Ebullition au moyen-Orient et en Afrique du Nord,Les Américains tâtent le pouls

Ebullition au moyen-Orient et en Afrique du Nord,Les Américains tâtent le pouls

Entre Alger et Washington les relations confinées à l’aspect sécuritaire touchent désormais d’autres secteurs stratégiques.

Comme du lait sur le feu. Les Américains suivent avec attention l’évolution de la situation au Moyen-Orient et particulièrement dans les pays d’Afrique du Nord. Une région brusquement secouée par des révoltes et qui a basculé vers l’islamisme. Ce n’est donc pas une surprise la tournée effectuée par la sous-secrétaire d’Etat américaine aux Affaires politiques, Wendy Sherman, dans la région en ce moment précis.

Un périple de nature à faire un point de situation sur toute cette région en ébullition. L’Egypte à la «Morsi» du chaos se cherche encore deux années après la chute du dictateur Hosni Moubarak. De pire en pis, la situation sociale, politique et surtout économique s’est gravement dégradée. Un ras-le-bol généralisé et un malaise social palpable, le géant égyptien n’est plus que l’ombre de lui-même dans le Moyen-Orient. En Libye la situation n’est pas plus reluisante. Elle est encore plus grave au plan sécuritaire.

Le pays vit au rythme des attentats terroristes, des explosions et des affrontements armés entre les forces spéciales et les milices armées. Il y a deux jours, cinq soldats ont été tués dans des combats opposant à Benghazi, dans l’est de la Libye, les Forces spéciales à un groupe armé. Une semaine auparavant, ce sont des affrontements meurtriers à Benghazi entre des manifestants anti-milices et une brigade pro-islamiste. Plus gave, la partie Sud de la Libye connaît un grand reflux des terroristes d’Al Qaîda, notamment depuis le début de l’intervention de l’armée française au nord du Mali. Ce danger sécuritaire ne menace pas seulement la sécurité libyenne mais également celle de ses voisins immédiats dont l’Algérie et la Tunisie. C’est de la Libye que partent les groupes terroristes qui assaillent les services de sécurité nigériens.

Depuis un mois, l’armée tunisienne poursuit les opérations de ratissage sur les hauteurs du djebel Chaâmbi (gouvernorat de Kasserine) pour traquer des terroristes affiliés à Al Qaîda. Au Maroc, c’est une ébullition sociale extrême et une crise institutionnelle qui s’est installée depuis le retrait du principal allié des islamistes au pouvoir, le parti conservateur de l’Istiqlal. C’est dire que la situation dans cette région n’est guère satisfaisante. Et elle justifie l’intérêt que portent les Américains à cette région. L’Oncle Sam estime que la sécurité interne des Etats-Unis commence d’abord en dehors de ses frontières.

Ces aspects sécuritaires seront évoqués à Alger par Wendy Sherman avec les responsables algériens. Certes, entre Alger et Washington les relations sont relativement récentes mais elles se sont renforcées depuis les attentats du 11 septembre 2001. Cela, jusqu’ à ce que l’Algérie atteigne le statut de partenaire privilégié. Si le rapprochement entre les deux pays s’est fait au milieu des années 2000 strictement sur le plan sécuritaire, il s’est élargi depuis ces deux dernières années à d’autres secteurs tout aussi stratégiques comme celui de la biotechnologie et le médicament.

Les grands laboratoires pharmaceutiques américains comptent investir quelque 120 milliards de dollars dans ce secteur sur la période citée et l’on escompte «capter autour de 10% de ce montant, c’est-à-dire 12 milliards de dollars».