Alors que la gestion de l’eau devient un enjeu national stratégique, le Directeur général de l’Agence nationale des barrages et transferts (ANBT), Abdelatif Azira, a annoncé ce mardi que le taux de remplissage des barrages en Algérie atteint actuellement 41 % à l’échelle nationale. Une moyenne qui masque de profondes disparités régionales, exacerbées par les effets bien réels du changement climatique.
« Le taux national est de 41 %, cependant, nous avons des disparités d’une région à une autre », a précisé M. Azira sur les ondes de la radio Chaîne 3. Alors que certains barrages à l’est du pays affichent un remplissage de 100 %, l’ouest reste en difficulté, malgré une légère amélioration par rapport à l’année précédente.
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Cette fracture hydrique régionale menace l’équilibre entre les besoins en eau pour la consommation, l’irrigation et l’industrie, et nécessite des réponses structurelles et durables.

L’impact climatique devient critique
Abdelatif Azira l’a souligné : le changement climatique est une réalité tangible en Algérie. « Nous faisons partie de la région MENA, l’une des plus arides du monde. Nous subissons un stress hydrique intense, des crues soudaines, des pluies torrentielles… cela nous impose une vigilance permanente », a-t-il averti.
Parmi les effets les plus marqués, l’évaporation accrue des eaux de surface, liée aux fortes chaleurs, pousse l’ANBT à innover. Un projet d’installation de toitures photovoltaïques sur certains barrages est en cours, permettant à la fois de produire de l’électricité et de limiter l’évaporation.
Autre problématique majeure : l’envasement, qui touche particulièrement les barrages les plus anciens. « Nous avons engagé des actions curatives et préventives, coûteuses certes, mais indispensables », affirme Azira. Depuis 2016, environ 3 millions d’arbres ont été reboisés en collaboration avec les services des forêts.
L’ANBT explore aussi des moyens de valoriser la vase riche en matières organiques, notamment dans l’agriculture ou la production énergétique.
Vers une gestion intelligente et durable
Pour sortir de la gestion classique, l’ANBT mise sur l’innovation technologique. Un protocole d’accord a été signé avec des partenaires chinois pour intégrer l’intelligence artificielle, et un projet de drones pour la levée bathymétrique est en cours avec des centres de recherche algériens.
Dans une perspective de diversification des usages, une filiale baptisée Aqua-Pêche a été créée pour développer la pêche continentale. Une ferme pilote d’élevage de tilapia est en cours de réalisation à Tlemcen, avec des ambitions de répliquer l’expérience ailleurs. Des activités sportives autour des barrages sont également envisagées, sous réserve du respect strict des normes de sécurité.
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Malgré les efforts, M. Azira a insisté sur l’essentiel : la rationalisation de l’eau reste une priorité. Limiter le gaspillage et optimiser les usages sont des impératifs pour préserver cette ressource devenue rare.
Entre dérèglement climatique, pressions démographiques et défis techniques, la gestion de l’eau en Algérie entre dans une nouvelle ère. Une ère qui exige solidarité, innovation et responsabilité partagée.