Echanges entre pays maghrébins faibles, L’espace économique reste à construire

Echanges entre pays maghrébins faibles, L’espace économique reste à construire

Les pays du Maghreb espèrent toujours construire un espace économique commun. La vision est loin d’être l’utopie d’un discours de dirigeant. Pragmatisme oblige, les Etats du Maghreb traversent le paradoxe de leurs économies.

D’un côté, une croissance assez poussée pour le Maroc et moins ces derniers temps pour la Tunisie et de l’autre une économie dépendante des hydrocarbures pour la l’Algérie et la Libye alors que la Mauritanie s’efface par rapport à son faible apport au PIB maghrébin. Pourtant, les pays de la région multiplient les initiatives pour créer une zone maghrébine d’échanges et des projets qui conforteraient, plus tard, leur union économique.

Si les échanges commerciaux ne dépassaient pas les 2 à 3% durant ces 10 dernières années, la surprise est de taille lorsqu’on annonce que les échanges commerciaux pour ont grimpé le seuil des 18% totalisant les 2,16 milliards de dollars selon les derniers indices du CNIS. Rien ne préfigure à cette hausse du moment que le « printemps tunisien » et la « révolte libyenne » n’auguraient pas une croissance des échanges.

Pourtant, certains experts continuent d’être optimistes face à une levée de boucliers de la part des pays comme le Maroc et la Tunisie. Si on prend ces deux pays, les échanges avec l’Algérie n’ont pas pâti de l’environnement exécrable durant l’année 2011.

L’Algérie a réussi à exporter à la Tunisie plus de 531 millions de dollars et a importé pour une valeur de 428 millions de dollars. Ce qui équilibre les deux balances. Le Maroc figure aussi dans le palmarès des premiers clients pour l’Algérie qui, lui, exporte 936 millions de dollars et en importe pour plus de 240 millions de dollars.

La Libye et la Mauritanie restent le parent pauvre dans l’équation des échanges commerciaux dont le changement qui a affecté le premier et le retard structurel du second ne pèsent pas encore sur la balance des échanges maghrébins.

Cela s’explique par une faiblesse du volume des échanges avec l’Algérie où les indices montrent que les échanges avec la Libye ont chuté de 193% en 2011 ne dépassant pas les 11,41 millions de dollars (54 millions de dollars en 2010) alors qu’avec la Mauritanie, le volume reste très faible avec 661.000 dollars !

Pour ce qui des exportations algériennes, celle-ci a exporté vers les pays de l’UMA pour un montant de 1,48 milliard USD contre 1,28 milliard USD en 2010,en hausse de 15,46%, et en a importé pour une valeur de 677 millions USD contre 544 millions (+24,5%), selon le CNIS.

Ce qui ressort donc, c’est un tableau où « l’homogénéité économique est absente » selon un spécialiste tunisien. Les économies maghrébines, relèvent des analystes, sont à la recherche d’un facteur qui favoriserait leur complémentarité d’autant que les cartels de certaines régions comme c’est le cas de l’Union européenne, l’Asean pour les pays d’Asie du sud-est, le Comena pour les pays de l’Amérique latine démontrent que les « blocs soudés » peuvent s’ériger en force et constituer un pôle de croissance des échanges avec d’autres régions du monde.

Ce n’est pas encore le cas du Maghreb qui depuis « l’initiative Eisenstadt » proposée par l’ancien secrétaire du Trésor américain de Bill Clinton. Les pays maghrébins ont des atouts en main pour un espace économique commun mais face aux blocages et réticences de certains dirigeants, l’on préfère se cantonner au strict minimum.

Fayçal Abdelghani