L’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) fait preuve d’une grande mobilisation ces derniers mois, afin d’assumer sa mission de » pompier » dans le cadre du Pacte économique et social, qu’elle a contracté avec les pouvoirs publics, sans pour autant se démarquer de sa vocation initiale de défendre les intérêts de la classe ouvrière et du monde du travail en général.
Deux missions diamétralement opposées qui ont valu bien des débâcles à la Centrale syndicale, la reléguant au fond de la lutte syndicale en Algérie. L’on assiste en effet, ces derniers mois, à une mobilisation toute particulière des troupes d’Abdelmadjid Sidi Saïd, afin de reconquérir un terrain perdu au profit des corporations syndicales autonomes et aux différents courants de contestation citoyens.
Le patron de la Centrale syndicale s’est dépêché récemment dans la wilaya d’Ouargla, fief de la contestation des jeunes chômeurs, afin de tenter d’éteindre les feux et rétablir l’ordre. On l’a vu ainsi promettre des monts et merveilles à une jeunesse désabusée et qui ne croit plus aux promesses des autorités.
Pour preuve, les efforts consentis par le gouvernement Sellal et le lot de mesures apporté aux contestataires, n’ont pas pour autant apaisé la tension qui règne au sud du pays. Sur un autre front, l’Ugta tente tant bien que mal de se repositionner dans les luttes syndi- cales, afin de se racheter aux yeux de ses syndiqués et comme pour rappeler au commun des Algériens, qu’elle est toujours là à défendre les intérêts de la classe ouvrière.

La grève enclenchée récemment par les communaux de la wilaya d’Alger en est la parfaite illustration. L’appel au débrayage de l’Ugta a été massivement suivi, alors qu’autrefois indifférente aux mouvements de grève menés par les syndicats autonomes. Elle a même fait l’exception d’une grève nationale des communaux à l’appel du Syndicat national autonome des praticiens de l’administration publique (Snapap).
C’est dire tout de même, les tentatives désespérées de l’UGTA pour reconquérir du terrain en cette conjoncture cruciale marquée par la montée des luttes syndicales et l’ébullition sociale dont l’emploi figure parmi les revendications les plus prioritaires. Aussi, faut-il rappeler qu’il y a quelques semaines, les employés d’Algérie Poste avaient entamé une grève de plusieurs jours pour revendiquer la prise en charge de leurs doléances socioprofessionnelles et dénoncer l’immobilisme de leur syndicat Ugta. Ce dernier, bien que » renié » par une bonne partie des travailleurs, tente de s’accrocher en participant aux pourparlers avec la direction de l’entreprise.
Il s’agit bien entendu pour la centrale de Sidi Saïd, de contenir la colère des travailleurs et de diriger leurs actions syndicales dans le sens voulu, conformément au Pacte économique et social qui met l’intérêt de l’économie nationale et la préservation du tissu social au-delà de toutes les considérations.
Bien que l’Ugta ne soit pas parvenue à calmer la colère des jeunes chômeurs d’Ouargla, et des autres wilayas du sud du pays, bien qu’elle n’ait pas pu organiser d’imposantes grèves, elle tente tout de même de se repositionner sur le plan syndical. Une attitude loin d’être fortuite, en dépit de l’étroitesse de sa marge de manœuvre auprès des travailleurs, n’était-ce l’appui dont elle jouit de la part des appareils de l’Etat et du Gouvernement. Autrement dit, l’heure a sonné pour la Centrale syndicale afin d’accomplir au mieux son rôle de pompier sur une scène sociale très mouvementée et qui se radicalise.
Par M. Ait Chabane