qu’elle ne perde son téléphone portable. Partant de ces constatations, les éléments de la police judiciaire de la sûreté de Bir Mourad Raïs ont, avant tout, appelé le père pour qu’il dépose une plainte pour enlèvement de sa fille suivie de coups et blessures volontaires, et ce afin de leur permettre de passer officiellement à l’action.
Le père se présentera au commissariat et y déposera une plainte contre son voisin, ce qui a permis aux policiers d’actionner le plan d’alerte et de mobiliser plusieurs centaines d’éléments, à la recherche de la victime. En l’espace d’un temps record, les policiers ont réussi à localiser le ravisseur, qui sera très vite arrêté.
Ce dernier niera, lors de son interrogatoire, avoir enlevé sa voisine, expliquant aux enquêteurs où il se trouvait durant la journée. Il révélera aussi aux policiers qu’un litige existait entre lui et la famille de la jeune fille, pour lequel la justice avait tranché en sa faveur.
Poursuivant leur enquête, les enquêteurs ont recouru à l’écoute des appels téléphoniques de la jeune fille et de son voisin. Les policiers découvrent alors que la jeune fille n’avait pas perdu son téléphone portable, comme elle le prétendait. Bien au contraire, son téléphone avait été utilisé par cette dernière tout au long de la journée.
Ce qui a permis aux enquêteurs de faire toute la lumière sur ce faux enlèvement orchestré par la fille, qui aurait en fait agi de cette manière afin de culpabiliser son voisin et venger sa famille, en raison du litige. La mise en cause a été interpellée par les policiers et présentée devant la justice pour fausse déclaration d’enlèvement. Elle a été placée sous mandat de dépôt par le parquet de Bir Mourad Raïs.