Selon le Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), les carences enregistrées dans la formation des enseignants sont à l’origine de 50 % des cas d’échec scolaire. Meziane Meriane, président du syndicat, déplore ainsi le recrutement sur le tas des enseignants.
Le défaut de formation des enseignants et des instituteurs a été sérieusement, pointé du doigt ce mercredi matin par le président du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (SNAPEST). Intervenant sur les ondes de la chaîne III, Meziane Meriane affirme que l’Ecole algérienne est actuellement en train de «recycler l’échec».
De fait, le Snapest déplore le recrutement sur le tas qui bat son plein actuellement. «Pour exercer en tant que médecin on vous exige le diplôme de médecin. Mais pour être enseignant, il suffit d’avoir un diplôme de l’université, c’est insuffisant», dit-il tout en appelant à un recrutement scientifique et méthodique. M. Meriane s’interroge sur les instituts de formation pédagogique dont on n’entend presque plus parler.
Pour lui, le enseignants en formation ont besoin «d’un apport psychopédagogique pour conduire leur classe, transmettre des valeurs, transmettre le programme». L’enseignant a besoin «de subir un stage de formation accélérée pour qu’il acquérir des connaissances psychopédagogiques», a-t-il ajouté.
Des propos qui remettent en cause de facto la qualité de l’enseignement et avec elle «les méthodes d’évaluation» notamment. «Je peux élaborer des sujets de bac pour 2013 et atteindre 100 % de réussite. Mais est-ce que j’ai atteint l’objectif de la qualité ? Actuellement, on constate que du côté quantitatif on n’a rien à envier aux pays développés. Mais la qualité fait défaut. Il ne suffit pas d’avoir quelques mentions très bien pour dire que l’objectif est atteint. Il faut voir le nombre de mentions passable et sans mention».
Pour avoir un enseignement de qualité, M. Meriane préconise de «spécialiser nos enfants précocement en allégeant leur quotidien et les chapitres à étudier. Les former dans une certaine direction en détectant leurs capacités intellectuelles. Il faut jeter des passerelles avec la formation professionnelle. Ce qui va diminuer le nombre d’élèves par classe et l’élève doué se retrouvera beaucoup plus à l’aise dans ses études».
Mais pour aller vers une spécialisation, l’Ecole algérienne a besoin de «recréer les conseils pédagogiques et les tests psychopédagogiques qu’on faisait dans le temps. Actuellement l’orientation fait défaut et cela a fait chuter le niveau», relève-t-il.
Enfin, à la question de savoir pourquoi avons-nous autant de difficultés à réformer le secteur de l’éducation, M. Meriane dira : «Il y a énormément de contraintes qui peuvent venir du point de vue de la stabilité politique. L’Ecole algérienne véhicule une certaine idéologie. Il faut arriver à trancher définitivement le projet de société quitte à aller vers un consensus pour mettre l’école à l’abri de toute ingérence du politique.» Le premier responsable du Snapest revient dans ce contexte sur la genèse de l’Ecole algérienne qui a fini par déboucher sur des années de terrorisme. «Nos responsables se sont précipités pour changer l’école coloniale et lui donner la touche de l’idéologie de notre nation. Et puis vient en 1976 l’école fondamentale qui a montré ses tares. Elle a été trop instrumentalisée à des fins politiques pour déboucher sur une décennie noire. La réforme de 2003 est venue corriger les bavures constatées dans l’école fondamentale et précisément dans certaines matières comme l’éducation islamique.»
Réforme Benzaghou : «Elle a été appliquée partiellement»
Meriane appelle à revenir à la réforme dite Benzaghou qui «n’a pas été appliquée dans sa totalité», s’interrogeant sur les raisons de cette application partielle. M. Meriane recommande aux voix qui se sont élevées pour dire que ce rapport est dépassé d’expliciter clairement ce qui est dépassé à leurs yeux. «C’est très grave de dire que c’est dépassé parce qu’il y a des scientifiques qui se sont penchés dessus. Ils y ont passé plus de deux ans. La réforme a été initiée par un scientifique qui est bien connu sur la scène nationale M. Benzaghou», dit-il. Selon M. Meriane : «On peut trouver des bavures à corriger. Mais on ne peut pas dire qu’elle est dépassée.»Sur un autre volet, le syndicaliste déplore la suppression de «l’approche par compétence» contenue dans ce même rapport qu’il qualifie d’«une bavure monumentale». «C’est elle qui fait la différence entre l’ancien système et le nouveau», explique- t-il.
A. B