eBay veut se débarrasser de Skype

eBay veut se débarrasser de Skype

Les fondateurs de la société de téléphonie sur Internet Skype, le Suédois Niklas Zennström et le Danois Janus Friis auraient bien voulu racheter leur bébé à eBay. Ils tentaient dernièrement de lever 1 milliard de dollars (757 millions d’euros) auprès d’investisseurs privés. Finalement, eBay, qui avait acheté à prix d’or en 2005 cette société (3,1 milliards de dollars), a décidé de l’introduire en Bourse. Le temps est venu pour eBay de se séparer de Skype.

En 2005, Meg Whitman, l’ancienne PDG d’eBay avait choisi de payer le prix fort pour l’achat de la compagnie de téléphonie. A peine deux ans plus tard, Skype ne valait plus qu’environ la moitié de cette somme.

Il ne faudrait pas pour autant considérer Skype comme un « poids mort », c’est-à-dire un produit dont le taux de croissance et les parts de marché seraient relativement faibles. Ce service de téléphonie en ligne compte plus de 400 millions de membres enregistrés et représente près d’un dixième de tous les appels internationaux (en minutes). Skype gagne de l’argent. Elle dégage des marges d’exploitation de plus de 20 %, ce qui a entraîné en 2008 un excédent brut d’exploitation d’environ 130 millions de dollars.

Le problème, c’est que Skype ne correspond pas au coeur de métier d’eBay : les ventes aux enchères et les paiements en ligne. Surtout, les synergies attendues lors de l’achat de Skype – vente aux enchères par vidéo, en direct – ne se sont jamais concrétisées.

Bien au contraire, Skype fait perdre du temps et de l’argent à eBay, deux précieuses ressources qui pourraient être utilisées pour relancer son activité de ventes aux enchères – actuellement en perte de parts de marché au profit de ses concurrents Amazon et Craigslist – ou encore pour élargir son service de paiement en ligne Paypal, le véritable moteur de la croissance du site de vente en ligne.

Sorti du giron d’eBay, Skype pourrait déployer un plus grand potentiel. Ce qui expliquerait pourquoi les fondateurs de l’entreprise de téléphonie ont sérieusement envisagé de discuter avec des investisseurs pour le financement d’une offre avoisinant les 2 milliards dollars – soit 35 % de moins que le prix de vente en 2005.

Bien qu’une telle mise à prix soit embarrassante pour eBay, elle correspondait à la valorisation de sa filiale Skype. Et l’actuel PDG d’eBay, John Donahoe, peut blâmer son prédécesseur d’avoir accepté un prix d’achat trop élevé il y a quatre ans, mais il ne pourra pas lui faire endosser la responsabilité d’avoir manqué une occasion de réparer cette grosse erreur.