Le recours à la rue et la fermeture des administrations publiques par des villageois sont devenus, semble-t-il, l’ultime solution pour faire valoir leurs droits.
Ces actions sont devenues une coutume face à la sourde oreille de l’État qui tarde à sortir ces villages de la précarité.
Dans la daïra de Draâ El-Mizan, au sud-ouest de la wilaya de Tizi Ouzou, les habitants du village Tifaou, dans la commune d’Aït Yahia Moussa, sont montés au créneau depuis quelques jours, procédant à plusieurs reprises à la fermeture du siège de l’APC et de la daïra. Dans une déclaration parvenue à notre rédaction, le comité du village de Tifaou relève avec regret le silence des autorités locales. “Après une semaine de fermeture du siège de l’APC Aït Yahia Moussa, les autorités locales, en l’occurrence la daïra et la wilaya, ne semblent pas se soucier par nos cris de détresse pour régler nos problèmes.” Les mêmes rédacteurs relèvent : “Au contraire, ces autorités visent avec acharnement à nous renvoyer à la maison, se débrouiller de l’eau et de l’électricité et même improviser une route le temps de permettre à tous ces responsables vacanciers de regagner leurs places. Ils n’arrivent pas à admettre qu’il n’y ait pas d’eau avec un projet de
27 milliards pour toute la région d’Aït Yahia Moussa !” Et d’ajouter : “Les habitants du village sont fortement convaincus du choix de passer à l’action pour faire valoir leurs revendications…” Parmi les revendications soulevées par les habitants de Tifraou : “Le règlement définitif des problèmes liés à l’alimentation en eau potable, le revêtement immédiat de la piste servant le village Tifaou, un projet d’assainissement pour le village entier, l’ouverture immédiate de la piste agricole, l’extension du réseau public d’électricité pour toucher les foyers qui n’en disposent pas encore, l’aménagement en béton les chemins de Thiguits-Thaâwint et le chemin servant Thala Massa ; en dernier, l’intensification de l’éclairage public dans tous les coins du village et la réparation de ceux existant déjà.” À Maâtkas, ce sont les citoyens du village Aït Ahmed qui ont bloqué, avant-hier, la route au chef-lieu de la commune de Maâtkas. Des barricades de pierres ont été dressées, empêchant de ce fait toute circulation sur le CW147 à ce niveau pendant plusieurs heures. Dans le même temps, les sièges de la mairie et de la daïra ont été fermés par les mêmes citoyens. “Cela fait plus d’une année depuis qu’on nous a promis de prendre en charge le revêtement et l’entretien de la route qui mène à notre village à partir de Thizi Bourthi, passant par les villages Aït Zaïm et Cheurfa, mais rien n’est fait jusqu’à maintenant”, nous explique un des citoyens sur place. Pour rappel, c’est la deuxième action “musclée” menée par les citoyens de la commune en l’espace de quelques jours.
La semaine passée, c’était aux habitants de plusieurs villages du secteur de Berkouka d’entreprendre les mêmes actions pour réclamer de l’eau potable qui n’a pas coulé dans les robinets depuis deux mois.
La protestation a donné lieu à une réunion entre les représentants des villages, le directeur de l’ADE, le directeur de l’hydraulique, le chef de daïra par intérim et le P/APC, à l’issue de laquelle une promesse de régler le problème a été donnée. Ils ont été assurés qu’un grand projet d’AEP, qui serait de l’ordre de quinzaine de milliards de centimes, sera bientôt lancé. Il permettra l’alimentation de tout le versant sud de la daïra de Maâtkas ainsi que d’autres régions limitrophes, selon notre source. Hier encore, dans la commune de Tizi Rached, ce sont les villageois de Taboukirt qui ont procédé à la fermeture de la RN12. Ils revendiquent la réalisation du centre de santé du village.
Le projet existe mais tarde à voir le jour. Ils dénoncent également l’absence de gaz naturel, alors que la conduite de gaz est réalisée depuis trois ans et réclament le dallage des routes du village, sa dotation en éclairage public, la réfection du réseau ADE et des réseaux d’assainissement.
K. Tighilt/R. Achour